H15-OUDILLE Généalogie
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- Catégorie : Généalogie des plus anciennes familles de Chaumercenne
- Publié le mardi 4 février 2020 15:07
- Écrit par THIEBAUT Alain
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Généalogie des Oudille de Chaumercenne
Origine des Oudille
Les Oudille sont arrivés comme beaucoup de familles dans la période suivant la Guerre de 10 Ans.
Vraisemblablement originaire des environs de Malans, Ougney, ils ont gagné Chaumercenne par le mariage de Claude Oudille avec Marguerite Métadieu de Chaumercenne, de la famille des notaires du lieu.
Pourtant il semble bien qu’un certain François Oudille vivait vers 1590-1600 à Chaumercenne qui aurait résidé pendant les guerres de 1637 à Chevigney qui en 1650 n’était habité que par des Savoyards ou des Etrangers (Français ou Suisses).
Les Oudille de Malans
Les registres paroissiaux de Malans mentionne dès 1645 la présence d’Oudille audit lieu. Des enfants de Claude Oudille et son épouse Catherine Dry y sont mentionnés.. Ces Oudille de Malans vont devenir des Odille grâce au nouveau prêtre-curé de Malans.
Le recensement pour l’ordinaire du sel à Malans cite la présence dufeu occupé par Claude Oudille non encore marié, vivant avec une servante et un valet, puis le mois suivant le mariage à Malans de Claude Oudille de Malans fils de honeste Humbert Oudille et de Catherine Bourgeois, avec Anne Claude Perrot.
Une autre famille de Malans va venir vivre à Chaumercenne, les Boyteux (ou Boitteux) grâce au mariage avant 1681, de Jeanne avec Pierre Oudille fils de Claude Oudille déjà cité.
Les Oudille d’Ougney
De l’autre côté de l’Ognon, mais aussi de l’abbaye d’Acey, à Ougney vivent de nombreux feux Oudille. Ainsi Claude Oudille né vers 1597, marié à Claudine est ouvrier en 1627 aux moulins de l’Abbaye d’Acey ; il déclare la naissance à Montagney de son fils François en 1627, le parrain est François Oudille d’Ougney.
Plus récemment François Oudille et Jeanne Rousset son épouse, d’Ougney marie en 1704 leur fils Ferdinand Oudille avec Françoise Oudille fille d’Hilaire, de Chaumercenne . On reviendra sur ce mariage entre deux familles d’Oudille.
La consultation des registres paroissiaux d’Ougney pourrait faciliter la connaissance del’origine des Oudilles de Chaumercenne, hélas la numérisation de ceux-ci n’était pas encore la priorité au niveau des Archives Départementales du Jura et le déplacement à Montmorot mérite beaucoup de disponibilité…
Claude Oudille / Marguerite Métadieu
Acquisition de terres en 1653
Le 9 mars 1653 noble Julien Richard greffier au souverain Parlement de Dole propose une vente aux enchères des biens à lui échus par le décès de ses propriétaires, biens qu’il ne peut cultiver par ses fermiers ou grangers. Parmi les nombreux acquéreurs de biens figure Claude Oudille pour une vigne qui n’est pas dans le meilleur vignoble du lieu.
Claude Oudille achète 2 ouvrées de vignes sis sur le territoire de Chaumercenne au lieu-dit es Costes dessus, entre ledit oudille de vent et les héritiers Claude Guyotte dit Mourot de bize, pour le prix de 12 frs monnoie du Comté, payable au jour de feste Saint Martin d’hyver.
Hilaire Courboillet, son fils a signé cet acte de vente écrit de la main même du seigneur de Chaumercenne, qui en a aussi assuré la monte aux enchères…
Deux ans plus tard, c’est au tour d’Othenin abbé commandataire d’Acey de mettre en vente des biens qui lui sont aussi arrivés en échute.
Intéressé par 2 éminottes de terre provenant de l’échutte de Jean Lampinet, donnant soleil levant sur les vignes de Chevanny, il est présent à la dernière monte pour le prix de 31 frs et 10 sols de vin bu( l’ancêtre du pot de vin), mais Claude Courboillet surenchère de 10 sols et emporte la vente…
Recensement de 1657
Afin d’acquérir et de répartir le sel d’ordinaire , les deux échevins de l’année 1657 Claude Lance et Pierre Pansard sont invités à établir un rôle de tous les manans et habitans de Chaumercenne et du nombre de personnes estant en leurs mesnages.
