16-Le patrimoine architectural hors église
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- Catégorie : Le patrimoine architectural hors église
- Publié le vendredi 25 janvier 2019 21:08
- Écrit par THIEBAUT Alain
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Le patrimoine architectural de Chaumercenne (hors église)
Les châteaux de Chaumercenne
Une rue de Chaumercenne s'appelle Rue du vieux château, elle passe devant le vieux château qui n'est pas celui qu'on croit. Ce n'est pas le château avec ses 2 tours carrées, à droite et au bout de celle-ci, mais la maison tout en longueur située plus en avant et à gauche.
Le vieux château
Il était la possession des La Baume Mont Saint Ligier avant que sa dernière propriétaire, la jeune Geneviève de la Baume n'épouse à 15 ans un jeune seigneur qui n'avait aucune chance d'avoir un avenir radieux : Claude de Beaujeu peut-être âgé de 16 ans, nous sommes en 1529. Née en ce château vers 1515, elle ne reviendra peut-être plus en cette demeure, revoir parents et frères. Elle décède en 1596 dans son château d'Artaufontaine (près de Montot), le vieux château n'a plus aucune autre fonction que de servir de salle d'enregistrement d'actes de la seigneurie de Chaumercenne ; elle s'est appelée la maison des Sires.
Maison forte possédant une tour carrée au nord, sa façade sud s'ouvrait sur un clos de 8 ouvrées (environ 1 hectare) appelé la Forge. Elle possède encore ses fenêtres bigemminées, mais la magnifique cheminée de la grande salle seigneuriale n'existe plus, tout comme la tour carrée dont on devine encore l'épaisseur des murs (1m 20) au n°3 de ladite rue du vieux château. On peut encore apprécier l'entrée de la cave voûtée qui jouxtait l'office. Image (01)
Le château de Chaumercenne
Construit en 1617 pour Estienne de Montureux coseigneur de Chaumercenne, il présente ses 2 tours carrées encadrant le portail d'entrée avec son fronton triangulaire. Initialement le toit en pavillon avait 4 pans ; à l'arrière un escalier était jeté à l'extérieur pour accéder aux chambres et greniers. En avant du château se dressait majestueusement un colombier cylindrique encore visible sur des cartes postales de 1910, même si déjà l'extérieur se fissurait. Image (02)
il n'en reste pratiquement plus rien. Tout autour, il y avait jardins potagers, vergers et bien sur des vignes. Des murets de 2m de haut délimitaient toutes ses parcelles. La famille Richard de Villersvaudey unique propriétaire de la seigneurie de la Baume y a habité en belle saison jusqu'en 1700, avant que Mr le Marquis n'achète la demeure plus confortable de Tromarey et toute la seigneurie qui l'accompagnait. Image (03)
Du château de Chaumercenne perdure la grande cheminée armoriée en la cuisine dont l'écu mesure 29,5 cm de haut sur 23 de large. Il est parti et n'a pas encore été totalement résolu. A dextre : d'or au lion de sable, langué et couronné de gueules, à la bordure dentelée de même ; ce sont les armes de la famille des Montureux, normal ; A senestre 3 figures identiques? placées 2 et 1, (émail non précisé) ; cette figure représente un sorte de sapin dont la racine se tourne vers la droite…. A qui sont ces armes ? Un jambage de cette cheminée porte un écusson martelé mais pourquoi pas l'écu central ? La cheminée a-t-elle été déplacée, manteau et jambages ne seraient-ils pas de la même cheminée ? Image (04)
Les maisons particulières
La maison des Carmes
C'est la maison au n°11 sur la route de Valay. Elle présente pignon sur rue avec des fenêtres bigemminées surmontées d'une arcade contre laquelle quelqu'un a rajouté une croix, une approche des armoiries des Carmes de Gray…
En écoinçon des façades ouest et sud, une statue d'évêque signale le côté religieux de cette habitation appartenant aux Carmes de Gray. L'évêque porte mitre sur la tête et tient sa crosse de la main gauche. De sa main droite il bénit, il st représenté en chasuble. Remarquez les 2 têtes ailées à l'arrière. Un grille fut posée pour lui éviter vol et dégradations. Image (05)
Avec la disposition des oculus, on devine à l'intérieur la présence d'un escalier ; il est en pierres de tailles et à pas d'âne (pour faciliter la montée des sacs de grains dans les greniers à l'étage). Deux voûtes coté nord indiquent la fonction des pièces, celliers réservés à rentrer les vendanges et à conserver les vins, des vignes que possédaient au village les Carmes de Gray.
