01-Toponymie de Chaumercenne

 

Toponymie et population de Chaumercenne

 

Toponymie de Chaumercenne

 

Les plus anciens anciens documents mentionnant Chaumercenne nous sont connus grâce à l'établissement dans la région de couvents ou monastères ou ordres hospitaliers. Le couvent de Corneux de l'ordre des Prémontrés et l'abbaye cistercienne d'Acey dans le Jura ainsi que Sainte Cécile ou Authoreille sur le territoire de Valay, rattachée à la Commanderie de Sales-Montseugny, nous offrent les premières écritures du nom du village permettant d'en deviner l'origine ?

Lors de sa fondation ou pour la voir prospérer, les seigneurs locaux possédant des biens proches de l'établissement religieux lui en font donation. Ce geste généreux constitue une offrande à Dieu dans ce XII è siècle qui commence, avec le secret espoir de recevoir en échange le repos pour l'âme des siens voire une place au paradis ?

 

Le premier document confirmant l'existence de Chaumercenne est révélée par un acte de donation daté de 1131fait par Bertrand de Charmercenes à l'abbaye de Corneux. (1)

Aussi dans une charte signée en l'an de l'Incarnation du Seigneur MCXXXVII (1137), l'Archevêque Humbert de Besançon confirme plusieurs donations à l'abbaye d'Acey faites par Vulric de Chammcenes, l'une pour des terres proches de Brisilley, l'autre sur le territoire de Nova Villam (Neuvelle à Montagney) ; il en est de même pour Odot fils d'Eremburg de Chalmercynes pour des biens sis près de Ugneyo (Ougney). Ces donations et celles faites par Renaud comte de Bourgogne et les seigneurs qui tiennent biens à Acey ou ses environs, sont sûrement les premières pour l'établissement de cette abbaye de Cîteaux.

Ce même archevêque confirme dans une autre charte datée de 1141 des donations faites à Acey par Frodo de Chalmarcynes pour tout ce qu'il possède à Ougney sauf ceux en Salmont, on y trouve aussi celles faites par Bartholomée et Robert de Chalmarcynes.(2)

Ces chartes en latin se trouvent aux Archives départementales du Jura sous la cotte 15 H 19.

 

D'autres donations sont faites à une abbaye possédant des biens sur Chaumercenne, celle de Corneux de Corneux dont la prospérité commence à grandir et même à concurrencer Acey.

Ainsi Ulric de Charmarcenis, en accord avec son épouse donne la 4ème partie du moulin de Planches (à Valay?), son frère Ponce cède aussi sa 4ème partie à Sancta Maria Cornéoli (Ste Marie de Corneux) ; les témoins sont Norbert de Charmercenis, Henri chanoine et Jean convers. La donation (texte en latin) est datée de l'an 1169 (sous Herbert 59ème archevêque de Besançon). (AHS H-747). (3)

Toujours en 1169, Bartholomée et Virrius frères de Charmercenes donnent à Corneux la dixième partie des terres allodiales de Magney (près de Sornay) et ce qu'ils ont à Morogne, au moulin de pierres et une partie d'une manse près de Chenevrey. (AHS H-747)

 

En 1174, Hugues seigneur d'Aspremont et Oddo son fils font une donation aux frères de l'Hospital d'Alta Aura ( Authoreille) où ils y demeuraient auparavant dans leur maison, « de tout ce qu'ils possédaient dans le village de Chamarcyne. 15 ans plus tard confirmation de ces donations est faite aux Hospitaliers d'Authoreille par Wallo seigneur de Rigney pour des biens sis tant à Chamarcenyne qu'à Vallay par son cousin Aymon. (AHS H-1059)

 

Ces donations aux abbayes ou aux Hospitaliers sont sans cesse remises en question, les donateurs qui sont des seigneurs laics ou de nobles chevaliers tentent de reprendre les biens cédés par leurs ancêtres ; l'abbé intervient alors auprès de son archevêque ou du Commandeur de Montseugny directement pour faire confirmer la donation sinon les parties vont en procès. Tel est le cas de Vualo de Chalmarcynes.