Claude Oudille déclare devant le notaire François Luxeul en présence de l’huissier de Sa Majesté Claude Morel, que son ménage est composé de 5 personnes dont sa femme (Marguerite Métadieu) et 3 enfants (Hilaire, Pierre et Anne Courboillet).
Déclaration de 1684
On en sait beaucoup plus sur les possessions du couple lorsqu’en 1684, Monseigneur De La Fond Intendant de la Province oblige chaque propriétaire de biens de chaque village de les déclarer, afin de mieux répartir l’imposition royale…
A Chaumercenne et afin que lesdites déclarations soient les plus exactes, les 2 échevins de l’année Jean Malgérard et Claude Beuchey, sont accompagnés de vénérable et discrète personne Messire Jean Collinet prêtre-curé du lieu.
Claude Oudille vit en communion avec ses fils et filles qui n’ont pas encore la majorité (elle est à cette époque à 25 ans), pourtant les 2 fils aînés font chacun une déclaration, leur père aussi.
Ainsi
-Claude Oudille déclare qu’il a audit Chaumercenne 11 journaux de terre, la moitié bonne et l’autre de peu de rapport, environ 20 ouvrées de vigne moitié bonne et l’autre de peu de rapport, et 3 ouvrées de friche, et une maison fort caduque avec son four et un meix (terrain de la maison) ruyné.
-Hilaire Oudille (l’aîné des fils) possède environ un journal de vigne médiocre et 4 bœufs qu’ils tient de Daniel Sauvageot pour en cultiver ses terres, et une vache.
Son frère Pierre Oudille déclare qu’il n’a qu’une vache, et qu’il cultive les terres et vignes appartenant à Baptiste Boiteux de Joux (Jouhe dans le Jura), lesquels sont au nombre de 14 ouvrées de vigne, la moitié bonne et l’autre médiocre, et 5 journaux de terre en mesme bonté que devant, avec un scelier de pierre où il n’y réside personne.
Claude Oudille est donc un laboureur-vigneron aisé de la communauté villageoise. Disposant d’un four ancien, il est exempté de payer au seigneur du lieu, le droit de four et celui du follon que paie tout propriétaire de maison à Chaumercenne.
Les deux fils travaillent avec leur père, mais sont embauchés dans les fermes de 2 notables du village. Leur père leur a donné à chacun une vache et Hilaire possède en plus un journal de terre, peut-être une clause insérée dans son contrat de mariage, ses parents le lui auraient accordé en jouissance particulière, mais pourquoi pas à Pierre son frère qui est sûrement déjà marié, hasard ou pas, à Jeanne Boitteux fille de Baptiste Boitteux. Mais la situation ne va pas durer, puisqu’en 1687 les biens sur Chaumercenne, de Baptiste Boitteux de Jouhe demeurant à Moissey sont mis en décret, vendus et acquis par … Pierre Oudille le 12 juillet 1688.
Le couple Claude Oudille / Marguerite Métadieu a un autre fils Claude Joseph dont on n’entendra pas parler, hormis dans des contrats de mariage de ses sœurs, il est resté célibataire en communion avec ses frères , décédé en 1718, la même année que son aîné Hilaire Oudille.
Quant aux 2 filles Oudille, Anne et Claude Françoise, elles se sont mariées à 2 Lambert non frèresl’un originaire de Chaumercenne, l’autre venant d’Arrasche près de Salins., l’une en 1678 et l’autre en 1680. Voici le contrat de mariage de la seconde.
Contrat de mariage de Claude Françoise Oudille avec Georges Lambert
Ce contrat est signé à Chaumercenne,le 10 novembre 1680 par devant Laurent Lasnier notaire demeurant à Pesmes.
Georges Lambert d’Arrache près de Salins est fils de honeste Jean Lambert et de Natoire Vauthier, assisté de Claude Lambert son frère, Claude Françoise est dite fille de Messire Claudille et de Marguerite Métadieu assistée de Pierre et Hilaire Oudille ses frères et de Pierre Jacquin son parrain.
