07-La vie au village avant la Révolution

Une vie de famille  avant la Révolution

 

Tout ménage tenant feu à Chaumercenne est centré autour du chef de famille, généralement le père. Il dirige le feu et sa famille proche, il assure aussi l'entretien de ses propres parents logés dans une chambre qui leur est propre. Dans sa directe, il peut avoir jusqu'à 5 ou 6 enfants.

 

La naissance

L'état des naissances dans la commune est donné par les registres paroissiaux. A Chaumercenne le premier ne commence qu'en juin 1678. Il ne mentionne aucun mariage. D'autres communes ont plus de chance, certains révèlent baptêmes, décès et mariages dès 1590.

Le registre paroissial tenu par Jean Collinet, prêtre curé de Chaumercenne (il est écrit en latin jusqu'en 1731) note tous les baptêmes depuis 1678, mais le prêtre n'inscrit plus les décès d'enfants de moins de 12 ans jusqu'en 1728, pratique généralisée dans toutes les paroisses?. L'enfant est baptisé peu après sa naissance, il a son parrain et sa marraine. Si c'est un garçon, le parrain donne son prénom à l'enfant, et la marraine confie le sien si c'est une fille qui naît.

Ainsi : Denis fils de Claude Buchez (Claude Beuchey) et de Claudine Robert son épouse est né le 28 du mois d'avril et baptisé le 29 du même mois de l'année 1679 : parrain Denis Buchey, marraine Françoise Robert. Avec la signature de Jean Collinet prêtre de la paroisse de Chaumercenne et de son annexe la Résie St Martin.       Image (1)

 

Pendant leur union, l'épouse peut mettre au monde des enfants pendant environ 15 ans. L'étude détaillée du registre paroissial permet pourtant d'envisager la durée de vie de ces enfants, au moins à partir de 1728. L'enfant n' a aucune garantie de vie ; au-delà des 12 ans, il peut grandir normalement avec ses frères et sœurs. De la huitaine de naissances dans le ménage, une moitié des enfants n'atteint pas cet âge, 3 enfants sur 10 décèdent dans la première année. Ce taux de mortalité important est dû aux conditions d'hygiène et au manque de nourriture dans un ménage nombreux, les soins ne sont guère envisagés, le médecin habite loin, on ne va pas le déranger et faire des frais importants ; l'enfant malade n'est pas soigné et meurt. Cette mortalité élevée baisse légèrement à partir des années 1750.

 

Dans les 50 années écoulées de 1678 à 1728, le prêtre Jean Collinet transcrit 680 naissances pour Chaumercenne, c'est à dire une moyenne de 13 naissances par an. Ses successeurs Claude Moussard natif d'Apremont et Antoine Myet de Germigney assureront pour le village le baptême de 818 enfants jusqu'en 1792 ce qui fait environ 12 ½ naissances par an.

L'année 1731 constitue une anomalie flagrante au niveau des décès ; le curé Moussard en enregistre 30, c'est à dire le double d'une année normale. 25 sont des décès d'enfants pour la plupart âgés entre 1 et 5 ans, pourquoi ?. Il en est de même pour 1766 où l'on décèle le décès de 17 enfants sur les 23, dont 8 ont encore entre 1 et 5 ans.

La décennie 1740/1749 présente le taux de survie le plus faible, pratiquement 6 enfants sur 10 décèdent avant l'âge de 12 ans… . Image (2)

 

 

L'enfance

Le ménage s'agrandit au fil des naissances, le ou les garçons sont les plus choyés, ils sont susceptibles de reprendre les terres et vignes si le père est est laboureur ou vigneron. Dès leur jeune âge, les filles de la maison assurent avec leur mère les tâches ménagères.

L'école

 

L'école, il n'en est guère question ; les frais engagés pour l'enseignement de l'écriture, du calcul ou du plainchant restent trop onéreux pour un modeste villageois, de plus un enfant à l'école constitue toujours une paire de bras en moins pour les travaux des champs ou des vignes…

L'école est chère : pour l'année 1695, le recteur d'école de Chaumercenne Jean Claude Prévost de Bruxey (Brussey) signe un contrat avec les échevins de la Communauté le 17 juin1694, la rétribution des parents pour l'envoi d'un enfant à l'école est de 5 sols par mois pour les petits, 7 sols1/2 pour ceux qui apprenent à lire et à écrire, et 10 sols pour ceux qui apprendront en plus le plainchant (chant grégorien). En comparaison, une journée de travail d'un ouvrier agricole est estimée à une livre ou 20 sols.

Mise en pension d'un enfant

 

Le père de famille artisan essaye donc de placer une fille ou un garçon comme domestique dans un ménage plus aisé que le sien, cela fait moins de bouches à nourrir...

Voici Claude Guillemin vigneron de Chaumercenne veuf de sa seconde épouse dont il a eu une fille Jeanne Claude née en 1734. En 1743, en accord avec son tuteur et curateur, il décide de la placer chez sa sœur Anne Marie demeurant à Sauvigney, aux conditions du contrat signé le 21 avril devant le notaire Pierre François Luxeul de Pesmes. Elle promet de la nourrir, chauffer, blanchir, loger, envoyer à l'école et en payer les mois d'écolage, de la fournir en chaussures et souliers pendant un an, moyennant la somme de 18 livres.

Situation analogue pour les 2 jeunes enfants Jacques et Anne Nivois enfants de fut Estienne Nivois de Chaumercenne. Pierre Henryet curateur des 2 pupilles signe un marchef avec Claudine Jarrot leur tante le 8 février 1745. Elle s'oblige à tenir avec elle ses neveu et nièce, les envoyer à l'école et payer le recteur d'école pendant une année, moyennant 36 livres à elle payable par ledit Henryet la Pour le paiement de cette pension, la mère et tutrice des pupilles Françoise Jacquin après avoir fait placarder aux portes des églises de Chaumercenne et de Montagney, la monte aux enchères des revenus des champs, prels et vignes délaissés par ledit fut Nivois. Le 14 février 1745, la vente a rapporté la somme de 30 livres et demie indispensable pour payer la 1ère moitié de la pension des 2 pupilles.          Image (3)

 

Lorsque l'enfant atteint les 15 ans, le père lui cherche un maître pour le former à son futur métier. A Chaumercenne, l'adolescent peut se former au métier de tailleur de pierre, de charron, de bourrelier ou de tissier en toile, à celui de couturière pour une fille.

La mise en apprentissage n'est pas gratuite et le père de famille qui place son enfant chez un maître artisan sacrifie une somme non négligeable de ses revenus, pour la nourriture et l'entretien pendant les deux ans que dure normalement sa formation.

Voici deux contrats d'apprentissage signés devant notaire, qui détaillent la formation et les dépenses engagées par le père de famille.

Contrat d'apprentissage de tailleur de pierre

 

Chaumercenne est reconnu pour ses vignes mais aussi pour ses carrières dont leur exploitation a fourni des familles de tailleurs de pierre réputées, comme les Pélicot, Dessant, Fraumont ou Lambert.

 

Le 22 novembre 1750, le jeune Antoine François Dessans de Chaumercenne, 13 ans doit être placé par son curateur Jean Guyotte Milan (ses parents sont décédés), chez Gabriel Pélicot maître tailleur de pierre au dit lieu. Le contrat est signé par devant Jacques Bard notaire royal à Valay en présence de Jean François Lambert et Charles Bretet de Chaumercenne témoins requis .

