H02 La noble famille des Poncelin possesseur de biens à Chaumercenne

 

Généalogie de la noble famille des Poncelin possesseur de biens à Chaumercenne

 

Arbres des Poncelins

 

 

Une famille Poncelin a acquis des biens à Chaumercenne, elle est bien connue audit lieu depuis le mariage de Claude Antoine Poncelin lieutenant au Baillage de Pesmes avec Claude Antoinette Guelle (ou Guesle), jusqu'après la Révolution.

 

Origine possible de cette famille

Remontons cette généalogie plus loin encore. A l'origine,il semblerait que ces Poncelin seraient issues d'une famille de gentilshommes espagnols venue à Gray peu avant le17è siècle, contrôler les fortifications de cette ville pour le service de Sa Majesté Très Catholique, le roi d'Espagne Philippe II.

En effet les guerres entre l'Espagne et la France concernent tout particulièrement la Franche Comté dont l'Espagne en est le protecteur. Il est donc naturel de voir des gentilshommes espagnols se mettre au service de la Comté province très convoitée par les rois de France, et à cette époque par Henri IV. De nombreux actes sont mentionnés dans les registres paroissiaux de Gray. Ceux concernant les futurs Poncelin de Chaumercenne ne portent pas la mention de nobles. Ils font donc partie d'une branche roturière, la branche noble ayant donné entre autres les Poncelin seigneurs d'Echevanne par le mariage de Anathoile Poncelin docteur es droits,fils de Thomas et de Catherine Dardot, avec Françoise Tricornot fille d'Antoine aussi docteur en droits et de Catherine Le Poix, le 15 février 1654.

Il ne sera donné que la généalogie de cette branche roturière des Poncelin

 

I- Thomas Poncelin le vieil(1)

Né vers 1538. Il est dit serrurier dans un registre de comptes concernant les fortifications en 1560, puis orfèvre. Il épouse Guillemette Magnenet dont il a Thomas ainsi que 2 autres filles dont Claudine (1568/1636) mariée à Guillaume De Launay (1565/1626).

 

II-Thomas Poncelin (2)

Thomas (1560/1630) est dit orfèvre, marié en 1584 à Jeanne Soyère (1566). Il est père de nombreux enfants, entre autres de Jeanne Baptiste Poncelin et de Anathoile Poncelin qui suivent, de Thomas(3) lui aussi orfèvre, dont sortira la branche noble des Poncelin, de Nicole future épouse de François Agnus (1597) qui engendrera la grande lignée des Agnus de Gray.

 

III-1 Jeanne Baptiste Poncelin

Née en 1602, elle épouse vers 1625, Claude Brusset né en 1597 procureur, futur échevin de Gray. On va parler plus tard d'un de leur fils François Brusset. Jeanne Baptiste Poncelin est décédée à Cult en 1659, on peut voir sa pierre tombale en l'église du lieu. Son mari lui survivra.

 

III-2 Antoine Poncelin

Né en 1585, Antoine Poncelin est cité honorable et orfèvre, nommé contrôleur des fortifications de Gray. Il épouse en 1608 Marguerite Gauthier née en 1588. dont ils ont François. A sa mort survenue avant 1640, peut-être pendant la fameuse Guerre des 10 Ans, il était cité orfèvre (aurifabri).

 

IV-François Poncelin

Né le 20 janvier 1610, François Poncelin est aussi nommé contrôleur des fortifications de Gray après le décès de son père. Il épouse en 1632 Valentine Perrin née en 1614, décédée en 1637 dont il a Antoine qui suivra. puis en 1638 Anthoinette Dard (1614 /1672).

On le retrouve premier postulant au siège de Gray et procureur dès 1635. De son second mariage, sont nés Jean Baptiste Poncelin né en 1656 , sa marraine est dame Françoise Tricornot qui vient d'épouser Anathoile Poncelin le docteur es droits, seigneur d'Echevanne. Ce lien entre les 2 branches de Poncelin, l'une noble et l'autre roturière montre que ces 2 familles sont d'une parenté proche, cousins peut-être. Une fille Anne est née de cette union avec Anthoinette Dard, qui suit.

 

V-1 Anne Françoise Poncelin

Née en 1643, elle a pour marraine Anne Agnus d'une famille noble de Gray. Elle épouse en 1660 (à 17 ans) noble François Brusset fils de Claude Brusset le procureur et de Jeanne Baptiste Poncelin vue plus haut. En 1665 son mari est cité docteur es droits.

 

V- Antoine Poncelin

Fils d'honeste François Poncelin et de Valentine Perrin, Antoine naît le 18 août 1633. Son acte de baptème mentionne l'habitation des parents : sur la place de Gray, son parrain est Antoine Poncelin (lequel?) et sa marraine damoiselle Bénigne Symonin. Il épouse Guillemette Nepveux (1634) fille de François Nepveux marchand, le 25 août 1655. On le sait procureur en 1666, titre présenté lors de la naissance de sa lile Roze le dernier jour d'avril. Il décède le 3 décembre 1706, son épouse lui survit encore en 1712.

Il a au moins 5 enfants : 4 garçons Jean Claude, Anathoile et Claude Antoine ce dernier nous intéresse plus spécialement, les 2 derniers feront toutes branche et Claude François Poncelin curé de Tartécourt et aumônier de Leurs Altesses de de Lorraine, et une fille : Roze (1666) l'épouse de François Debiez procureur fiscal à Vuillafans et Claude Antoine Poncelin qui suivra.

