B59a-De 1945 à 1946

 

De 1945 à 1946

 

Situation fin décembre 1944

A la mi-septembre, la Haute-Saône est libérée de l'Occupant nazi, la vie reprend et dans notre secteur, le pont de Pesmes sur l'Ognon détruit a été remplacé par une passerelle provisoire en bois, spécialement construite par des hommes du Génie de la 3è DIA, il en est de même pour les ponts de Pontailler et Lamarche sur la Saône. La circulation se fait entre Haute Saône et Jura ou Côte d'Or.

Il reste cependant des points noirs de circulation, tout particulièrement les ponts de Malans et de Brésilley qui doivent se faire par barques d'une rive à l'autre. Pour les automobiles, il faut prévoir de sérieux contournements ; par manque de carburant le problème se montre moins crucial.

Thervay dont 24 maisons ont brûlé le 8 septembre 44, les maisons ont été évacuées, les pierres de construction mises de côté mais aucun dossier de reconstruction n'est en cours d'étude, ce n'est pas au programme de redémarrage du gouvernement français, Les personnes sinistrées sont relogées chez des familles proches ou dans des maisons inhabitées, d'autres sont logées dans un des premiers préfabriqués. Ici Image(01) la jeune Solange Thiou Desprez avec sa mère et grand-mère devant le préfabriqué, sa nouvelle demeure provisoire.

Une aide entre agriculteurs permet à certaines fermes de reprendre un peu vie avec quelque têtes de bétail et la possibilité d'entretenir les terres. Un hangar provisoire Image(02) leur est construit en attendant la nouvelle ferme. Cet hangar existe encore...

Les restrictions sont moins dures que pendant l'Occupation mais certaines matières manquent comme le caoutchouc, l'essence, le sucre. Les réquisitions ne sont plus à l'ordre du jour mais les cartes de rationnement ont toujours cours ; il faut encore obtenir certains produits de consommation avec des tickets. Le retour à la normal n'est pas pour demain. Voici une série de tickets de rationnement émis pour le premier trimestre 1949, édifiant : Image(03)

 

 

Et les Armées alliées entrent en Allemagne

On a vu que certains maquisards se sont engagés dans l'Armée au sein du 60è Bataillon de Haute Saône ; en voici une photo prise à Champlitte Image(04) , l'équipement des soldats est anglais. En première ligne et au centre les officiers et sous-officiers, de gauche à droite : Fournier du Tremblois, ??, Robert Péria de Pesmes, Roger Rimet de Valay, l'adjudant André Filet de Sauvigney, le Capitaine Camille Jarrot du Tremblois, le Commandant Bertin, le commandant Fagot, l'adjudant Paul Blanchard, Pralon de Gray,…

Quel contraste avec la photo des maquisards prise en septembre 44 devant la ferme Poinsard de La Résie St Martin  Image(05) : 1er rang Jean Moritze adjudant de carrière, un policier de Besançon, Pierre Lombardet de Sornay, N. Bonvalot de Sauvigney(ouvrier à la scierie Mirbey ; 2è rang Robert Poinsard de La Résie, ??, ??, Adolphe Boulanger de Pesmes

En ce mois de janvier 45, L'armée allemande après avoir été harcelée par les maquisards et poursuivie par les troupes alliées, s'est réfugiée derrière la barrière naturelle des Vosges. Le Reich ou ce qu'il en reste est coincé entre les avancées alliées à l'Ouest et, à l'Est la course folle de Armées Russes vers Berlin. Il ne cédera finalement que le 8 mai 45, 8 jours après le suicide d'Hitler dans son bunker de la capitale. Après les sévères combats de l'hiver 44/45, la victoire des Alliées n'est plus qu'une question de jours. L'Armistice signé, les soldats engagés pour 5 ans, ou pour un an

occupent l'Allemagne, la vie y est relativement aisée. Les photos d'après le 8 mai 45 que ramènent les soldats montrent une situation agréable, même loin de la famille.

Pour Charles Gay de Lieucourt Image(06), Uberlingen en juin et juillet 45, Ravensbourg en août et septembre, puis Konstanz et retour en décembre 45 à Lieucourt.

Jean Duvernoy de Chaumercenne a un parcours similaire à celui Charles Gay,faisant tout deux partie de la Compagnie Hors-Rang de ce Bataillon Médical. Sur la photo Charles Gay Duvernoy en Allemagne :Image(07)

Roger Vuillemot n'a pas le même parcours que les deux autres, en Allemagne. Son unité est à Barr en mars 45, puis Bludenzee en mai, l'Autriche en juin, Trickingen en juillet, Tubbingen en août et Singmaringen en novembre 1945.