Le futur promet pour le jour de solennisation de ses futures nopces, la somme de 33 frs ancienne monnoie du Comté, pour joyaux nuptiaux scavoir, 2 crochets d’argent et une croix aussi d’argent, une épingle d’argent et le tout de la valeur de 27 frs, et la somme de 25 frs pour douhaire en cas que douhaire ayt lieu et pour une fois seulement.
Ledit Jean Lambert fait bon et riche son fils en la moitié de ses biens à eschoir avec son frère, se réservant l’usufruit leur vie durant avec son épouse.
Lesdits Oudille et Métadieu font bonne et riche leur fille en la même part que ses autres enfants, à la réserve de la maisonqu’ils ont à Chaumercenne dépendant de la générale franchise de Mr le Baron de Choye, qu’ils réservent pour Pierre et Hilaire Oudille et Claude Joseph Oudille leurs fils.
En compensation, Anne Oudille femme de Claude Lambert et ladite Claude Françoise Oudille auront et emporteront le meix à Chaumercenne de la contenance de quoi faire et construire 3 raings de maison avec le jardin.
Les frères Oudille promettent de plus de donner à leurs deux sœurs la somme de 200 frs après le décès de leurs parents.
Lesdits Oudille Métadieu promettent à leur fille un trousseau composé d’un lict de plume avec le traversin assoty de serge de Caen, la couverte de mante de couleur verte, 10 draps de lict, 12 serviettes moitié ouvrée et moitié de toille, une demie douzaine de chemises, une demie douzaine de devantiers et une demie douzaine de couvre-chefs, une cotte de serge de Londre, une brassière de….(illisible), un autre habillement de serge de Londre avec la brassière, un autre de serge de Caen couleur verte, un coffre en bois de nouhier (noyer) ferré et fermant à clef, et d’autres habillements et linges servant à sa personne, trousseau qu’elle relèvera en cas de dissolution du mariage.
Lesdits Oudille Métadieu promettent de plus à leur fille un journal de terre ensemencé en froment pour son particulier proffit et un poinçon de vin chascun an pendant leur vie naturelle.
Ledit Lambert père promet à son fils la somme de 12 pistolles au feurg (taux) de 16 frs la pièce, l ledit Claude Lambert frère du futur promet de lui livrer une vache pour son seul proffit.
Lesdits futurs mariés demeureront en leur communion et pour cela ils leur donne en plus un journal de terre ensemencé en froment.
Le contrat est fait, lu et passé apprès-midy du 10è de septembre 1680, en présence de vénérable et discrète personne Messire Jean Collinet prêtre-curé audit Chaumercenne et Rézie St Martin, et de Jacques Maupin résidant audit lieu.
Le futur mariage de Claude Françoise Oudille avec Georges Lambert ne devrit pas poser de problèmes, tant les parents leur ont donné beaucoup de biens ; ils pourront donc vivre sans soucis d’argent. Hélas pas sans soucis de santé, puisque Georges Lambert décédera 2 ans après ; Claude Françoise Oudille attendra une année avant de reprendre mari et ses joyaux nuptiaux et douhaire…, cette fois avec un certain Dumany de Sauvigney les Pesmes.
Hilaire Oudille / Marguerite Courbey
Hilaire Oudille aîné des enfants de Claude Oudille et de Marguerité Métadieu, naît vers 1641. Il épouse vers 1680 Marguerite Courbey de Chancey fillede fut Jean Courbey et de Claudine Chevallier. Le couple habite en 1687 l’ancien four de Chaumercenne situé sur le meix de feu Honoré Garneret, ce qui l’exempte de payer aux seigneurs de Chaumercenne les droits de four et de folon.
Le couple va avoir une descendance nombreuse (7 enfants) tournée pour 3 d’entre eux vers l’Ognon, plus précisément Malans pour Daniel, Montmirey pour Anne et Ougney pour Françoise.
Cette dernière alliance est très particulière puisqu’elle unit deux familles Oudille qui ont vraisemblablement des liens pas très anciens entre elles.
Claude Françoise Oudille /Ferdinand Oudille
C’est à Chaumercenne par devant le notaire Jean Pernot dudit lieu qu’est conclut le contrat de mariage entre Ferdinand Oudille d’Ogney(Ougney) fils de François Oudille et de Jeanne Rousset avec Françoise Oudille de Chaumercenne fille de Hilaire Oudille et de Marguerite Courbey.