 

Gabriel Pélicot s'engage à garder pendant 2 ans consécutifs le jeune Dessans à partir du 1er février prochain, le loger, nourrir à sa table, le blanchir, recoudre lorsque hardes en auront besoin, et de lui fournir des sabots jusqu'au terme du marchef :

A charge pour ledit Dessans de lui fournir ses travaux, de lui obéir en tout ce qu'il lui commandera touchant le métier de tailleur de pierre et la maçonnerie.

Ledit Pélicot s'oblige encore de montrer et enseigner tout ce qu'il scait touchant son métier, moyennant le rendage annuel de 72 livres, payable chaque année échue dont le premier terme est le 1er janvier 1752. (AHS 2E-8806)     Image (4)

Contrat d'apprentissage du métier de cordonnier.

 

Le jeune pupille Jacques François Nivois de Chaumercenne veut s'initier au métier de cordonnier. Pierre Henryet du lieu signe le 1er décembre 1745 avec l'oncle du jeune, Jacques François Nivois de Montagney (sûrement son parrain), devant Claude Juif notaire royal à Montagney, le marchef suivant :

Jacques François Henryet cordonnier promet et s'oblige de tenir avec luy,ledit pupille son neveu pendant l'espace de 2 ans entiers commencés ce jour, le nourrir chauffer,, coucher, blanchir, et faire recoudre ses habits et de l'envoyer à l'école pendant la première année seulement et de payer son enseignement au maître d'école.

Luy montrer et apprendre sa profession de cordonnier, le tout en honneur et conscience et autant que son dit neveu pourra être capable d'apprendre, à charge pour ledit apprenti de respecter et obéir ledit Nivois son oncle.

Pour rétribution de quoy, ledit Henryet curateur promet de payer audit Nivois oncle, la somme de 75 livres, monnoye du royaume et deux mesures de froment à celle de Pesmes ,scavoir : la moitié ce jour présent et le reste au jour de feste St Martin d'hiver de l'an 1748. (AHS 2E-2473)

 

Plus surprenant le contrat d'apprentissage pour une jeune fille qui, d'habitude reste au foyer pour s'occuper des tâches ménagères.

Contrat d'apprentissage de tailleuse d'habits

 

Le 18 mai 1760, Gabriel Fromont tailleur de pierre de Chaumercenne signe un contrat d'apprentissage au métier de tailleuse d'habits, pour sa fille Claudine âgée de 16 ans auprès de Marguerite Poisse fille majeure, de Valay.

Ladite Poisse s'engage à loger, nourrir, blanchir ladite Fromont et lui montrer et enseigner généralement tout ce qui concerne sa profession de tailleuse, à charge pour ladite Claudine de lui obéir en ce qu'elle lui commandera de licite touchant ladite profession, de lui fournir son travail pendant l'espace d'un an seulement qui a commencé au 1er avril dernier et finira à pareil jour de 1751.

Ledit Fromont s'oblige de payer à ladite Poisse en son domicile à Valay la somme de 39 livres payables en 2 termes, le 1er au 1er septembre 1760, le second au 1er avril 1761, en bonnes espèces sonnantes d'or et d'argent ayant cours en ce pays.

Le contrat est signé pardevant Jacques Bard notaire à Valay. (AHS 2E-8099)

 

Remarque : le contrat est signé après un mois et demi d'essai, la fille étant plus âgée que d'ordinaire pour un apprentissage. Gabriel Fromont et son épouse Marie Oudille représentent un ménage aisé et possède même leur pierre tombale en l'église de Chaumercenne.

 

Le mariage

Moment important de la vie, le choix des futurs époux est crucial, guidé par le milieu familial mais aussi parfois perturbé par l'immixtion du prêtre qui va à la rencontre des jeunes, prodigue des conseils mais aussi visite les parents et parfois désapprouve le choix, jusqu'à même proposer des alternatives...

On a vu qu'il n'existe pas de registre de mariages jusqu'à 1720, mais cette lacune est comblée par la lecture des contrats de mariages signés devant notaire, contrat qui semble nécessaire pour se marier évidemment à l'église et devant Dieu.

Les futurs mariés, avant d'officialiser leur union devant le prêtre, concluent un contrat de mariage devant notaire : les deux parties sont représentées, souvent par les parents et (ou) un frère , ou un oncle...

Le contrat de mariage

Il fixe les conditions de l'union des futurs époux, surtout matérielles et financières. Les futurs promettent de se marier le plus tôt possible

Le mariage peu après ?Dans la soixantaine de contrats retrouvés, le mariage devant le prêtre se déroule dans le mois qui suit la signature, comme le précise celui élaboré le 27 janvier 1695 entre Hugues Guyotte dit Millan et Anne Beuchey par devant le notaire Jean Pernot d'Ouge au logis de Claude Beuchey de Vallay, père de la future.   Image (5)

Ainsi Daniel Oudille fils de feu Jacques Oudille et de Françoise Jarrot,vigneron de Chaumercenne et Jeanne Voillier (Voilly) fille de furent Claude Voillier et Marie Courboillet aussi du lieu, ont décidé de se marier. Françoise Jarrot et Claude François Oudille pour le futur, et Charles Voillier oncle et curateur de la future signent un contrat devant le notaire Jacques Bard le 16 janvier 1762. Les noces sont célébrées en l'église de Chaumercenne le 9 février, 3 semaines et demie plus tard, un délai des plus raisonnables.

Il n'en pas de même pour les 2 couples suivants qui désiraient aussi se marier.

-Ce 27 novembre 1739, est signé un contrat pour le mariage de Jean Claude Guyotte dit Mourot manouvrier avec Françoise Courboillet, tous deux de Chaumercnne en l'étude du notaire Pierre François Luxeul de Pesmes. Les noces sont célébrées 3 jours plus tard… pourquoi cette précipitation ?

L'autre cas est tout le contraire du précédent.

-C'est celui de Hugue Guyotte dit Mourot manouvrier de Chaumercenne avec Cécile Voillier dudit lieu. Le contrat de mariage est enregistré le 4 avril1754, Anne Ligey mère du futur et Charles Voillier manouvrier lui aussi, père de la future ont défini les conditions du mariage sans aucune opposition de personnes concernées. et les noces célébrées le 8 avril 1756, 2 ans plus tard… Un tel délai est incompréhensible, il faut donc en chercher les motifs ailleurs.

Teneur d'un contrat de mariage

-Les parents font bons et riches leurs enfants respectifs de leurs biens échus ou à échoir, équitablement avec leurs autres enfants. Dans une famille de laboureurs, les parent réservent la maison avec grange, écurie et hébergeages aux mâles de la famille ; ils leur accordent le bétail avec harnais et les champs de culture. En compensation, ces mêmes fils doivent verser à leurs sœurs l'équivalent en argent, le jour de leurs noces totalement ou répartie sur une année. Le montant de cette compensation s'élève entre 100 et 200 livres par fille suivant la richesse du ménage.

-Le futur époux promet pour le jour de la solennité de ses noces, de joueller sa future de joyaux nuptiaux à hauteur d'une certaine somme qui va de 15 à 100 livres, sous forme de crochets d'argent et d'une croix elle aussi en argent (un crucifix le plus souvent), parfois d'une épingle d'or.