« Par ces présentes lettres datées du jour de l'Incarnation de l'an MCLXXXVIII (1188), par devant Amédée le camérier auprès de l'Archevêque Théodore, Vualo remet toutes les querelles qu'il avait contre l' église de Corneux et rend perpétuellement à la dicte (église) toutes les possessions qu'elles réclamait, par notre main et lui confie en aumône ; les témoins de cet accord sont Guy doyen de Fondremand, Valo seigneur de Rigny…. image(4)

En 1200 Gui de Chalmarcenes et Humbert son frère, en accord avec Rosette l'épouse dudit Gui, donnent par nos main et en aumône à l'église de Corneux, du consentement de son fils Hugues, tout ce qu'ils avaient en droits ou que réclamait l'église, dans le moulin de Planches (déjà vu), et règlent ainsi toutes les querelles qu'ils avaient eues ou qu'ils auraient. Ils leurs ont remis les dits biens pacifiquement pour en jouir définitivement, par devant l'Archevêque Estienne. Les témoins furent Lambert doyen de Pesmes, Bartholomée chevalier, de Venère et Fromont de Chalmarcenes. (Bibli. Besançon, collection Droz, Mss 46).

 

Une charte mérite qu'on la présente en intégralité, l'original en latin et la traduction m'a été faite il y a bien longtemps par dom Benoît abbé d'Acey. C'est un parchemin dans lequel Gérard de Chamercenes se désiste de toutes les contestations et procès qu'il a contre les abbé et religieux d'Acey, et confirme les donations faites par ses prédécesseurs. La charte datée du 12 décembre 1231 comporte les sceaux de Guillaume seigneur de Pesmes, et du doyen de Gray : deux petits sacs aussi en parchemin tressé contenant de la terre et des cailloux ...de Chaumercenne, je l'espère... ( AHS H-37)

Que tous connaissent ces présentes lettres, que moi Girard de Chamercenes qui fus fils du seigneur Viries, ai remis et accordé de bonne foi à l'église d'Acey et aux frères qui servent Dieu, toutes les contestations que j'avais contre eux ou que je pouvais avoir dans tous les usages et coutumes, autant au sujet des terres autres choses que (venant) de la mort de mon père et de mon frère, et j'ai concédé à la même abbaye toutes les donations que tous mes ancêtres ont conférées à la même église;et au sujet de toutes les contestations énoncées auparavant, je promets de garantir à l'église d'Acey cette légitimité établiedevant tous les hommes. Tout-ceci, mes frères Guy et Virrius et mon épouse Dampnot et mes fils Willelm, Pierre et Hugues et toutes mes filles que j'avais alors en ce jour de paix, et j'ai concédé à la même église que je ne m'opposerai pas à elle sur un autre sujet, si ce n'est pour le service de mon seigneur à qui je doit ligeité (fidelité).

Et parce que je n'ai pas de sceau, j'ai apposé les sceaux du seigneur de Pesmes et du doyen de Pesmes en témoignage à ces présentes,qui doivent me ramener à ces dites conventions, chacun par leur pouvoir, si je m'en écartais.

Fait en l'année de l'Incarnation du Seigneur 1231, le 3ème jour après la fête de la Bienheureuse Lucie. image (5)

 

D'autres toponymies de Chaumercenne sont retrouvées dans des actes de donations envers des abbayes ou des seigneurs, même dans des reconnaissances de biens ou ventes de terres.