Ledit François Oudille fait bon et riche son fils en la moitié de tous les meix maison, jardin, aysances et dépendances à luy appartenant ainsy qu’à sa dite femme, sur le territoire d’Ogney, et la moitié des meubles tant vifs que morts qui s’y trouveront, tels qu’ils seront après sa mort et celle deladite Rousset sa femme.
Pour récompense des susdits maisons et meubles, Ferdinand Oudille et son frère Sébastien Oudille seront tenus et obligés de verser à chacune de leurs deux sœurs la somme de 100 liv. monnoie du royaume en 3 termes égaux en 3 ans consécutifs à partir de la date du décès du dernier décédant.
Au cas où Jeannette Oudille sœur de Ferdinand n’était pas encore marié avant le décès de leurs père et mère, les deux frères devront l’entrousseler de tous, la demie douzaine avec un lit avec un tour de lit, une mante et un coffre et toute sorte d’habits servant à sa personne suivant son état et condition.
Lesdits Oudille et Rousset promettent de tenir en leur communion lesdits futurs époux, de les entretenir eux et leurs enfants pendant le temps de 5 ans, à charge pour eux d’employer leurs travaux en ladite communion, de porter honneur et respect à leur père et mère, comme des enfants bien nés sont obligés de le faire.
En faveur de quoi ledit Ferdinand Oudille donne aux dits futurs époux la quantité de 15 mesures de bled à celle de Gendrey, bon léal et marchand chaque année à commencer aux moissons prochaines.
Ledit Hilaire oudille et ledit futur époux ont promis de donner à ladite future, pour le jour de ses nopces, comme joyaux nuptiaux la somme de 50 frs monnoie ancienne du Comté (pourtant la province est française depuis 26 ans... ) et pareille somme pour douhaire si douhaire il y a, qui lui serviront de biens anciens.
Et desquels joyaux seront employés à l’achapt d’une croix d’or et de bagues.
Ledit François Oudille promet encore de donner à la future la somme de 20 liv. ainsi que labeurer de tous coups nécessaires une chènevière au Channin, il en fournira les semences et les futurs époux en mettront le chanvre en provenant à leurs particuliers proffits jusqu’à ce que ledit Oudille ayt payé les dits 20 liv.
Quant à ladite future espouse, Hilaire Oudille et Marguerite Courbey la font bonne et riche en leurs biens à eschoir en la même part que leurs autres enfants , à la réserve des meix, maison, jardin et vignes spécifiés dans le traité de mariage de Daniel Oudille passé le 31 janvier 1701 ; et pour récompense de ces dits biens réservés, ils donnent à leur fille 2 ouvrées de vigne situées audit Chaumercenne.
Ladite future épouse sera entrousselée par ses père et mère jusqu’à la valleur de 200 frs scavoir : un lit de plume et son traversin, un tour de lit de serge de caen, une douzaine de drapts de lin, une douzaine de serviettes ouvrées, deux nappes l’une de 3 aulnes ouvréeset l’autre de 3 aulnes lices (lisses), une douzaine de chemises , une douzaine de tabliers et mesme quantité de coeffes, un coffre de noyer ferré fermant à clef, une couverte de mante, un habit neuf pour le jour de ses nopces, avec ses autres habits servant à sa personne, tous lesquels seront livrés pour le jour des nopces.
Fait lu et passé à Chaumercenne au logis dudit Oudille, en présence de François Jacques Oudille, Simon Clerget, Nicolas Pleinet,Pierre Oudille et Sébastien Oudille tous parents dudit futur époux ; Samson Pernot de Chaumercenne et Claude Clément de Mallan rencontré audit lieu témoins requis.
Les biens du contrat estimés à 240liv.
Dans les signatures des présents audit contrat, les Oudille de Chaumercenne signent bien Oudille tandis que ceux côté futur époux signent Odille...
Le 28 janvier de cette année, Ferdinand Oudille recevait d’Hilaire Oudille le trousseau promis à sa future épouse, duquel il s’en tient pour content et en rend quitte ledit Hilaire Oudille.