-Une autre somme souvent équivalente lui est est accordée en cas de douhaire, lorsque le mari décède avant elle. Dans ce cas, joyaux et douhaire lui sont acquis comme biens anciens. A son décès, le futur lui offre une chambre réservée dans la maison avec la jouissance de quelques biens que se enfants ne peuvent lui discuter, sauf si la veuve désire se remarier.

Ainsi ce même Jacques Guyotte dit Millan a promis de joueller ladite Anne Beuchey d'une somme de 15 frs avec des crochets d'argent en valeur de 20 frs, et de lui offrir un douaire en cas qu'il ait lieu d'un montant de 45 frs, qui lui serviront de biens anciens       Image (6)

Pour la future, les parents ou les frères en cas de décès de ceux-ci, promettent d'entrousseler la future d'un trousseau que le futur doit estimer à sa juste valeur et dont il donnera quittance. Ce troussel, la future le gardera à vie et le relèvera en cas de décès de son époux, en l'état où il se trouvera. Il comporte toujours un minimum de biens, complétés suivant le niveau de fortune des parties à marier.

Le trousseau

Le lit de plumes constitue le premier élément du troussel, il est garni de son travers, d'un tour de lit de bergame ou de serge et d'une mante verte. Un coffre en bois, ferré, le plus souvent en chêne mais parfois en cerisier ou en orme, en constitue l'essentiel, et il ferme à clé.

Ensuite sont énoncés les linges et autres habits servant à sa personne, comme ici dans le trousseau de Jeanne Françoise Pyot future épouse de Jacques Bretet de Chaumercenne retrouvé dans son contrat de mariage signé le14 février 1683 devant le notaire Jean Pernot : 10 linceuls (draps), une demie-douzaine de serviettes tant ouvrées que lices, 5 aulnes de nappes lices de toille médiocre, 6 abits servant à sa personne (un de serge de Londres gris,un violet de serge de Caen vert, un de même étoffe bleu acier,un de futaine... 4 couvre-chef, une mante verte. Les parents de la future ont promis de lui verser six-vingt frs (120) en 2 paiements égaux, le premier le jour de ses nopces et le second dans 2 ans. Le futur mariage se fait entre gens aisés.

Le trousseau de Françoise Courboillet pour son mariage avec Jean Malgérard en 1740 est spécialement consacré à son linge de toutes sortes avec en premier bien sûr le lit de plumes avec couverte et rideaux, draps, puis chemises, habillements, tabliers, mouchoirs, coeffes… c'est en fin d' inventaire qu'elle elle cite le traditionnel buffet ici en noyer,ferré et fermant à clef. On remarque que ce trousseau a été visé par le futur puisque celui-ci y a apposé sa signature.

Le trousseau suivant concerne de futurs époux un peu moins gâtés par le ciel. Jeanne Pleureux de Chaumercenne doit épouser François Gachot. Le trousseau déclaré dans le contrat de mariage en date du 18 janvier 1684 est estimé pourtant à 150 frs. Outre le coffre de bois de poirier, la future pourra disposer de 12 serviettes (6 ouvrées et 6 de toille médiocre), 2 habits (1 vert et l'autre noisette,tous de serge de Caen), 8 linceuls et autant de chemises, 6 tabliers plus une nappe de 3 aulnes médiocres. En revanche, une vache à titre de commandise (dont elle a la garde : bail à cheptel) de la somme de 33 frs figure dans le trousseau, avec un champ en chènevières de la contenance d'un demi journal au territoire de Chaumercenne au lieu-dit sur la Ville, estimé 50 frs.

Certains trousseaux sont moins bien détaillés : voici celui de Pierrette Jarrot de Chantonnay, demeurant à Chaumercenne, future épouse de Pierre Bentian manouvrier de France et tissier en toille. Ses parents Maître Simon Jarrot et Jeanne Goguel lui promettent dans son contrat en date du 1" may 1664, tout le nécessaire troussel d'une future épouse, n'omettant pas d'y inscrire: deuz assiettes, deuz escuelles, deuz plats, ung pot de 8 mesures de drey avec une salière de tour d'étaing, qu'elle emportera en cas de dissolution.

Dans le contrat de mariage de Claude Courboillet le jeune vigneron de Chaumercenne avec Jeanne Poisse de Valay, la mère de la future a ajouté un détail plutôt inattendu au trousseau de sa fille : elle s'oblige à verser à sa fille la somme de 200 frs monnoye du royaume dont 100 dès la consommation du mariage, les autres 100frs un an plus tard....   Image (7)

La Révolution approchant à grands pas, la composition du trousseau ne subit pas vraiment de modifications comme on peut le constater dans ce contrat de mariage en date du 27 janvier 1790 passé devant Claude Antoine Guillaume notaire à Pesmes. Jean Oudille manouvrier de Chaumercenne et Cécile Dessant demeurant au dit lieu, ont promis de se marier suivant les édits royaux et constitution canonique. Le trousseau promis par les parents de la future consiste en un buffet de chêne ferré et fermant à clef, 18 draps de toile d'œuvre tirant chacun 4 aulnes, 18 chemises de toile d'œuvre à l'usage de femme, 18 serviettes dont 12 ouvrées et les 6 autres unies, 8 habillements complets de différentes espèces et couleurs, 4 nappes de toile ie tirant 2 aulnes chacune, un lit de plume avec son traversin, des rideaux tour de lit avec couverture de chamoise, une paillasse de toile, et ses autres nippes, linges et hardes servant à l'usage de la future. Le futur l'a vu, visité et déclaré l'avoir déjà en son pouvoir et en être content. Il en fait quittance l'ayant estimé à 400 livres.

-l'habitation des jeunes mariés

Pour bien comprendre ce sujet qui figure dans tous les contrats de mariage, il faut connaître la situation particulière d'un habitant ou manant de Chaumercenne.

Tous les hommes et femmes habitant le territoire sont de condition mainmortable envers leur seigneur qu'il soit religieux ou laic. Ils ne peuvent donc pas librement disposer de leurs biens par testament. Pour qu'un fils (ou une fille) hérite de son père (ou de sa mère), il faut qu'il (ou elle) ait toujours résidé sous le même feu que ses parents (la même habitation) et mangé à la même table. Il faut donc avoir,sa vie durant vécu en communion avec son dernier parent pour voir hériter de son bien. Si la personne n'a plus d'héritier en sa communion lorsqu'il décède, ses biens font échutte et son seigneur en dispose sans aucune forme de procès.

Pour assurer la transmission des biens parentaux par héritage, le contrat de mariage fixe les conditions de la communion des futurs avec les parents de l'un ou de l'autre, au moins dans les premières années du mariage. Juste cet exemple pour comprendre cette question.

Pierre Courboillet le jeune fils de Pierre l'aîné et Anne Oudot doit épouser Jeanne Claude Guyotte fille de Jean et de Jeanne Claude Courboillet. Le contrat signé entre les 2 parties le 31 décembre 1764 par devant le notaire Bard de Pesmes, il mentionne la communion des futurs mariés avec la famille du futur. Image (8)

Les parents les accueillent en leur maison tout le temps qu'ils voudront, sous condition de participer aux travaux de la famille et de se montrer respectueux envers eux. Pour les aider dans leur nouvelle vie, ils leur relâchent les fruits d'1/2 de journal emplanté en froment, pendant les 3 années à venir. En cas de dissolution du mariage de la part du futur, ce dernier offre à sa future pendant toute sa viduité son habitation en sa maison, suivant la condition de celle-ci.