En juillet 1266 Valo de Chamercen confirme des donations en faveur de Corneux, citées dans une bulle du pape ClementIV, (AHS H-749).Image (6)

 

En 1305 Hugues de Flammerans fait un rendage aux Messieurs de l'Ordre dans lequel il dit tenir en fief d'eux, la moitié des bois de La Bouloye et La Fan, il donne pour confins Chamercene, Résie et Authoreille. Il vend de plus tous les droits qu'il a es bois de Fontenelle et d'Authoreille. Cet acte fait partie d'un mémoire de titres produits par Mr Le Commandeur de Montseugny dans la consulte faite pour les droits d'Authoreille. (AHS H-1059)

 

Un parchemin, en date de septembre 1332,mérite tout particulièrement d'être mis en pleine lumière, pour sa beauté mais aussi pour la qualité de son écrit en«  français de l'époque ». Jehannot Quasse, lombard de Pesmes, donne 7 sols de cens versés par Girard dit Ponssot de Chamarcenes avec l'approbation des seigneur et dame de Pesmes, Othe de Grandson et son épouse Jeanne. (AHS H-37)

Je Johannoz dit Quasse lombart demorant à Pesme,fais savoir a touz que je, pour le remède des ames de mes prédecessours et de moy, ai done en heritaige franc et perpetuel a la église et au covent de Notre Dame d'Acey sept sols de perpétuel censse que Girart dit Ponsot dimorang a Chamarcenes me devint sur un meis et sur la terre apertenant au dit meis qui fut à la ferme Ambreconai de Reus et sied à Chamarcenes, de lès le chemin de Montaigny dune part et de lis, le meis que l'on dit d'Asscinges dautre part, liquels sept sols sunt a paiern annuelment et perpetuelment huit jours devant la feste Saint Michiel ou huit jours apres….

Et au prien,suplien et requis a mon chier Seigneur et a ma chiere Dame de Pesmes desquels je tien de fiez les dis sept sols que a ce plaise lour consentir.

Et nous Othes de Grançon, sires de Pesmes et, Jehanne, dame de Pesmes dou loux et authoritey doudit Othes mon chier seigneur et mary a la dite doneation nous consentons et la volons,louons reconfirmons et pour les remedes des ames de nos predecessours et de nous, les dits sept sols amortissions perpetuelment pour nous et pour nos hoirs, et a la dite eglise en façons perpetuel cession et quittance.

Données sous nos sealx a la requete doudit Johannoz le mardy apres la feste de Saint Mathieu lan mil trois cent trente et deux. Image (7)

 

En 1525, dans une reconnaissance envers Mre Anthoine de La Baume Montrevel chevalier baron et seigneur de Pesmes, Jean Le Poullenot escuier seigneur de Chaulmercennes en partie, déclare que les biens et aysances qu'il tient à Chaulmercennes, relèvent du fief de Pesmes. (AHS 48 J-250)

Image (8)

 

On ne peut oublier de citer deux autres toponymies de Chaumercenne pourtant plus récentes, constatées dans des documents très différents de ceux déjàcités.

La première en date du 22 août 1525 est une reconnaissance de biens exigée par l'abbé d'Acey concernant l'échute d'une branche de la famille Guyotte dit Cortot éteinte vers 1637 : la maison de Jean Guyotte dit Courtot sise à Chauxmercenne dépend de la mainmorte d'Acey, ainsi l'échutte dudit Guyotte doit revenir à l'abbaye et non pas à Georges de la Baume Mont Saint Léger, seigneur de Chaulmercenne qui l'avait déjà prise à son compte et vendue à Jean Guyotte le jeune (AHS H-36).

 

La seconde est le compte de recettes fourni aux échevins de Pesmes en 1596 : ce sont les cotisations des communes de la baronnie de Pesmes versées pour la constitution de la milice comtoise fonction des revenus de chaque fief. (Arch communales de Pesmes)

Ce compte de recettes est donné par les commissaires délégués de la baronnie de Pesmes aux échevins de Pesmes, Claude de Landriano, Claude Panssard et Nicolas Sanché suivant le rôle arrêté le 24 mai 1595, par haut et puissant Claude II de Vergy, comte de Champlitte, gouverneur de la Comté .