Claude Oudille fils d’Hilaire
Claude Oudille est le cordonnier de la communauté de Chaumercenne. Marié d’abord à Madeleine Bévalot qui lui donne un fils Henri, il se remarie en 1733 à Jeanne Michaud.
Claude Joseph Oudille son neveu est en apprentissage chez lui. Létat de santé de Claude se dégrade très rapidement (atteint d’une dangereuse maladie) si bien que le 25 novembre 1739 le maître cordonnier se décide à compléter le contrat de mariage du 11 mars 1733 avec sa seconde épouse, au profit de celle-ci.
Pourla récompenser de ses services, il lui accorde pendant sa viduité en plus de ce qui lui avait promis, la jouissance de 3 éminottes de terre audit Chaumercenne, ainsi que la faculté d’héberger les grains qui en proviendront dans le grenier à fourg, et aussi la faculté de battre les gerbes en la grange de sa maison, la jouissance estimée à 3 liv. par an.
Ainsi Jeanne Michaud pourra vivre plus décemment de ces revenus pour toute sa période de veuvage
Claude Oudille décède peu après, laissant son neveu Claude Joseph Oudille alors âgé de 19 ans plutôt désemparé comme on le verra par la suite.
Daniel Oudille / Jeanne Clément
Daniel Oudille est le fil aîné d’Hilaire Oudille, né vers 1673 et marié en 1701 à Jeanne Clément de Malans. Le couple a 5 enfants dont 2 filles. Ces deux dernières, comme il est de tradition dans les campagnes, ne peuvent prétendre hériter de la maison d’habitation et des bâtiments qui constituent les dépendances ainsi que des terres et vignes réservées aux héritiers mâles de la famille. Au décès de Daniel du dernier parent en 1733,
Les 3 garçons héritiers doivent marier leurs 2 sœurs Jeanne en 1734 à Pierre Henriet et Jeanne Françoise en 1706 à Pierre Dody de Bresilley. Pour l’aîné Jacques Oudille qui est le seul majeur, le problème financier est difficile à résoudre : assurer leurs trousseau et compenser les biens dont les filles en sont exemptes pour partager équitablement l’héritage. Alors Jacques Oudille le laboureur vend à réachat pour obtenir de l’argent frais.
Ainsi le 21 décembre 1736, il vend à titre de réachapt pour 6 ans à sa tante Marguerite Jarrot veuve de fut Jean Baptiste Oudille, un journal de terre à Largillet, une éminotte à la Planche du Foux et enfin une autre éminotte sur le territoire de Résie, pour la somme de 98 liv. réellement versés audit vendeur, en bons escus d’argent ayant cours, et dont il est content. L’acte est passé à Chaumercenne par devant Claude Juif notaire, en présence de Samson Courboillet et de Hugues Carroy dudit lieu témoins requis.
Si au bout des 6 ans Jacques Oudille n’a pas remboursé les 98 liv., les pièces de terre sont définitivement acquises à ladite Jarrot.
Les 3 garçons Oudille jouissent de ces biens réservés, encore faut-il désirer vivre en communion, ici ce n’est pas le cas, le plus jeune Claude Joseph Oudille se destine au métier de cordonnier. Alors ils faut songer à partager les biens dont la maison...
Un partage de maison en 3 parts égales en 1739
Le 19 octobre 1739 à Chaumercenne, Claude Juif notaire demeurant à Montagney rédige un contrat de partage d’une maison entre 3 frères Oudille héritiers de leur fut père.
Jacques (29ans), Claude François (20ans) et Claude Joseph Oudille(19 ans) frères fils de furent Daniel Oudille et Jeanne Clément, les 2 derniers de l’authorité de Gaspard Jacquin leur oncle et curateur ont fait partage et division des portions de maison, jardin, aysance et dépendances, et vignes y joignant délaissés par leur dit père, sur les conseils d’Antoine Percenet et Charles Bretet qui ont bien voulu les aider.
Trois parts égales ont été ainsy constituées : la difficulté de partager la maison en 3 les oblige à ne la partager qu’en 2 et le 3è lot sera la vigne. Le tirage des 3 lots s’est fait ainsy.
Le premier lot est arrivé audit Claude Joseph Oudille : il emporte les parts de maison, jardin, aysances et dépendances avec une vigne de 6 ouvrées.