-Acte d'émancipation

Pour un fils non encore marié, en communion avec son père, les décisions ne sont prises que par les parents, elles ne conviennent donc pas toujours au fils. Pour le retenir en sa communion lorsqu'il veut se marier, le père doit émanciper son fils afin qu'il puisse prendre ses responsabilités dans la gestion de la nouvelle communion ; cet acte indispensable se passe devant un notaire. qui le relate dans les moindres détails, comme dans l'exemple qui suit.

Claude Courboillet a 40 ans, n'est pas encore marié et vit en communion avec son père Hylaire. Le 15 juin 1691, il se présente pardevant Estienne Grignet de Pesmes, juge et châtelain en la justice dudit Chaumercenne. Tête nue et les mains jointes, il supplie son père de le vouloir émanciper et mettre hors sa puissance pour, par cy après, pouvoir agir sans son autorité, en toute affaire que peut faire un père. Ce à quoi Hylaire Courboillet s'inclinant, et afin que son fils prenne plus de courage à prendre soin de ses affaires, il l'a émancipé et mit hors de sa puissance paternelle ainsy qu'il fait par ceste, pour par luy, aprèsfaire toutes sortes de contrats entre vifs : soit achapt, vente, échange, obligation et autres, soit spécifié ou non, mesme pour ceux qu'il aurait cy devant fait sans son autorité, comme encore donation à cause de mort, testament, codicille et autres, à condition toutefois audit Courboillet de conserver et toujours porter l'honneur et le respect qui est déhu à un père. Et en signe de cedit respect, ledit Hylaire Courboillet luy a ouvert les mains et l'a levé de terre, luy disant : mon enfant, je t'émancipe. Dequoy nous avons octroyé acte.     Image (9)

Cet acte montre l'abandon des responsabilités d'un père au profit de son fils pourtant âgé de 40 ans, une certaine détresse de devoir tout quitter mais il présente aussi la confiance apportée et la fierté de voir son fils reprendre ses affaires de toute nature qu'elle soit, dans le respect et l'honneur qu'il lui porte. A 40 ans Claude Courboillet peut enfin disposer librement des biens que son père lui a confiés, il n'est jamais trop tard...

Dans cet autre contrat de mariage, celui déjà cité de Claude Voilly manouvrier de Chaumercenne avec Jeanne Claude Nivois du lieu, Charles Voilly père du futur déclare qu'il émancipe son fils., pour faire à l'avenir toutes sortes d'actes et contrats à son proffit, ainsi qu'il convient à un père de famille et consent aux acquisitions qu'il acy devant faites de ses deniers et épargnes dans lesquelles ny lui, ny ses autres enfants ne pourront rien prétendre ny exiger. Claude Voilly a tout de même 29 ans.

Certains contrats de mariages présentent des situations particulières, comme dans des remariages. Les futurs ont déjà des enfants et les parents peut-être décédés pour jouir des leurs biens échus.

Cas de remariage

Voici celui de François Febvret de Sornay en date du 21 septembre 1694 , il va épouser Anne Panssard de Chaumercenne. Tous deux ont déjà été mariés et ont chacun des enfants. Les futurs disposent chacun de meix, maison, terres, prés et vignes, meubles et immeubles tant morts que vifs situés sur les territoires respectifs de Sornay et Chaumercenne.

En faveur du traité, les futurs époux se font donation réciproque entre les vifs, au survivant des deux, de l'usufruit de tous leurs biens à charge pour le survivant de nourrir et entretenir les enfants du premier décédant et de payer ses debtes dont les biens se trouveront chargés. Le futur a 5 enfants de son 1er lit et la future en a 2. Dans le cas d'acquêts pendant cette nouvelle union,, ceux-ci doivent être partagés entre les futurs époux et leurs enfants, lit par lit et non pas par tête.

Contrairement au cas contrat précédent, voici celui liant un mois plus tôt Jean Baptiste Jeannot maître maréchal, de Pesmes à honeste Anne Dessans de Chaumercenne. Le mari a 4 enfants d'un premier lit, la future n'a jamais été mariée malgré ses 32 ans. Les futurs époux promettent que les enfants du premier lit partageront avec ceux du second lit avec la future, teste par teste et non pas par lit, dans tous les biens tels qu'ils se trouveront après le décès dudit Jeannot.

Un dernier contrat concernant un remariage est proposé ; il présente un inventaire détaillé des biens possédés par le futur marié avant son remariage. Edme Bon de Chevigney va épouser Anne Courboillet de Chaumercenne. Les pères et mères des deux partis sont décédés, chacun donc se marie dans les biens échus de leurs parents respectifs.

Le futur a marié ses deux filles à deux jeunes de Chaumercenne, il est seul. La future Anne Courboillet âgée de 5o ans décide de ne pas refuser ce mariage, le premier pour elle ; il faut dire que son futur apporte des biens considérables et la dote d'un tiers de 200 livres et pareille somme pour douhaire. Edme Bon dispose de meix, maisons, jardin et dépendances, terres et vignes à Chevigney et à Chaumercenne. Il déclare posséder 5 chevaux de trait, deux vaches et une génisse, 6 moutons et 2 porcs, 9 quartiers de lard et 8 jambons, 2 chariots assortis, une charrette, 2 charrues, 2 cuves dont une de 10 queues, l'autre de 7, 12 queues de vin rouge, 2 feuillettes d'eau de vie, 6 queues de vendange, un alambic presque neuf, 9 ruches à miel.... un matériel de cuisine en fonte avec 10 assiettes en étain comme 4 grands plats, 2 aiguières et 3 salières et une chopine, 8 chaises tant en noyer qu'en chène, 2 fariniers de chène, 3 tables, un autre matériel de chambre avec 2 armoires dont une en chène, 10 paires de draps de lit, 6 napes tant ouvragées qu'unies, une douzaine et demie de serviettes et autres petits meubles servant au ménage, tout un matériel pour bûcheron et vigneron, 80 mesures de bled et 40 d'avoine. Tout cela sera sera conféré en la communion pour en cas de dissolution d'icelle par mort ou autrement, être par ledit Bon ou les siens prélevés avant partage des acquets.

Ledit Bon promet à sa future pour le jour des nopces un habit de drap complet estimé à 30 livres. Au cas où il ne survive pas à son épouse, il lui accorde la jouissance et l'usufruit de tous ses biens à la réserve de ce qui est accordé dans les contrats de mariage de ses enfants à venir. L'acte est passé devant Félix Barbier. notaire roial à la participation de Daniel Courboillet frère de l'épouse, de Jeanne Claude sa sœur et de Jean Guyotte son beau-frère et de Simon Guyotte parent commun des deux parties ; la présence d'une sœur lors de la signature d'un contrat est rare et mérite d'être soulignée.

Le jour des noces

Après la signature du contrat de mariage, les futurs officialisent leur union devant le prêtre de la paroisse où réside la future épouse. Juste avant la bénédiction nuptiale, le futur remet à sa destinée les joyaux nuptiaux promis dans le contrat avec éventuellement la croix d'argent ou des crochets.