Les habitants de Broye sont cothisés pour 16 mesures de froment (chacune de 3 livres), 24 frs espèces et 4 vaches 

Ceux de la grange d'Arceans pour 14 mesures de froment et 25 frs 

Ceux d'Aubigney pour une émine de froment et 18 frs

Ceux de Chancey pour 2 émines et 18 mesures de froment, 18 frs et 2 queues de vin (de 365 pintes chacune 

Ceux de Motey pour 9 mesures de froment,123 frs, un petit bœuf et une queue de vin

Ceux de Chauxmarceine pour 21 mesures de froment et 3 émines, 120frs, un bœuf et 2 queues de vin 

Ceux de la Petite Résie pour 10 1/2 mesures de froment et 15 frs et 9 gros

Ceux de Valay pour 18 mesures de froment et 27 frs 

Ceux de Chevigney pour 15 mesures de froment et 21 1/2 frs

Ceux de Sauvigney pour 12 mesures de froment, 36 mesures de farine et 50 frs 

Ceux de Malans pour 18 mesures de froment, 27 frs, un petit bœuf, un petit bouvasson et une queue 1/2 de vin 

Ceux de Bard pour 9 mesures de froment, 13 frs et une queue de vin 

Ceux de Bresilleypour 9 mesures de froment, 18 mesures de farine, 200 livres de pois et 18 frs  Ceux de Marpain pour 10 1/2 mesures de froment et 30 frs

Ceux de Champagney pour 18 mesures de froment ; ceux de Champagnolot pour 2 queues de vin.

Chaque communauté doit engager des fonds, en espèces ou en biens, pour constituer et armer les forces comtoises. On devine l'importance de chacune d'elles et les ressources qu'elle produit : vin en particulier à Chauxmerceine et pois à Bresilley….

Image  (9)

 

 

On ne peut terminer cette énumération d'écritures sans mentionner celle retrouvée dans les archives ecclésiastiques de l'Archevêché de Besançon au sujet de la chapelle de la Bienheureuse Vierge Marie, érigée dans le bois de Leffans (La Fan), dans la commune de Chomarsenne, écriture postérieure à 1665.  Image (10)

Dansle même genre mais concernant l'église, le nom de la paroisse est désignée par Chaumarsenne, comme l'atteste l'article présenté. Image (11)

 

 

Etymologies possibles de Chaumercenne

 

Plusieurs étymologies de la Commune sont proposées ; Les diverses écritures proposées plus haut semblent montrer que la plus plausible est celle fournie par le J. Meygnier lors de la séance du 13 novembre 1897 à la Société d'Emulation du Doubs.

Chaumercenne viendrait « du bas-latin La Calma ou Calmis qui représente un lieu désert. Ce mot a été rendu en vieux français par Chalme, Chaulme, Charme. ..et par apocope Chal, Chau, retrouvés dans diverses écritures. Il serait complété par Marcenia qui pourrait représenter le nom d'une villa de personne latine Marcenius. (ADD 8 Rev 1898)

 

Une seconde origine est fournie par Charles Longchamp dans Glanures page 30, elle est citée par Suchaux en 1866. Mot d'origine celtique : chat (bois) avec mars ou marsen ou mersen (bord).

 

La dernière est proposée par la SALSA dans son dictionnaire des Communes de la Haute Saône : « Etymologie obscure, peut représenter un adjectif (au féminin pluriel) formé avec le suffixe -ena sur le nom de personne Camarcius »….

 

La population de Chaumercenne

 

Dans les ventes de terres ou reconnaissances de biens sont cités les noms des propriétaires ou les habitants riverains de chaque bien mentionné.

Avant les années 1400, il existe des actes notariaux, cependant trop peu nombreux pour fournir le nom d'habitants de Chaumercenne à cette époque. Les plus vielles familles retrouvées sont celles des Ponssot et des Guyotte.

Ainsi Girard dit Ponsot demeurant à Chamercenes doit un cens de 7 sols à Johannoz dit Quasse lombard de Pesmes, que ce dernier cède à l'abbaye et couvent d'Acey pour le remède des

ames de ses prédécesseurs, le mardi après la feste de St Mathieu apostre l'an 1332.