Roger pose avec des copains devant les camions sanitaires de leur compagnie : Image(08)

Sur l'autre photo, 2 vues de Singmaringen :Image(09) la 3è présente Roger et un marocain (les 3 /4 de la compagnie sont des Marocains) devant une maison où flotte le drapeau tricolore : Les Allemands appréciaient les Français et avaient en horreur les troupes Russes…

Tous ces militaires français engagés pour un an sont retournés dans leurs familles fin décembre 1945 et ont été démobilisés. Voici l'acte de démobilisation de Charles Gay : Image(10) en date du 27 décembre 1945 signé à Dijon.

 

Le retour des prisonniers

Ces Français partis dès la mobilisation générale le 2 septembre 1939, faits prisonniers en mai ou juin 1940, sont internés dans les camps jusqu'à l'Armistice du 8 mai 1945 : 5 ans de labeur, de souffrance et de vexations, mal nourris et surtout loin de chez eux, de leurs familles et de leurs amis. Pour beaucoup ce fut 5 ans de survie.

Des camps, il faut rapatrier un nombre colossal de personnes (plus d'un million) de toutes catégories : prisonniers de guerre, jeunes enrôlé dans le STO, rescapés des camps d'extermination, ... Pour effectuer ces transferts : trains de wagons à bestiaux (s'ils peuvent circuler vu l'état des voies dans cette Allemagne en ruines) ou par bateaux ou camions….

L'arrivée en France est prise en charge par différents services, ceux de la Sécurité Militaire, de la Santé et de la désinfection. Au prisonnier de guerre, il lui est alors remis une carte de rapatrié, une somme de 1.000 F ( de l'époque) et 60 g de tabac…

Le plus dur est de quitter le camp pour rejoindre la frontière française. Quelques cas illustrent ces difficultés.

 

Charles Thoret de Cléry

Né en 1906, il est soldat dans le 248èRégiment d'Artillerie est fat prisonnier des Allemands à Toul, envoyé dans le camp de Furstenberg à la frontière polonaise sous le n° 40239, à pelleter chacun 15 m³ de sable, par jour et à verser dans des wagonnets, avant d'être rculé en Allemagne pour travailler dans une ferme où la vie est plus agréable. Lui et ses compagnon de camp ont la chance d'être libérés par les Russes ; dans les tous premiers, le17 avril 1945 (24 jours avant l'Armistice...), à 5 h du matin près de Furstenball. Ils suivirent alors les troupes russes qui avançaient de 40 km par jour. Il faut dire qu'ils ne faisaient pas de quartiers avec les gens qui se cachaient, beaucoup n'étaient pas des soldats…

Pour se nourrir, les Russes les laissèrent se débrouiller jusqu'à leur autoriser d'abattre du gibier, du plus petit lapin au plus grand des cerfs…

Son groupe quitta les Russes le 1er juin 45 ; le retour fut difficile, la traversée des rivières et les ponts détruits. Un moment il fut suggérer de passer par Odessa, sur la Mer Morte, mais le lendemain les Russes les transportèrent de l'autre côté de Berlin( 150 hommes) en camions. Retour en avions de guerre (25 à 30 par avion) depuis Laal (à 150 km de Berlin) pour arriver à Paris (Le Bourget)

 

Paul Charreton de Malans

Son parcours militaire est particulièrement difficile, de Dunkerque où il est refloué, prisonnier dans Lille, puis la Hollande, Maaestricht, la Pologne et le camp à la limite de l'Estonie et de la Lituanie, sûrement le camp IB de Hohenstein en Prusse Orientale. Leur travail : extraire la tourbe pour le chauffage, enfoncé jusqu'au ventre dans les tourbières, les pieds gelés.Libérés par les Russes qui piquèrent les montres des nombreux ex-prisonniers, ils furent conduits jusqu'à Odessa, mais plus de bateaux… Ils revinrent en trains depuis la Prusse jusqu'à Strasbourg, puis le stop pour rejoindre Auxonne où un brave bistrotier le reconduisit à Malans à 4 h du matin… On était le 5 juillet 1945.