La bénédiction nuptiale réunit quelques parents et amis des futurs époux, ponctuée par une messe si le mariage se fait entre gens de “bonne condition”. L'acte de mariage est transcrit dans le registre paroissial le prêtre, en présence évidemment de son immuable assistant, le recteur d'école. Ce n'est que vers 1770 que des détails du mariage sont inscrits dans le registre. Donnons en un exemple parmi tant d'autres.

Daniel Oudille fils de Claude François Oudille laboureur et de Béatrice Labiet ses pères et mère, âgé de 27 ans, et Marguerite fille d'Henry Guyotte aussi laboureur dudit lieu et de fut Cécile Voillier ses père et mère, âgée de 25 ans, après la publication du ban faite sans opposition dans l'église paroissiale de Chaumercenne, domicile des contractants, dispense des deux autres duement obtenue de Mre Buretel de Chassey vicaire général du diocèse de Besançon en datte du 20 octobre dernier, le 4ème publié dans l'assemblée de ce jour, ont contracté mariage et reçu la bénédiction nuptiale du sieur Antoine Myet curé des deux parties, soussigné le 29 octobre 1781, en présence dudit Claude François Oudille père de l'époux, d'Henry Guyotte père de l'épouse qui ont consentis audit mariage, de Simon Oudille frère de l'époux, de Claude Guyotte son beau-frère et de Daniel Oudille son cousin; d'henry Guyotte frère de l'épouse et de Nicolas Rabotier son oncle tous soussignés à l'exception de l'épouse qui est iléttérée.

Quatre bans sont nécessaires pour accorder le mariage entre les futurs époux, dont le dernier juste avant la célébration. pour diminuer le temps d'attente avant le mariage, une autorisation spéciale du vicaire général du diocèse permet de supprimer les second et troisième bans, les bans sont affichés à la porte des églises des paroisses des futurs époux, chaque dimanche jusqu'à la célébration du mariage.

Statistiques et nouveaux arrivants à Chaumercenne

Dans les registres paroissiaux de Chaumercenne, les prêtres successifs de la paroisse depuis 1728 ont donné la bénédiction nuptiale à 275 couples, ce qui fait une moyenne d'environ 4 mariages par an. Dans les archives notariales de 1666 à 1728, j'ai retrouvé 75 contrats de mariage concernant des habitants de Chaumercenne; bien sûr d'autres mariages manquent à cette énumération ( ceux concernant les futures n'habitant pas la paroisse), environ la moitié pour retrouver la moyenne précédente. Le listing de ces 350 mariages donne une idée très particulière de la population du village, de ses traditions mais aussi la volonté très marquée de chercher son futur conjoint hors la paroisse, surtout vers 1670 où l'impérieuse nécessité de repeupler le village s'est fait sentir.

C'est ainsi que Chaumercenne a vu arriver des habitants de la seigneurie de Fleurey et Villersvaudey permise par l'acquisition de celle de Chaumercenne par Julien Richard nouveau seigneur de Chaumercenne, mais aussi d'étrangers à la Comté en particulier des Savoyards et des Suisses. Ceux-ci sont venus résider à Chaumercenne, certains suite à la nomination de Barthélémy Monarque comme curé de la paroisse vers 1665, dont de nombreux membres de sa famille, une partie s'est dirigée sur Authoreille (ou hameau de Sainte Cécile) rattachée à la paroisse de Valay. Bien sûr les villages environnants ont approvisionné la population locale en épouses mais aussi en époux, La Résie St Martin plus que les autres, comme annexe de la paroisse de Chaumercenne, mais aussi Valay, Chancey, Montagney, Chevigney... Champlitte aussi, grâce à la famille Bretet des maîtres-verriers qui y ont pris une place importante, même dans l'échevinage du village.

La vieillesse

Les parents ont assuré leur descendance et travaillé toute leur vie pour transmettre leurs biens à leurs enfants. Ils abandonnent petit à petit terres et vignes à leurs fils restés en leur communion et prennent un peu de repos bien mérité mais la retraite n'existe pas... Ils se retirent des laborieux travaux de la terre pour ne conserver qu'un minimum, minimum qu'ils vont cultiver pour leur propre compte, rarement à deux, un des parents le plus souvent le père est décédé. Dans leur contrat de mariage, une chambre avec feu lui est réservée, avec quelques dépendances communes, une place dans l'écurie pour nourrir un cochon ou une vache, dans la grange pour y haberger un peu de foin, et dans la cave pour y entrer une feuillette de vin.

Dans certains cas, la personne restée seule s'accorde avec sa descendance, pour obtenir une sorte de pension en échange des biens délaissés. Un acte est alors passé devant notaire fixant les conditions de celle-ci, pension en nature mais aussi en argent, valable jusqu'au décès de celle qui l'a sollicitée.

La pension

Messire Jean Baptiste Dessans de Chaumercenne, âgé d'environ 75 ans et son épouse Jeanne Rebilly signent avec leurs enfants et héritiers : Anne épouse de François Jeannot maître maréchal de Pesmes, Jean Dessans laboureur à Chaumercenne et Claudine récemment mariée à Claude Lépine de Broye signent un traité le 7 juin 1695 devant le notaire Jean Pernot à Chaumercenne. Les enfants Dessans accordent une pension annuelle à leurs parents moyennant la relâche de leurs biens sis à Chaumercenne et ailleurs, sans rien se réserver, hors le tènement (une pièce bien à eux) dans leur maison et une partie du jardin potager pendant leur vie.

Chacun des 3 héritiers doit livrer 14 mesures de bled léal et marchand, une feuillette de vin rouge, un pain de sel, 6 livres de lard, 6 livres d'oeuvre et 4 livres d'étoupes ; la pension est réduite de moitié à la mort d'un des deux parents. Le partage des biens des père et mère doit se faire en 3 parts égales après que ceux-ci aient entrousselé ladite Anne Dessans de 10 écus blancs en valeur de 3 livres pièce. Ledit Jean Baptiste Dessans ne profitera guère de cette pension puisqu'il décédera en l'an 1700.

On retrouve Jean Dessans le 7 mars 1738, mais c'est lui qui sollicite ses 4 fils pour recevoir une pension. Chacun d'eux s'oblige de donner à leur père 5 mesures de froment, une feuillette de vin rouge, 6 livres en argent, 10 livres de lard, chaque jour de fête Nativité de Notre Seigneur, 2 livres d'œuvre, un demi pain de sel pour une fois seulement, une mesure de navette, chaque année jusqu'à son décès ; la pension est estimée à 60 livres par an.    Image (10)

Mais parfois la demande de pension ne se déroule pas aussi simplement ; le futur pensionné peut rencontrer des difficultés avec les futurs donateurs dues à ses trop grandes exigence ou parfois au refus d'un des héritiers de verser une partie de la pension en argent.

Voici le cas de Jeanne Jarrot de Chaumercenne veuve de Gaspard Courboillet qui réclame une pension de la part de ses enfants. Concernant son héritage et sa caducité, ne pouvant plus faire valoir ses biens et ceux de son fut mari, ladite Jeanne requiert Gaspard Jacquin mari de sa fille Anne, Jeanne Poisse veuve de son fils Médard et Marie Guyotte veuve de son autre fils Claude dit la France, ses héritiers de bien vouloir lui accorder une pension viagère convenable à son état et condition, moyennant quoi elle leur relâche tous les biens ci-dessus. Faute de quoi, ces dits biens seront admodiés à d'autres qu'eux. La menace est sérieusealors unanimement lesdits Jacquin, Poisse et Guyotte consentent aux offres faites par leur belle-mère qu'elle énonce devant le notaire Claude Jeannier le 27 février 1724…       Image (11)

-Versement par an de 40 mesures de froment, 40 livres en argent et 2 queues de vin rouge léal pour lequel vin elle fournira les tonneaux, le tout livré au jour de feste St Martin d'hyver, à commencer ledit jour de cette année. Ladite Jarrot paiera les impositions de cette année présente.