Le second billet est arrivé audit Jacques Oudille : il emporte la cuisine de la maison où il réside, avec le grenier au-dessus et la moitié de tout ce qui suit : hébergeages, écurie, droit de battre à la grange, le restant du jardin et le pourrisage (l’ancêtre de la fosse à fumier), la cuverie et la loge à cochons et les droits de treige commun dépendant de la maison.
Le 3è lot est arrivé à Claude François Oudille qui emporte le poile de la maison (chambre à feu) avec le grenier au-dessus, et l’autre moitié restante.
Comme la part de Claude François Oudille est moins vallue que celle de Jacques Oudille, ce dernier lui donne un ouvrée de vigne es Asnées.
Fait en présence d’Antoine Henryet et de Simon Guyotte de Chaumercenne témoins requis.
Le présent partage estimé à 600 liv.
Je n’ai pas mentionné les conventions d’ouverture de certaines portes d’accès à la chambre à feu, à celle d’accès au bois…
Cette maison a bien été divisée en 3, puisqu‘un des frères avait déjà une part de celle-ci avant ce partage.
Claude Joseph Oudille l’apprenti cordonnier
Les événements difficiles s’accumulent pour le jeune apprenti cordonnier ; d’abord la mort de ses parents, puis le délicat partage avec ses frères de leurs biens réservés et deux mois après, la mort de son oncle et maître d’apprentissage Claude Oudille…
Sa première idée est évidemment de reprendre la cordonnerie de son oncle, mais les finances manquent. Il lui faut donc vendre une partie de ses biens, comme l’a fait son frère Jacques Oudille, l’acquéreur est encore sa tante Marguerite Jarrot...
Vente à réachat de 1740
Le 16 février 1740, a Montagney et par devant Claude Juif notaire Claude Joseph Oudille de Chaumercenne y demeurant, cordonnier de l’authorité et consentement de Gaspard Jacquin son oncle et curateur vend à Margurite Jarrot sa tante veuve de Jean Baptiste Oudille, à titre de réachapt pour 4 ans, passé ce temps la vente sera faite pour toujours, 2 éminottes de terre labourable sises au Jallay et au Plainet, déclarées franches.
Le présent rendage à réachapt est fait moyennant le prix de 42 liv. que le vendeur a réellement reçu en mains et dont il est content.
Ledit vendeur a déclaré ladite somme employée à l’achapt de la boutique de cordonnier de fut Claude Oudille son oncle.
L’acte est passé à Montagneyen présence de Antoine Vuillemot de Venère arpenteur royal audit Montagney et Estienne Charles aussi du lieu témoins requis.
Ce métier de cordonnier ne l’intéresse plus puisque Claude Joseph Oudille préfère s’engager dans les armées royales, plus précisément dans le Régiment de Tourraine dès 1742. Lorsque son régiment est en quartier à Metz, il en profite pour commencer à vendre ses biens audit Chaumercenne.
D’abord en 1743, il vend à Jacques Oudille les deux tiers de 2 ouvrées de vigne aux Costes pour 83 liv., puis à Marguerite Jarrot sa tante une partie de maison pour 32 liv. et demie, puis à ses 2 frères laboureurs 3 ouvrées de vigne de franche condition moyennant la rente annuelle de 2 liv. et demie qu’il devait à un Conseiller du Parlement de Besançon jusqu’à l’extinction du capital de 80 liv. et 30 liv. payés comptant.
Puis en 1744, soldat au régiment de Rouergue en quartier à Gray, il vend encore un ouvrée de vigne à La Résie puis finalement à Pierre Voliot de Marnay domestique de mR de Villersvaudey seigneur de Chaumercenne,tout ce quipeut compter dans un meix partable avec ses 2 frères proche l’église et dans un autre meix, le tout pour 30 liv.
Il ne doit plus lui rester de biens à Chaumercenne. On ne connaît pas la fin sa fin devie, il ne jamais rentrera plus jamais au village natal…
Claude Oudille le bourgeois de Chaumercenne
Jean Baptiste Oudille et de Marguerite Jarrot son épouse n’ont eu qu’un seul garçon Claude Oudille né en 1719. Ce laboureur aisé se marie en 1746 à Françoise Foras de Valay d’une autre famille dev laboureur.Les terres et vignes de Chaumercenne et Valay leur assurent de confortables revenus. Bien sûr, ils ne travaillent pratiquement plus leurs biens préférant les louer à des fermiers de Chaumercenne.