Avant 1420, les familles Maignin, Cordelier dont le meix est évoqué lors d'une reconnaissance de 1717 sont couramment citées dans les actes.

La famille Ponssot doit être plutôt connue et reconnue dans la région pour que Guillaume de Grandson, seigneur de Pesmes, accorde en 1424 la permission à Jehan et Estienne frères de tenir un four en leur maison. D'ailleurs Estienne Ponssot est déjà prêtre-curé de la paroisse de Chaumercenne jusqu'à son décès survenu un peu avant 1464, décès qui va engendrer un procès entre l'abbé d'Acey et Regnault de la Baume seigneur de Chaumercenne qui s'est emparé, sans coup férir, de l'échute du prêtre déclaré homme mainmortable par les deux seigneurs…

Je me dois de citer l'acte de reconnaissance de 1494, Claude Guyotte fils de fut Jean Guyotte demeurant à Chaulmercenne déclare en son nom et en ceux d'Adelinotte sa mère, des enfants et héritiers dudit fut Jean Guyotte ses frères et sœurs, tenir soubz lesdits Abbé et Religieux d'Acey, une pièce de terre assise au territoire Chaulmercenne au lieu de Sourbey, contenant la semée d'une éminotte de froment entre les héritiers dudit fut jehan Guyotte et ceux de Guyot Ponssot, chargée de 3 engrognes de cense annuelle payable à l'abbaye le jour de l'annonciation nostre dame sur peine de 3 sols d'amende. L'acte est passé le jeudy devant la feste Marye Magdelenne l'an 1494. Il présente le dernier des Guyotte dans ma généalogie concernant la plus illustre et plus ancienne famille de Chaumercenne. Image (12)

 

A la fin du 15è siècle, on retrouve en plus des familles déjà citées, celles des Dufour, Belpoix, Dubois, Jeannot.

 

Dès les 1500, les Guiotte se font de plus en plus nombreux dans les reconnaissances faites au profit de l'abbaye d'Acey. Les terriers, registres où sont enregistrés les reconnaissances de biens envers un seigneur avec les cens à lui payer, permettent d'établir une liste pratiquement complète des familles du village. Un mainmortable déclare son bien auprès d'un notaire, un double est adressé au propriétaire, abbaye, seigneur ou commandeur.

Les terriers des notaires Campagnot en 1518 et Tuebois en 1541 fournissent une liste impressionnante de Guiotte, Corboillet ou Goguel qui se définissent hommes mainmortables de l'abbaye et couvent d'Acey. ; pour les différencier, ils se déclarent en plus de leur noms de familles dits « quelque chose » .

Voici les familles qui composent la population de Chaumercenne, classées par ordre alphabétique

 

Dans les années 1545.

Belpoix, Bichet, Bongarçon, Bonney, Bonvalot, Breton, Clément, Conronnot, Corboillet dit Pourouge, Dros, Dubois, Esmarot, Fromont, Ganneret, Garin, Goutheret

Goguel dit Poinctes, dit Paige, dit Frelet, dit Deschaux, dit Groslare

Guiotte ou Guyotte dit Bassan, dit Bellican, dit Bourguignon, dit Cortot, dit Dagot, dit Gariache, dit Jolyjean, dit Lallemand, dit Mignot, dit Morot

Perreney, Pernin, Perrotte, Ponssot, Quarrey, Roussot

Chaumercenne était donc composé d'au moins 40 feux, pour une population d'environ 220 habitants.

Le prebtre-curé de l'époque s'appelait Messire Guillaume France .

 

Vers 1600

De la même manière, j'ai pu établir une liste plus complète des familles de Chaumercenne vers 1627/1629 avec le terrier concernant la Commanderie de Salles-Montseugny pour les terres sises à Authoreille cad à Ste Cécile, cultivées aussi par des habitants de Chaumercenne. On ne retrouve plus les Bongarçon, Bonney, Breton, Perrotte, Quarrey, mais apparaissent d'autres familles : Chauvirey, Guiotte dit Bassand, Humbertjean, Lacenaire, Lampinet, Lance, Ligez, Massenet, Méthadieu, Menestrier, Panssard, Poirey, Règlé, Tardevet.