Elle leur abandonne à présent tous ses biens sauf 2 vaches, le foin et la paille qu'elle a à présent, un vieux coffre, un lict de plume avec son traversin, 6 draps de lin, une couverte, une marmite, les grains et vin qui sont dans sa résidence et le bois. Le reste, ils se le partageront comme il se trouvera convenir. Joseph Lambert et Jean Dessans de Chaumercenne sont les deux témoins requis.

Il faut constater que Jeanne Jarrot n'a pas une confiance totale en ses gendre et belles-filles. Ils n'auront eux aussi, que cette année de pension à lui verser, Jeanne Jarrot décédera en 1725 à un âge plus qu'honorable de 87 ans.

Une autre pension viagère mérite d'être présentée, elle cache probablement une forme d'échutte : Pierre Pansard vigneron de Chaumercenne, âgé d'environ 60 ans, signe le 23 octobre 1755 un contrat avec un certain Pierre Mathey aubergiste à Gray. Ledit Pansard lui cède un meix et petite barraque sise à Chaumercenne, avec aysances, commodités, appartements et dépendances, le tout mouvant et dépendant de la totale justice et seigneurie de Pesmes franc et quitte de toutes charges, se réservant la jouissance de l'usufruit de tout ce que dessus, sa vie naturelle et celle de Jeanne Bouvard qu'il vient d'épouser. La vente est faite moyennant la rente annuelle et viagère pendant la vie durant la vie dudit Pansard, de la somme de 6 livres livrable en sa résidence de Chaumercenne, chaque jour date de ceste, commençant l'année prochaine.

Pierre Pansard n'a plus d'héritiers, ses enfants sont décédés dont le dernier Antoine, célibataire, l'an dernier. Sa santé ne doit pas être bonne ou a-t-il eu un accident, il décède dans l'année de la vente, sans avoir reçu la moindre livre dans la cession de sa maison. Avait-il des dettes envers cet aubergiste de Gray, en tout cas il n'avait aucun lien de famille avec lui...Sa seconde épouse profitera un peu de la maison, ne décédant que 7 ans plus tard.

L'ultime partage des biens

Dans la grande majorité des cas, la maladie ou la vieillesse imposent de régler la succession de leurs biens aux héritiers. Elle ne se fait que rarement par testament jugé trop coûteux, surtout que le partage est mentionné dans les contrats de mariage. Dans les familles aisées, le partage des biens peut susciter des conflits entre les héritiers. Alors dans ses derniers jours, le dernier survivant des parents réunit ses enfants pour l'ultime partage et signe un arrangement devant notaire. Le partage de la maison n'est pas la chose la plus facile entre des fils.

Voici Jeanne Jarrot veuve de Gaspard Courboillet confrontée au problème du partage de ses deux maisons dont une est de mainmorte et l'autre où elle réside encore de franche condition. De son mariage elle a eu 7 enfants dont 5 garçons, 4 sont décédés, son dernier fils décédera encore avant elle, elle meurt en 1725 âgée de 77 ans. Ne voulant pas résoudre ce problème insoluble pour elle mais aussi pour ses héritiers, ni le confier à des experts en droit comtois au seul motif financier, elle réussit à faire admettre le partage de ces deux maisons entre tous les héritiers potentiels.

Le 31 décembre 1731, Jean Dessans pour conserver l'amitié perpétuelle entre ses ses 4 garçons et éviter les difficultés rencontrées lors de partages et divisions de meix, maisons, jardins, aisances et dépendances lui appartenant, situés en la rue basse de Chaumercenne, décide de faire ces partages et divisions de tous ses biens estimés à 400 livres, par devant Claude Juif notaire royal demeurant à Montagney.

D'autres font des donations en remerciements de services rendus, moyennant la charge de régler leurs obsèques.

Voici Jacquette Courboillet de Chaumercenne, veuve de fut Etienne Faivre. Le 18 novembre 1677, elle fait donation irrévocable à Françoise Courboillet veuve de Pierre Guyotte Milan, sa sœur de tous ses biens tant meubles qu'immeubles tels qu'ils se trouveront à son décès et trépas, la jouissance et l'usufruit et ce pour les services, amitiés et soulagements qu'elle a reçus de sa dite sœur, à charge pour elle de faire ses obsèques et frais funéraires comme aussi celui de faire de faire dire annuellement en l'église de Chaumercenne 2 messes basses, l'une à tel jour de la date de son décès et l'autre le lendemain dudit jour. Elle lui cède en rétribution un demi journal de terre en Mormont. L'acte est passé à Chaumercenne devant le notaire Claude Maistret en présence Pierre Mangiron du lieu et Mre André Flaichel recteur d'escole.

Claude Oudille de Chaumercenne cordonnier est atteint depuis plus d'un an d'une dangereuse maladie. Son épouse Jeanne Michaut l'a toujours soulagé et soigné, aussi voulant la récompenser, il désire compléter son contrat de mariage passé devant le notaire Jeannier en date du 11 mars 1733 qui ne lui accorde que très peu de choses pour sa viduité. Pour ces services rendus, il lui promet désormais pendant toute sa viduité, une éminotte de terre derrière la Fan et la faculté d'aberger les grains qui proviendront de ses terres dans le grenier à foing dudit Oudille et la faculté de battre ses gerbes à la grange de laite maison. Ce supplément est estimé à 4 livres par an. Heny Courboillet et Antoine Henryet sont les 2 témoins requis.

10 jours plus tôt Claude Oudille alors âgé de 46 ans épouse en secondes noces, Jeanne Michaud, le contrat cité constitue plus un réajustement conforme à sa maladie, mais pourquoi Claude Oudille signale t-il que Jeanne Michaud l'a toujours soulagé et soigné ?. Il n'est pourtant pas dans les usages de cette époque de vivre en concubinage, surtout à la campagne...

La donation faite par Claudine Droz le 10 juillet 1747 constitue un cas différent des autres. En 1744, elle épouse à l'âge de 45 ans Jean Guyotte Milan manouvrier de Chaumercenne, veuf de Françoise Jeanguyot dont il a 3 enfants. Depuis 8 mois, elle souffre d'une grave maladie ; les 160 livres apportées dans son contrat de mariage du 3 août 1744 par devant le notaire Derriey, au titre de la communion avec ledit Guyotte, ont été employées en totalité par elle en traitements et médicaments, somme dont elle décharge ledit Guyotte ainsi que celle des 25 livres offerte pour joyaux nuptiaux et d'autant pour le douhaire promis toujours dans ce contrat de mariage. Avec l'autorisation de son mari, elle fait donation entre vifs à Jeanne, Jean Claude et Françoise Guyotte Milan, les 3 enfants dudit Guyotte de son premier mariage, de tous ses meubles et effets spécifiés dans ce même contrat, estimés à 80 livres, pour les bons services qu'ils lui ont faits et qu'elle espère encore recevoir, mais aussi pour payer ses frais funéraires et faire la célébration de 2 messes basses pour le repos de son âme et des siens. La donation est faite par devant Claude Juif notaire.