Au rez de chaussée, les salles sont voûtées. Il existe dans l'une d'elles une superbe plaque de cheminée avec un écusson en son centre avec pour tenants 2 griffons surmontés de la devise : Et Toujours Plus. A qui appartiennent ces armoiries ?, le mystère demeure. Image(07)
La maison templière et la Tour de Jacques.
Face à la maison des Carmes et au n°18, la maison avec contreforts semble être une ancienne maison templière ; d'ailleurs un linteau de porte intérieure présentait encore récemment un écu à la croix de Malte. Elle servit de maison seigneuriale à la noble famille des Guelle, lui est adjointe une tour carrée servant de pigeonnier, symbole visible de noblesse. Image(08)
Tout en haut de la tour, on devine l'emplacement de l'écu des Guelle retiré lors de la vente de cette maison en 1746 à un membre de la famille Guyotte qui a apposé l'inscription sur le linteau de la porte d'accès. Cet écusson de la famille Guelle est visible sur une porte murée d'une maison de Pesmes située dans une ruelle, face à l'office de tourisme. Guelle ou Guesle portait : d'azur à un chevron d'or accompagné en chef de 2 étoiles de même, et en pointe d'un croissant d'argent.
La maison de la Sainte Trinité.
Toujours route de Valay, au n°29 se dresse cette maison ancienne dont le pignon donne sur la rue. Magnifiquement restaurée, elle présente sa façade avec fenêtres et porte bigemminées, avec corbeaux sous celles du haut, destinés à recevoir les perches pour le séchage du chanvre.
Elle fut construite à la fin du 15è siècle pour Antoine Guyotte et son épouse Girarde Ponssot, dont la dalle funéraire est relevée sous le poche de l'église. Image(09)
Dans un niche creusée contre la façade on peut découvrir la statue de la Sainte Trinité, très dégradée par des mains de personnes peu intelligentes, ce qui a nécessité la pose d'une grille qui en cache une partie. Dieu le Père est assis et tient contre ses genoux son Fils et la colombe du Saint Esprit sous son menton. Cette statue semble dater de la construction de cette maison religieuse, puisque le fils Humbert Guyotte était prêtre de la chapelle fondée en l'église du lieu. Image(10)
Les maisons des 2 frères Courboillet.
Sur la route de Bard, aux n°30 et 34 , peut-être les plus anciennes maisons de Chaumercenne. La 1ère a été restaurée par la Commune et a conservé sa cheminée originelle. La seconde présente sur le linteau de la grande fenêtre un écusson avec une inscription au départ énigmatique (les lettres sont sculptées de façon très arrondie avec des espaces de liberté entre elles), mais qui a vite été résolue : Jehan Corboillet dict le Goffu. Cet homme vivait encore en 1510. Image(11)
La maison Gaulard
Située sur la Charme au n° 8, elle est la seule maison à colombage du village. Son portail d'entrée en bois est surmonté d'un petit toit en tuiles. Elle était très appréciée pour ses jardinets délimités par des allées bordées d'arbres fruitiers, si appréciée que les officiers allemands s'y installèrent en juin 40. Elle était la seule à l'écart du village, à présenter du repos et le confort...
L'institutrice Mme Ceyzériat y vécut jusqu'à son décès. Image(12)
La maison Saint Roch
Au n° 6 de la route de Valay, cette maison était la résidence secondaire de Mr Jean (Jean Courboillet), parisien (mais natif de Chaumercenne) qui venait y passer ses vacances d'été, derrière la superbe grille en fer forgé ; Les jeunes du village attendaient son arrivée avec impatience, ils escortaient son carrosse depuis son entrée au village jusqu'à sa maison. Image(13)
Elle était appelée ainsi pour la statue contenant le Saint, hélas bien peu de personnes ont pu voir le genou tubéreux de Saint Roch, la statue fut rapidement volée…
Les Croix
Chaumercenne était protégé, comme cela se faisait dans tous les villages, par des croix de chemin disposées aux entrées du village, il n'en demeure plus que 3 sur les 4. La croix de Chevauchier sur le chemin de Bard célébrait la célèbre chevauchée de Forkatz qui mit en déroute les Français retirés dans Valay qui, pour s'enfuir passèrent à toute vitesse l'Ognon à Brésilley... Elle a disparu depuis longtemps, peut-être lors du rattachement de la Comté à la France...,
Celle sur le chemin de Sauvigney (à l'entrée du bois de la Fan) existe encore, la chapelle de prière du seigneur de Chaumercenne a été transférée en l'église de Chaumercenne, elle est la croix des Guyotte Mourot, enfin les croix de Chancey et de Valay.