 

En 1617 pour la répartition de la milice comtoise, on dénombre 63 feux pour Chaumercenne correspondant, si l'on admet à cette période un peu plus de 5 personnes par feu, à une population avoisinant les 320 habitants.

 

En 1657

Après les terribles guerres des 10 Ans, Chaumercenne à l'image de nombreux villages de la Comté se trouvent décimés, pratiquement laissés à l'abandon pendant près d'une décennie. Le recensement demandé par l'Intendant de la Comté pour le règlement de l'ordinaire du sel effectué le 12 février 1657 par Claude Lance et Pierre Panssard, échevins de la Communauté, révèle la perte du tiers de la population malgré l'arrivée de nouvelles familles venues repeupler le village. Chaulmercenne ne compte plus que 30 feux pour 115 manants et habitants…, dont voici la liste avec les personnes composant chaque mesnage.dommage qu'ils ne précisent pas la profession des chefs de famille.

 

Anthoine Bonvallot sa femme et 5 enfants 7 Claude Bretet sa femme et 4 enfants 6

Estienne Chevillard et sa femme 2 La veusve Pierre Courboillet et 4 enfants 5

Hilaire Courboillet sa femme 4 enfants 6 Andrey Febvre et sa femme 2 Adriaine Goguel 2 enfants 3 Pierre Guyotte dit Milland sa femme 3 enfants 5

Jacques Guyotte dit Milland sa femme 4 enfants 6 Philibert Guyotte 1 Claude Guyotte dit Mourot sa mère 2 Lazare Guyotte dit Milland sa femme 2 enfants 4

Jacques Guyotte dit Mourot sa femme et 3 enfants 5 Jean Jacquin sa femme 3 enfants 5

Simon Jarrot sa femme 3 enfants 5 Pierre Jeanguyot sa femme 4 enfants 6

Gabriel Lambert sa femme 2 enfants 4 Claude Lance sa femme 1 enfant 3

Claude Ligier sa femme 3 enfants 5 Vincent Luxeul sa femme 1 enfant 3

Jean Malgérard sa mère sa femme 3 Claude Oudille sa femme 3 enfants 5

Philibert Panssard sa femme 2 enfants 4 Estienne Perreney sa femme 2 enfants 4

Claude Pleureux sa femme 1 enfant 3 Pierre Robert sa femme 2 enfants 4

Jean Rouhier sa femme 2 François Voilly sa femme 2 enfants 4

Messire Barthélémy Monarque prêtre-curé de Chaumercenne 1

Claude Chasuel recteur d'escole audit lieu,et sa femme 2

 

La Comté ayant intégré le royaume de France, la menace extérieure disparue, les villages comtois voient leur population s'accroître avec l'arrivée de nouveaux habitants dont certaines étrangers à la province, même de Suisse.

 

En 1688 le recensement général des villages comtois donne des renseignements bien détaillés concernant les familles et le bétail de chacune d'elles.

Ainsi Chaumercenne compte 40 feux occupant 38 maisons pour une population de 163 âmes, soit une augmentation de plus de 40 %, la répartition se fait suivant 59 hommes, 54 femmes et 49 enfants, un feu dispose d'1 valet ; il ni a pas de servantes au village.

Pour ce qui est du bétail, il est recensé 10 chevaux et poulains, 35 bœufs, 44 veaux et vaches, 35 moutons, 30 chèvres et 60 cochons.

Pour sensiblement le même nombre de feux (44), le dénombrement de Valay donne une population de 312 personnes, pratiquement le double !

La Résie St Martin dispose alors de 20 feux pour 89 habitants ; Pesmes et ses 156 feux répartis dans 120 maisons a une population de 534 âmes.

A Bard les Pesmes pour ses 23 feux, on recense 112 habitants.