 

René Fleutot de Germigney

Né en 1913, sous-officier prisonnier à Celles sur Loire, son groupe est conduit en Prusse pour y être prisonnier au camp II-b de Hammerstadt. Libéré par les Russes en février 45, il est conduit en Ukraine pour prendre le bateau vers Stettin qui devrait les ramener en France. Hélas, pas de bateau disponible. Ce n'est que le 9 juillet qu'il pourra prendre un train, il n'arrivera près de Valenciennes que le 7 août 45… Quelle histoire, ils n'ont, pendant ce mois écoulé, jamais quitté le train. Ils eurent tout de même pu admirer le wagon de Staline lors des fameux accords de Yalta, ce wagon gardé des soldats soviétiques, ne sachant pas en ce moment, l'importance de cette événement mondial.

 

André Fraumont de Chaumercenne

Né en 1915, il est engagé dans la bataille de la Somme mais dans sa retraite sur la Loire, il est fait prisonnier et envoyé en camp en Poméranie, puis au camp IIA de Neu Brandenburg dans le Mecklenbourg. Devançant l'armée russe, les prisonniers sont dès février 1945 finalement dirigés sur les camps proches de Berlin. Ils vont y vivre l'enfer de la prise de Berlin, les bombardements et les incendies, les alertes jour et nuit, le froid et surtout la faim… Berlin tombe le 30 avril et Hitler se suicide le 1er mai. La libération est là mais le départ depuis l'Elbe où ils se retrouvent, est sans cesse reporté faute de camions disponibles. Le beau temps revenu, les attentes sont moins difficiles mais il faut bien se nourrir et la nourriture fait défaut.

Enfin le jour tant attendu est enfin arrivé, les camions sont là pour eux, c'est le 7 juin 45…

Les camions franchissent l'Elbe à 10h 30 et les ex prisonniers sont remis aux Américains à Dessau à 11h 30 et arrivée à Halle à 12 h 45 pour monter dans l'avion , le T2922893… L'avion touche le sol du Bourgetà 5 h 15 ; n° de consigne610 où l'accueil se fait devant une haie d'hommes en armes, puis départ pour le Vélodrome d'Hiver : douches, radios, visites médicales, puis bouffe : un steak frites et un verre de pinard.

Demain départ pour le pays, je n'ai pas pu dormir ; le train gare de l'Est à 7 h 30.

André retrouvera sa sœur Jeanne et son frère Armand rentrés pratiquement en même temps…

 

La Presse de Gray du 5 mai 1945 enregistre le retour de15 prisonniers du secteur pour la quinzaine écoulée, et pour celle du 19 mai de 21 autres prisonniers. Voici les deux listes, chaque nom est suivi du numéro du camp et de son lieu d'habitation.

Liste fournie le 5 mai 45 Liste du 19 mai 45

Louis Roussillon VA de Cult Gabriel Gototte VA de Tromarey

André Viennot VI Lieucourt Félicien Guyotte VIJ Montagney

Marcel Guyot XC Pesmes René Fougnion IXA Valay

Lieutenant Foucherang Offlag VIA Bonboillon Félicien Marie XIIA Valay

Marcel Beneux IXB Broye Ernest Gardot VIB Venère

René RabbeVID Brésilley Bernard Pélot XA Thervay

Germain Raillard VIC Venère Joseph Miquet XB Montseugny

Lucien Jussier VIC Aubigney Marcel Renard VIA Pesmes

Laurent Odille VB Sornay Auguste Reuchet VIA La Grande Résie

André Laffuge VIG Grande Résie Georges Bérille VIA Cugney

Marc Gentil VIG Chancey Jean Vernier VIA Venère

Marius Choix VC de Cult Victor Jacquot XIIIB Brésilley

André Dupuy XI B Bard Lucien Roussel Bonboillon

Georges Jay XB Vadans Théodore Jeaunnaux VIB Sauvigney

Fernand Jacquot Brésilley Georges Bournot XIB Cugney

André Bonvalot Montagney Victor Dédole XB Broye

Charles Servin IVFChamptonnay Georges Guedin XIIID Valay

Marc MittonVIIA Pesmes Paul Courboillet XVIIA Chaumercenne

Ce qui fait 36 prisonniers, du secteur rentés en ce mois de mai 45.

En juin 1945 fut donnée une grande fête à Pesmes en l'honneur des prisonniers de guerre rentrés d'Allemagne. Réunis sous le chapiteau d'un bal : Image(11) , ils eurent droit à un apéritif offert par la Municipalité, peut-être suivi d'un repas…

Plus modestement la commune de Chaumercenne dans sa séance du 8 juillet 1945 veut profiter des fêtes du 14 juillet pour fêter le retour de ses prisonniers et vote à cet effet un crédit de 200 F pour recevoir ceux-ci et offrir un goûter aux enfants de la commune.