La croix de Sauvigney, dite de la Fan
Erigée en 1810, à la place de la chapelle seigneuriale des Richard de Villersvaudey, elle porte l'inscription : A la dévotion de Barbe Hitier par son époux Antoine Guyotte maréchal-ferrant en son vivant, puis relevée en 1847 par Honoré et Jean Baptiste fils d'Antoine Guyotte ; à la dévotion des deux époux. Image(14)
La croix de Chancey.
Erigée en 1866 par Claude Françoise Ligey veuve d'Etienne Chauveroyche vigneron, pour ses parents Henri Ligey et Barbe Dessant nés et décédés à Chaumercenne. Elle fut relevée par Claude Antoine Fraumont et son épouse Victoire Compère pour leur fils Léon, Frère Raymond de la Doctrine Chrétienne, pieusement décédé à Besançon en 1894 à l'âge de 18 ans. Image(15)
La croix de Valay.
Elle est très ordinaire et ne comporte aucune inscription, pas même le nom de son généreux donateur, à moins que ce soit la Communauté qui en a exigé l'érection.
Ses croix étaient visitées tous les ans pendant la période des Rogations . Une procession était organisée avec les habitants et le prêtre desservant la paroisse. A cette occasion, le prêtre bénissait sur place les petites croix en bois que chaque habitant avait fabriquée et lui présentait, dans l'espoir d'une bonne saison de récoltes : d'abord celles des foins, puis moissons et enfin vendanges.
Autres croix
La croix devant l'église.
Erigée en 1810, cette croix porte une inscription sibylline (beaucoup d'abréviations dans le texte) : A-L-D-DE-A-MALGERARD ET A-ROUSSEY-S-EPOUSE ; ce qui donne :
A LA DEVOTION DE ANTOINE MALGERARD ET ANNE ROUSSEY SON EPOUSE.
Curieusement, elle fut érigée du vivant des deux époux. Image(16)
L'Oratoire route de Valay .
Cet Oratoire fut érigé en 1623 par Anne Guyotte Cortot veuve de Claude Guyotte dit Mourot, peut-être la seule alliance entre 2 branches différentes de Guyotte de Chaumercenne. Elle présente 2 écoinçons en têtes d'anges et une niche renfermant une statue de la Vierge avec le Christ mort reposant sur ses genoux (Piéta très similaire à celle disposée dans le chœur de l'église).
A gauche un blason et une croix de Saint André et les initiales C et G pour Claude Guyotte.
Côté nord on peut y lire : Image(17)
A la dévotion de Claude Guiotte dit Mourot en son vivant estoit erige ceste croix -il deceda le 23 may 1623 et Jehanne guiotte sa vesve la faict faire. Elle fut posée le dernier de febvrier 1625.
La carte postale de 1905 présente l'Oratoire flanquée contre une maison, seule rescapée de l'incendie survenue en 1847 qui détruisit le pâté de maisons avoisinantes appartenant aux familles Henriet et Dessant. L'oratoire appartenait à la famille Guelle, il fut vendu dans un des 3 lots en 1746 et est rentré dans le patrimoine de la commune. Image(18)
La fontaine de Fourney
La commune de Chaumercenne a toujours eu des soucis d'eau pour alimenter ses habitants et abreuver son bétail. Erigée au lieu-dit Sous Fourney (route de Montagney) lorsque des recherches ont permis de trouver de l'eau, cette fontaine fut construite au début du 17è siècle, hélas trop éloignée du village pour qu'elle serve efficacement.