 

En 1772, un rôle d'imposition nous renseigne sur les propriétaires de biens de Chaumercenne. Il s'agit du second vingtième et sol pour livre et impositions extraordinaires de 1771 adressé par l'Intendant de Franche Comté à la communauté du village que les commis et échevins doivent répartir sur chaque contribuable, au marc la livre (en pourcentage) du premier vingtième. Il est dressé le 28 mai 1772 par Jean Baptiste Voilly et Antoine Ligez. La somme à répartir pour Chaumercenne s'élève à 304 livres 15 sols.

Monsieur le Marquis de Choiseulle, haut justicier pour ses droits de Seigneur et ses 4 ouvrées de vignes doit s'acquitter de 1 livre 16 sols 6 deniers

Monsieur le Marquis de Villersvaudey pour ses droits de fourg et de foulon, justice consistant en 108 mesures de froment et 200 mesures d'avoine, 163 journaux de champs et 228 ouvrées de vignes : 66 livres 8 sols soit un peu plus de 20 % du total.

Son fils cité aussi Marquis de Villersvaudey pour droits de fourg et foullon consistant en 8 mesures de froment et 16 mesures d'avoine, pour 7 journaux de champs et 42 ouvrées de vignes : 6 livres 12 sols.

Monsieur le Curé pour 8 ouvrées de vignes : 1 livre 5 sols et ½.

Monsieur Guelle pour maison, 46 j et 84 o : 18 livres 18 sols.

Le sieur Pierrecy pour maison, 32 j et 50 o : 12 livres 4 sols et ½.

Pour les familles non nobles de Chaumercenne, 60 feux sont cités pour une population de 290 habitants.

Parmi les plus riches familles qui paient évidemment le plus d'impôts, on trouve :

Daniel Courboillet pour maison, foule et profit, 49 j et 59 o : 13 livres 6 sols.

Claude Oudille pour maison ,foule et profit 49 j et 53 o : 12 livres 19 sols ¾.

Ces deux foyers sont les seuls à payer une contribution supérieure à 10 livres, 35 autres payent plus d'une livre, les 27 restant : moins d'une livre. 44 non résidents à Chaumercenne cotisent aussi pour un montant global d'un peu plus de 32 livres représentant environ 15 % de l'imposition totale.

Ce présent répartement a été lu et publié à l'issue de la messe de la paroisse le31 may 1772.

 

A la Révolution, la population de Chaumercenne a fortement augmenté puisqu'elle atteint les 395 habitants, effectif relevé lors d'un recensement en date du 24 vendémiaire an 10 ( 1802). Ce document très précis donne la composition de chaque feu et pour chaque habitant : son sexe, son âge et sa profession. La population de Chaumercenne se compose de 109 ménages faisant environ 3,6 personnes par feu. On relève 199 hommes dont 84 garçons, 33 célibataires, 73 mariés et 9 veufs pour 196 femmes dont 52 filles, 52 célibataires et 19 veuves ( les célibataires sont les personnes seules de plus de 20 ans).

La majorité travaille le sol : vignerons, cultivateurs et bien sûr tailleurs de pierre. En cette période de la Révolution où l’État français est en guerre avec l'Europe coalisée, on recense 12 militaires dont 2 pensionnés et 3 poudriers à Vonges.

Les chefs de familles se répartissent ainsi : 21 vignerons propriétaires ou non, 12 cultivateurs propriétaires ou non,11 se déclarent propriétaires et ne cultivent pas eux-mêmes. On trouve 13 tailleurs de pierre, 3 tissiers en toile, 7 manouvriers et 12 domestiques ainsi qu'une gouvernante. Menuisier, 1 maréchal-ferrant, 1 chapelier, 1 couturière, 1 instituteur,1 fonctionnaire (Alexis Lavaytte curé), 2 mendiantes et 3 indigents.

Ce tableau de population a été visé et arrêté par Jean Huvier tailleur de pierre et maire de Chaumercenne le 15 brumaire an 10 ( 1802).