 

Les prisonniers allemands

Dans les villages, les prisonniers allemands gardés en France, sont en charge de travaux dans les fermes ou de réparations. Ainsi à Thervay, ils aident aux déblaiement de gravas et autres engendrés par l'incendie du 8 septembre ; à Pesmes ce sont eux qui sont embauchés à la dépose des tuyaux du pipe-line quand celui-ci ne servit plus à rien.

Le 7 juillet 45, on s'étonne de voir le canton de Pesmes très hospitalier pour ces prisonniers ; à la Résie St Martin, on les embauche au théatre, à Bresilley ils se promènent en vélo et à Chancey on leur laisse toute liberté d'action et un de ces messieurs s'offre même le bal. Les employeurs sont responsables ; qu'en dîtes-vous prisonniers rapatriés ?… Sont-ils repartis en Allemagne à la fin de 1946 ?

En effet ces prisonniers restèrent longtemps dans les fermes pour aider à la relance des activités agricoles.Dans le recensement de la population de Chaumercenne en 1946, on retrouve encore la présence de 5 prisonniers de guerre cités comme employés de culture: Kurt Grubel (né en 1923) chez Louis Fraumont, Antoine Bamberger (1927) ( il n'a que 19 ans) chez Edmond Straub, Paul Szudra (né en 1912) chez Edmond Voilly, Wener Bosse(1908) chez Louis Mourant et Heineich Schott(1924) chez Georges Chauvelot.

 

 

Terminons cette étude par quelques faits divers,..

Un grave accident à Bonboillon le 14 avril 1945.

Au carrefour des routes de Gray et de Vesoul, un camion américain a été pris en écharpe par une ambulance française. Le GMC se retourna mais son chauffeur put s'en tirer indemne. Quant aux 3 occupants de la sanitaire, ils furent très sérieusement blessés.

 

Citation pour un soldat de Vadans

Le médecin commandant le 14è Bataillon Médical cite à l'ordre du Régiment, le soldat René Renard engagé volontaire, infirmier de 2è classe de la la

è Compagnie :

--N'a cessé de faire preuve depuis son arrivée à la Compagnie du plus grand dévouement et du plus grand mépris du danger, notamment lors des opérations du Palatinat du 15 au 23 avril 45, et de Stuttgart du 18 au 22 avril 45 –.

La présente citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze. Nos félicitations.

 

Vol d'essence à Chaumercenne

Au cours d'une enquête au sujet d'un vol d'essence signalé au pipe-line qui passe à proximité du village, les gendarmes recueillirent le n° d'immatriculation d'une automobile qui avait stationné un certain temps à l'endroit où avait été percé le pipe-line et dont les occupants auraient été vus porteurs de nourrices d'essence.

En possession du nom du nom du propriétaire de l'auto, ils se rendirent à Apremont chez M.L. Celui-ci reconnut avoir prêté son auto à son fils et le jeune homme questionné avoua être l'auteur du vol d'essence en compagnie d'un ami avec lequel il partagea une 60aine de litres. L fut transféré devant le Tribunal militaire de Dijon, son compagnon en raison de son jeune âge, fut dirigé sur Vesoul. L qui circulait avec un permis périmé fut en outre gratifié d'un P.V.

 

Passage de Notre Dame de Boulogne

Chaumercenne eut la chance de recevoir N.D. de Boulogne ce dimanche 31 mars 1946, un temps superbe, les cerisiers en fleurs et la messe dominicale dans notre verger. Le char contenant la Vierge dans sa barque, est tiré par des jeunes de la paroisse de Chaumercenne. Image (12)

Elle est conduite jusqu'au verger après être passée sous un arc de triomphe fleuri. Image(13)

La messe célébrée avec ferveur par l'abbé Guy Schlienger en présence de nombreux prêtres et frères missionnaires, se déroule devant une foule nombreuse. Image(14) Image(15)

La messe terminée, la Vierge gagne l'église magnifiquement parée, par le carrefour joliment décoré puis elle est veillée par des paroissiennes. Image(16)

L'après-midi elle regagne Pesmes où elle est prise en mains par ceux de Pesmes. Image(17)

Une journée magnifique de ferveur, de prières et de communion ; parmi les jeunes chargés de tirer le char de la Vierge, des prisonniers de guerre et des réfractaires au STO.

 

Une étude plus détaillée de ND de Boulogne sur tout le canton, sera donnée en dossier principal, voir Menu.