Il faut aussi évoquer le cas de Jean François Lambert manouvrier de Chaumercenne. En 1790 c'est un veuf très âgé (déjà 72 ans) qui souffre de nombreuses infirmités l'empêchant de faire valoir lui-même ses biens . Depuis 1788, tous les biens qu'ils possède, il les a laissés à bail à ferme pour 9 ans commencés par les caresmes, à ses 3 fils Jean Claude, Jean Baptiste et Antoine Lambert qu'il a émancipés dès l'année 1787. Ce bail au rendage annuel de 190 livres obligent les preneurs à le nourrir, loger, chauffer, blanchir et entretenir en leur communion comme ils l'ont fait depuis 2 ans, le soulager dans sa vieillesse et lui donner tous les secours que son âge et ses infirmités exigent, de sorte qu'il ne puisse en marquer le moindre mécontentement.

Quant aux meubles en sa possession, pour éviter toute difficulté pouvant naître au sujet de leur division, il les confie à la communion de ses fils et consistent en 3 bois de lit, 3 paillasses, 2 lits de plumes et un de chardons avec leurs rideaux de vieilles étoffes, 3 traversins, 3 couverte d'horgie et de laines, 6 paires de draps à moitié usés,6 nappes de toile unie...

La présence de Jean François Lambert vieillard infirme doit constituer une charge contraignante pour ses fils communiers. Elle l'oblige à rédiger devant notaire des conditions pour s'assurer une fin de vie décente, preuve s'il en est, que le régime de la communion entre parents et fils majeurs, si elle permet d'assurer la succession naturelle des biens, ne facilite guère une vie familiale naturelle heureuse aux enfants héritiers de leur père .

Un autre cas mérite d'être présenté. C'est celui de Claude Guyotte en 1717. Dangereusement malade et voulant éviter les difficultés pouvant naître à son décès, il convoque en plus d'Anne Jacquin qu'il a épousée 5 ans plus tôt, ses deux frères Pierre et Jean Guyotte, et sollicite la participation de son beau-père Pierre Jacquin ; lesquels après une mûre réflexion et délibération, ont réglé tout ce qui s'en suit, scavoir que le décès dudit Claude Guyotte arrivant, Pierre Guyotte son fils emporte avant tout partage sa part de meix et maison en donnant à sa sœur Jeanne Claude , un troussel en valeur de 100 livres. Le reste de ses biens se partagera également entre les deux. Au cas où l'un deux vienne à mourir, l'autre emportera sa part en entier; si les deux viennent à décéder avant qu'ils aient atteint l'âge de tester, la maison avec toutes ses aysances et dépendances , de même que la vigne de 2 ouvrées acquises de son frère Claude Antoine Guyotte, de même que sa part dans la communion avec ses frères se partagera également entre eux.

Quant à son épouse Anne Jacquin, ses deux frères Pierre et Jean Guyotte lui paieront 300 frs si elle demeure en leur communion. Elle aura à son proffit exclusif ½ journal de froment à choisir dans les médiocres dont les fruits seront recueillis et battus au frais de la communion. Elle sera deplus nourrie, entretenue avec ses enfants aux frais de ladite communion. Pierre Jacquin aiëul des enfants est leur curateur conseillant, Pierre Guyotte leur tuteur. Si elle quitte la communion, elle emportera les biens apportées en la communion de Claude Guyotte son mari, conformément à son traité de mariage, le troussel et les grains de 2 journaux de froment revenant à 38 mesures.

Cette convention entre l'épouse, les enfants et les frères communiers est passée le 8 octobre 1717 devant le notaire Claude Jeannier.

Le testament

Bien sûr, certains transmettent leurs biens par testaments. Leurs rédactions sont analogues dans la forme et se différencient par le contenu .

Voici celui de Philibert Courboillet de Chaulmercennes en date du 15 juin 1637. La guerre fait alors rage en Comté et son avenir est incertain, alité et présentement malade.

Au nom de notre Seigneur, Amen, je Philibert Courboillet,sain de corps et d'esprit, sachant la mort certaine et l'heure d'icelle inconnue, je recommande mon âme à Dieu, mon souverain créateur, à la glorieuse Vierge Marie, à Saint Philibert et à tous les autres Saints et Saintes du Paradis, les priant d'estre mes interlocuteurs afin qu'ils ayent pitié et mercy de mon âme.

Je veux et entend que mon Corps soit inhumé en l'esglise de Chaulmercennes où sont enterrés mes prédécesseurs. Seront faicts mes chantes et obsèques et frais funéraires par mes héritiers cy après nommés, selon mon estat et moyens.

Puis viennent les legs.

Je donne et lègue à chacune des trois châsses principales de l'esglise la somme de 3 gros, idem 10 frs que je donne et lègue à la Confrérie de la Conception Nostre Dame pour une fois seulement ; idem je donne et lègus à mes bien aimées sœursAnne et Jehanne Courboillet femmes de François et Claude Malgérard de Venère la somme de 10 escus portant chacun 3 frs pièce, qui lui sera payé par mon vray héritier pour une fois seulement.

Et quant au surplus du tout et quelconque de mes aultres biens, je les donne à Pierre Courboillet mon bien aimé frère, et ce en considération des bons et agréables services qu'il m'a rendus, et à dffault de luy, je les donne à Jehanne et Anne Couboillet mes sœurs et à Anne Malgérard ma bien aymée belle-sœur et femme de Pierre Courboillet.

Enfin le notaire officialise le testament en la présence des 6 témoins indispensables pour le valider.

Requérant que le scel de sa Majesté soit mis et apposé à icelle affin qu'elle ayt plus de force et vigueur et valleur que furent faictes et passées au lieu de Chaulmercennes par devant Jehan Métadieu dudit lieu notaire ,le 15ème jour du mois de juin l'an 1637 suivant les 5 heures après-midi en la maison dudit donataire. En présence de honorable Claude Guyotte, Toussaint Lampinet, Claude Antoine Ganillot, Claude Guyotte Dagot, Claude Lance, Hylaire Panssard tous dudit Chaulmercennes tesmoins requis.

Le testament suivant montre la profonde piété et foi en la religion du futur défunt. Il est daté du 15 août 1722 et publié le 15 février de l'année suivante, peu après le décès du testataire. Voici quelques extraits du testament de Caude Courboillet dit la France.

Au nom de la Très Sainte Trinité, le père le fils et le Saint Esprit, ainsy soit-il. Je Claude Courboillet dit la France, de Chaumercenne laboureur, sain d'esprit pensées et entendement, grâce à Dieu,quoique indisposé d'une dissenterie dont je suis allité, ne voulant être prévenu de la mort sans avoir réglé les affaires de ma famille, je fais par ces présentes mon testament nuncupatif et ordonnance de dernière volonté.