Ce 14 avril 1765, Claude Oudille laisse à bail à ferme pour le temps et terme de 9 ans consécutifs, à commencer par la semaille de graines de Carème de la présente pour finir à pareille saison, après les 9 années finies, neuf fruits levés et perçus tant de froment que d’avoine, à honorable Pierre Guyotte dit Milan laboureur du lieu, 12 journaux de terre labourable sur les territoires de Chaumercenne, Pesmes, Résie et Valay, à les partager avec ce dernier pour celles qui lui demeureront dans les différents territoires, à charge pour le preneur de :
- bien et duement cultiver les terres en temps etsaison convenable, selon la coutume
- de bien les fumer pour les rendre à la fin du bail en bon état à peine d’intérêts et d’amende
-les impositions royales et autres quelconques seront à la charge du bailleur.
Le présent bail a été fait aux conditions et moyennant la quantité de 7 mesures de froment et autant d’avoine par chaque journal semé desdits grains , livrés chaque jour de feste St Martin d’hyver en sa résidence, dont le premier paiement se fera à pareil jour de la présente année pour l’avoine, et consécutivement chaque année en sorte qu’il y ait toujours 9 livraisons de froment et autant d’avoine.
Le preneur sera de plus obligé de faire chaque année 2 jours de labourage pour le service du bailleur, et pour la somme de 2 liv. ,au choix du preneur.
L’acte est lu et passé audit Pesmes par devant Claude Pyot notaire et tabellion royal demeurant audit lieu en présence du sieur Louis Mélinotte praticien et Jean Claude Poinsard Chapelier de Pesmes témoins requis.
Le journal rendant en moyenne 4 mesures 1/4, pour les 12 journaux de terre produisent 51 paires estimées chacune à 35 sols font un rendage de 89 liv. 5 sols par an : une bonne affaire…
La fameuse vente de 1767
Les affaires vont continuer ; Il acquiert le 29 septembre 1767, conjointement avec Daniel Courboillet, tous les biens appartenant à Claude Malgérard le prêtre-curé de St Hippolyte les Durnes (Dans le Haut-Doubs) y demeurant tant en son nom que d’Anne Malgérard sa sœur communière .
Cette vente concerne la maison audit lieu avec scelier, grange, grenier à foin, écuries, jardin, cour et dépendances y attenant, avec 52 pièces de terre et de vignes tant sur Chaumercenne, Pesmes, Valay et Bard, mouvantes et dépendant de plusieurs seigneuries et chargées envers les seigneurs des lieux dont à Valay le sieur commandeur de l’ordre de Malte à cause de sa seigneurie de Montseugny pour les biens sis à Aulthoreille (Sainte Cécile).
Le montant du rendage s’élève à la somme considérable de 2957 liv. scavoir 1695liv. Pour les biens de mainmorte situés sur Chaumercenne, 1295 liv. pour ceux de franchises en ce lieu, 100 liv. pour Valay et 100 liv pour Bard.
Pour le paiement de la somme le sieur vendeur déclare avoir déjà reçu 1504 liv., le surplus1453 liv. payés coptant en espèces coursables qu’il a embourcés, ne pouvant cependant prendre les semailles de Caresme de l’année prochaine 1768, pas plus que la perception des fruits des vignes et des raisins de la maison, ni encore les renterres qui eschéront à la prochaine St d’hyver, ainsi que ceux
de froment qui eschéront à pareil jour de l’année prochaine, réservés audit vendeur.
Quant aux locataires de la maison, ils en jouiront jusqu’au mois de juillet 1768.
Fait lu et passé audit Pesmes par devant Claude Barbier notaire royal audit lieu en présence de Jean Baptiste Barbier praticien à Pesmes et Estienne Fourcaud demeurant à Bard, témoins requis.