Les étés secs, elle était pourtant la seule fontaine du village à offrir de l'eau aux habitants mais insuffisamment pour combattre les incendies. Les dames apportaient leurs lessives fumantes, y rinçaient leurs draps et les séchaient à même l'herbe des prés.
La fontaine de Fourney est classique : un puisard récupérant les eaux des environs qui sont alors dirigées dans un petit bassin carré (rinçoir), puis se déversent dans un grand bassin (lavoir). Ces eaux se répandent ensuite dans les prairies plus basses et rejoignaient, dit-on, le village de Bard les Pesmes.
Cette fontaine est un peu enterrée et les jours de grandes pluies, celle-ci se retrouve souvent sous les eaux et les boues remplissent le grand bassin.
Depuis 1953 et l'adhésion de la commune au syndicat des eaux de Sainte Cécile, la fontaine de Fourney n'est plus utilisée et laissée à l'abandon.
Il y a 4 ans, un mur de protection menaçait de s'écrouler dans la fontaine, des bénévoles l'ont fait tomber et l'ont remonté. Les bassins ont été assainis ; on a retrouvé la pierre de protection du puisard contre le bétail qui venait y boire, ainsi que la vidange du grand bassin. Quelques photos de ces travaux sont présentées en annexe. Image(19 Image(20)
L'entretien de cette-ci est obligatoire sinon elle sera vite enfouie par les buissons. Cette fontaine de Fourney n'attend plus que de nouveaux volontaires pour la faire vivre. Elle demeure un élément important de notre patrimoine qu'il ne faut évidemment pas délaisser.
La Vierge de la Charme
Erigée en 1888 pour éloigner le phylloxera qui sévissait depuis quelque temps dans le sud de la France, la Vierge de la Charme se dresse au-dessus du vallon, maintenant entourée d'hbitations. C'est une souscription qui à permis sa construction. Elle est trône sur un majestueux piédestal cylindrique crénelée à sa partie supérieure : on peut y lire l'inscription priez pour nous. Sur sa face latérale des symboles rappelant la vigne : sarments, pèse-moût, et des cartouches dont un porte la mention latine rappelée par Marie à son fils Jésus : VINUM NON ABENT (ils n'ont plus de vin), comme ces malheureux habitants de Chaumercenne qui ont vu leurs vignes ravagées par ce maudit phylloxéra. Image(21)
Nous ne reviendrons pas sur les différentes inscriptions du cartouche, liées aux différents prêtres qui se sont succédés à Chaumercenne : Vinum non Habent ou Fidem non Habent. Cette histoire est racontée dans un autre dossier.
La Vierge, quant à elle ouvre ses bras protecteurs dirigés vers le village, bras qui relèvent les bords d'une cape légère laissant entrevoir sa robe. La Vierge est couronnée comme beaucoup de vierges du village. Deson pied droitelle écrase le Serpent du Mal, celui qui ronge les vignes qui, il y a peu de remps, faisaient la renommée de Chaumercenne. Image(22)
Le relais de diligences
Existait vers 1830, à Chaumercenne un relais de postes, Une diligence assurait le transport du courrier et des voyageurs. Une halte pour le changement des chevaux était assurée dans les annexes de la maison en face la notre.On garait les diligences pour la nuit dans le bâtiment restauré au fond de la cour du n° , très reconnaissable à ses hautes voûtes qui permettaient l'accès à ces diligences.
Ce service ne dura qu'une soixantaine d'années jusqu'à ce qu'un bureau de postes soit installé au villageen décembre 1893 : une porte ouverte au public et une boite à lettres dans une dépendance de la maison de Louis Duvernoy.Image(23)
La place du village
Autrefois elle s'appelait la place des Tilleuls ; d'énormes tilleuls ombrageaient cette place qui devait être très odorante en mai, elle protégeait ainsi du soleil d'été, les 2 immenses citernes d'eau voûtée indispensable à la population et à son bétail. Sur la carte postale datée de1945 jointe au dossier, on peut constater l'animation de la place, l'abreuvoir et sa pompe ainsi que la croix, la fontaine n'est pas visible et la place prise par ses tilleuls. Image(24)
La place a beaucoup changé depuis cette époque, le Monument aux Morts y a été installé, les grands tilleuls ont disparu et la croix déplacée.