Après m'estre munis du signe de la croix, j'ay recommandé mon ame à Dieu mon souverain créateur et l'ay très humblement supplié d'intercéder la Glorieuse Vierge Marie, sa très digne mère, de Saint Claude mon patron et de tous ses Esprits Bienheureux, il luy plaise me faire Miséricorde et Pardon de mes offences ,et colloquer mon ame dans sa Gloire après qu'elle sera séparée de mon corps. La sépulture de laquelle j'eslis au cimetière de l'esglise dudit Chaumercenne dans l'endroit où sont inhumés mes prédécesseurs, cghargeant Marie Guyotte mon espouse de mes obsèques et frais funéraires et de faire prier Dieu pour le soulagement de mon ame, et de faire célébrer à cet effet incontinent après mon décès la quantité de 50 basses messes outre celles que l'on a accoutumé de faire dire dans la paroisse au temps des obsèques.

Puis vient la partie legs ; Claude Courboillet lègue à Marie Guyotte son épouse, sa part dans tous les meubles communs tels qu'ils se trouveront à son décès, à condition de rendre et payer à ses enfants et héritiers la somme de 200 livres. Je lui lègue encore l'usufruit et jouissance de tous mes biens à la charge d'élever mes 2 enfants dans la religion catholicque et romaine, apostholcque et les entretenir convenablement suivant leurs conditions, et de maintenir mes biens en bon estat suivant que les usufruitiers y sont tenus de droit, et relascher à mes chers enfants lors qu'ils se logeront ou prendront un estat de vie, telle part et portion de mes dits biens, qu'lle jugera à propos, de son gré et contentement, et dans le cas contraire je veux et entend qu'elle les prive de telle part et portion qu'elle jugera convenable.

Au cas où ladite Guyotte convole en second mariage, elle soit privée dez lors de l'usufruit et tenue de payer à son hoyrie ladite somme de200 livres. Je nomme et institue tutrice de mes 2 enfants pupils Jeanne et Françoise Courboillet agées de 3 ans½ et1 an½, et Simon Guyotte mon beau-frère de Chaumercenne leur curateur à conseil.

Pour le reste de mes autres biensdont je n'ay encore testé, je nomme et institue de ma propre bouche, mes 2 filles héritières universelles et ou les posthumes qui pourraient naistre de nostre mariage, à part esgalle …

Puis vient la validation du testament devant témoins et notaire . Lu et passé audit Chaumercenne en la maison dudit testateur, en une chambre joignant la cuisine au midy, environ les 5 heures du soir du 20ème aoust 1722, pardevant Jean Vuillemot notaire royal de Venère y résidant, en présence de Claude Robert, Pierre Lambert, Charles Bretet, François Desans, Antoine Guyotte dit Mourot, Jean Laloy et Jean Baptiste Devaux, tous dudit Chaumercenne y demeurant, laboureurs ou vignerons à la réserve de ce dernier qui est reteur d'escol, tous tesmoins à ce requis. La totalité des biens contenus en la présente est estimée par ledit testateur à la somme de 1400 livres.

Un dernier testament mérite d'être signalé pour plusieurs raisons, d'abord c'est celui d'une femme , puis ce sont les conséquences de l'héritage qu'elle cède, n'ayant pas eu d'enfants. Le 20 avril 1632 Françoise Guyotte fille de François Guyotte dit Quingey (l'une des plus anciennes et plus riches familles de Chaumercenne), fait rédiger son testament par Hilaire Poirey notaire du lieu. Née vers 1595, elle a encore sa mère Pierrette Lacenaire ( elle a offert à l'église de Chaumercenne la statue de St Antoine avec les enfants dans le saloir) et a tout de même perdu il y a 3 ans, sa grand-mère Anne Clère Haym originaire de Malans dont la dalle funéraire se trouve dans la nef. Elle n'a pas eu d'enfants de son mariage daté de 1617 avec noble Pierre Mareschal de Valay procureur de la gruerie en la ville de Besançon (office des forêts) qui l'a délaissée depuis qu'elle est atteinte de grandes maladies. Elle vit donc alitée, en la maison de ses frères Pierre et François Guyotte Quingey à Chaumercenne.Voici son testament

Au nom de Notre Seigneur Amen, , je Françoise Guiotte … en récompense et pour revanche des bons et agréables services desquels je suis esté secourue spécialement dans mes maladies, je cède tous mes biens à honestes François et Pierre Guiotte mes bien aymés frères absents , le notaire souscript pour eux stipulant et acceptant, tout et quelconques de mes biens, constitution de toute obligation ou autres quelconques à moy présentement eschus, comme aussi tous et quelconques des autres biens qui me devaient eschoir après le décès de ma mère Pierrette Lacenaire. Je les nomme mes procureurs généraux et spéciaux et irrévoquables, à charge par eux de faire mes frais funéraux, pains annuels, espérant qu'ils s'en acquitteront en mieux qu'il leur sera possible. Ils devront aussi payer et délivrer la somme de 300 frs à Jeanne Guiotte ma sœur femme de Jean Bolu de Gredisans, à prendre sur le plus clair de mes biens, pour la singulière amitié que je lui ay touiours porté.

Je veux et entend donner en la meilleure sorte et manière à la présente donation à cause de mort et ordonnance de dernière volonté, j'ay fait mettre le scel de sa Majesté Catholique dont on a à Gray, par Hilaire Poirey dudit Chaumercenne notaire. Fait et passé audit Chaumercenne en la maison et résidence desdits François et Pierre Guyotte mes bien aymés frères, en la cuisine, environ l'heure d'une après midy du dimanche 20ème du mois d'apvril l'an 1632, présents Estienne Bel, Claude Chauvirey, Claude Antoine Guiotte filz d'Antoine Guiotte dit Ganillot, Claude Poirey le jeusne et Pierre Règle, tous dudit Chaumercenne tesmoins requis.

Pierre Guyotte son frère mourra pendant les guerres de 1637 sans héritiers, son autre frère François Guyotte testera peu après, légant 1500 frs à chacune de ses deux sœurs Claudine Guyotte l'épouse de Gaspard Febvre notaire de Velesmes et à Jeanne Guyotte veuve Bolu, 200frs à son filleul François Brusset de Gray, 400frs à son beau-frère noble Pierre Mareschal déjà cité, le reste est consacré à des legs à des associations religieuses de Gray : les Capucins, les Cordeliers et l'Hospital du St Esprit, à chacun 100 frs.

Le seigneur de Chaumercenne Julien Richard, à l'affût de toute disposition testamentaire de personnes n'ayant pas d'enfants pour leur succéder, intentera un procès contre les héritiers de ces Guyotte dit Quingey, pour échuttes susceptibles de lui arriver, mettant même en cause les biens de Claudine Guyotte veuve en premières noces de fut Gaspard Febvre, puis remariée à Vincent Luxeul scribe en la justicede Pesmes.

Ce procès se prolongera longtemps, repris plus tard par Jean Baptiste Richard de Villersvaudey le nouveau seigneur de Chaumercenne, bien après le décès de son père Julien Richard, puisqu'il devra attendre sa majorité pour s'occuper de ce problème. En 1679, ce problème d'échuttes perdurait encore, contestant encore les biens maternels de Pierrette Febvre veuve de noble Claude Antoine Guelle en son vivant professeur à l'Université de Dole.

Que de recherches et de temps passé par les seigneurs ou leursjuristes à exhumer des terriers et autres actes remontant jusqu'à l'an 1500 pour retrouver enfin l'origine de cette famille Guyotte et la prise de meix de Jehan Guyotte Cortot, dit aussi Perrenin, qui faisait de lui un homme mainmortable , mais aussi toute sa postérité, en partculier sa trisaieule Claudine Guyotte dit Quingey, elle qui testait en 1632 ...