Les revenus de Claude Oudille
Pour l’établissement du rôle d’imposition du second vingtième et du sol par livre et impositions extraordinaires de 1772, Claude Oudille déclare posséder maison, jardin avec 49 journaux de terre et 53 ouvrées de vigne et doit s’acquitter d’une imposition s’élevant à 12 liv. 19 sols 3/4. Seulement les deux nobles Mr de Villersvaudeyseigneur de Chaumercenne et Mr Guelle paient plus que lui …
Pour la Contribution foncière de 1791, la matrice de rôle rédigée et arrêtée par les officiers municicipaux de Chaumercenne, en exécution du mandement délivré par les administrateurs du district de Gray, Claude Oudille dit le Viel, bourgeois de Chaumercenne est le deuxième plus haut revenu de la communauté avec un montant de 834 liv. sur un total de revenus de 9690 liv. dont 1963 liv au seul sieur Richard de Besançon ( on ne lui prête plus le titre de seigneur du lieu concernant 96 contribuables ayant des biens audit lieu.
Les administrateurs de Gray ayant fixé la contribution de Chaumercenne à 3487 liv., l’imposition de chaque contribuable est donc fixée à 7 sols 2 deniers par liv. de son revenu déclaré ; donc un taux d’imposition de 35 % du revenu…
Bizarrement, notre riche bourgeois de Chaumercenne ne sera pas un acquéreur de biens nationaux vendus le 4 vendémiaire an 3 (25 septembre 1794), saisis sur l’ex seigneur de Chaumercenne, pas plus que ceux des sieurs Guelle de St Amour ; il est vrai que très âgé (75 ans), il n’aurait pas pu se déplacer à Gray pour la vente mais son fils Jean Oudille aurait très bien pu le remplacer…
Claude Oudille décède en l’an 9,
Le fils juge de paix
Jean Oudille son fils, juge de paix à Pesmes sera le premier maire de Pesmes, élu le 26 janvier 1790 en la salle dépendant du Couvent des Capucins, la salle de l’Hôtel de Ville étant jugé trop petite pour contenir l’assemblée des citoyens du lieu.
Juge de paix, au caractère bon et conciliant, ennemi des violences révolutionnaires, il est accusé de tiédeur envers le gouvernement et révoqué de ses fonctions le 17 octobre 1793.
Ce dernier accusé de tendances sanguinaires est destitué le 14 pluviôse an 3.
Un petit-fils de Claude Oudille, Jean Baptiste Etienne Oudille fils de Jean, deviendra lui aussi juge de paix à Pesmes en 1848 jusqu’à sa mort en 1850.
Et la petite-fille religieuse à l’Hôtel-Dieu
De Jean Baptiste Etienne Oudille juge de paix à Pesmes naissent 3 enfants de sa seconde femme Anne Stéphanie Bergeret, Geoges Etienne receveur de l’enregistrement à Pemes, Jeanne Marie Stéphanie mariée à un receveur de l’enregistrement à Pontailler, et Anne Elise Oudille.
Anne Elise Oudille née à Pesmes le 18 avril 1812, entre à l’Hôtel-Dieu à Gray le 16 août 1833 et fait profession de foi 18 mai 1836. Elle devient religieuse hospitalière de la Congrégation de Notre Dame des Sept Douleurs à Gray.
Maîtresse des Novices, puis Supérieure de la Communauté de 1848 jusqu’à 1875, Sœur Oudille contribue pour une somme de 30.000 frs à la construction des bâtiments de la fçade de l’hôpital et fait édifier de 1869 à 1873 l’Orphelinat dit de Saint Joseph affecté plus tard aux Enfants Assistés.
Anne Elise Oudille décède à l’hôpital de Gray le 12 septembre 1870.
Son image figure dans le plat intérieur d’un livre déposé à la Bibliothèque de l’Hôtel-Dieu de Gray : L’âme unie à Jésus Christ dans le Très Saint Sacrement de l’Autel, (Besançon, Charles Ders, 1827). Elle y est représentée dans un losange en basane bleu-noir, encadré d’un filetsimple et de petits ornements dorés, cette marque de propriété imprimée en or, en capitales romaines : ELISA OUDILLE,hauteur 4 mm / 8mm longueur.
Cette fille de riche et pieuse famille Oudille originaire de Chaumercenne a consacré toute sa vie et sa fortune à l’Hôtel-Dieu et au secours des enfants miséreux.