 

VI- 1 Jean Claude Poncelin

Né en 1670 et décédé en 1749, il est maître apothicaire à Gray et bourgeois de cette ville en 1741, il épouse (en 3è noces) Jeanne Marguerite Maîthret ou Maîtret (1684 / 1766) le 18 février 1710.

On lui connaît un fils Charles François Poncelin prêtre familier de Gray : c'est lui qui est nommé dans le testament de son cousin Antoine François Xavier Poncelin, curateur à conseil de ses enfants en 1758, et une fille Anne Claude mariée en 1741 à Pierre Antoine Agnus avocat en Parlement.

 

VI-2 Anathoile Poncelin

Né en 1660, il obtient en 1684 une lettre de procureur, il fera branche à Frasne le Château où il est la charge de procureur fiscal en ce lieu. Il est l'époux de Anne Françoise Loigerot ; on délaisse la desendance qui ne présente pour Chaumercenne aucun intérêt.

 

VI-3 Claude Antoine Poncelin

Fils de Antoine Poncelin le procureur et de Guillemette Nepveux, Claude Antoine naît le 14 octobre 1669. Vers l'an 1695, il épouse damoiselle Claude Antoine Guesle (née à Dole en 1663) de Claude Antoine Guelle docteur es droits et de Pierrette Febvre (pour plus de détails voir la généalogie des Guesle). Le couple réside à Gray où Claude Antoine Poncelin est nommé Conseiller garde-scel de la chancellerie établie auprès du présidial de Gray, mais possède le petit château à la Résie St Martin où on le verra plus tard, les problèmes de voisinage sont nombreux.

 

Claude Antoine veut alors s'élever dans la hiérarchie sociale de l'époque, d'abord posséder un fief.

Il acquiert par contrat en date du 13 mai 1714 , de la dame Tassin baronne de Choye les droits de haute, moyenne et justice à elle appartenant en ladite justice et qualité dans le village de Chaumercenne, moyennant la somme de 750 Liv. mais comme suivant les anciennes ordonnances et usages du Comté et confirmées par les déclarations du 26 décembre 1705, il est défendu aux non nobles de posséder fief sans notre expresse autorisation, il obtient par lettres patentes données à Versailles en janvier 1715 ces lettres de permission pour tenir fief, sans y pouvoir estre troublés soit par droit de commise ou pour autre cause, bien entendu après avoir payé au receveur du domaine pour une seule fois, la finance à laquelle sera évaluée une année de revenus desdits droits.

Claude Antoine Poncelin ne pourra en aucun cas s'attribuer le titre de noble, ni s'exempter des charges dont il sera tenu comme roturier.

Le second mars 1715, Claude Antoine Poncelin est introduit en la Grande Chambre de la Cour du Parlement de Besançon et y ayant fait de main et de bouche lesdits devoirs de fief, il preste le serment en tel cas requis. Ladite Cour le met, l'envoie en la jouissance et possession de ladite haute, moyenne et basse justice. Il ne lui reste plus qu'à donner le dénombrement dans ledit temps de la coutume, ayant taxé l'année de revenus de ladite acquisition à la somme de 26 Liv.5 sols qu'il devra payer aux receveurs des domaines.

Charles Antoine de la Baume seigneur et baron de Pesmes contestera cette acquisition de cette seigneurie de Choye à Chaumercenne. Il essaye bien d'user de son droit de retrait comme bien de sa baronie, mais en vain...

Claude Antoine le conseiller garde-scel au Présidial de Gray possède un fief qu'il peut tenir librement mais n'est pas encore noble…

Claude Antoine Poncelin est un être violent, querelleur et procédurier, il suffit de relater ces3anecdotes.

La 1ère s'est déroulée le 25 juillet 1709. Monsieur le Conseiller garde-scel a 40 ans, il refuse de payer à Mr Maurice Baular de Gray fermier des octrois de la ville, la redevance de 1 gros par chariot de foin provenant de la Grande Prairie, devant la tente dressée au bout du premier pont de bois de la porte basse de la ville, précisant  qu'il était franc (dispensé de la redevance).

Le maire et le Conseil n'entendent point cela signifier qu'il n'y avait pas d'exempts et qu'il lui faudrait payer.

Claude Antoine Poncelin précisa qu'il se foutait pas mal du maire...

Repassant avec un autre chariot de foin sans toujours vouloir payer la redevance, le fermier arrêta les chevaux par la bride, Claude Antoine sauta sur le devant du chariot, prit une fourche qui était sur le foin mais qu'un particulier réussit à lui ôter de la main. Saisissant alors le fouet du charretier, il frappa violemment le fermier des octrois, le prit par les cheveux, le terrassa, lui donna différents coups de pied dans l'estomac, le laissant sans force. Le pauvre homme âgé de plus de 70 ans, les douleurs très aigues et violentes dans tout le corps, sentit sa vie en danger.

Dans laseconde histoire qui a lieu le 3 avril 1726, Claude Antoine Poncelin s'en prend très ouvertement à un membre important du clergé de Gray : le sieur André Joly, prestre docteur à la Sorbonne, administrateur de l'église paroissiale de Gray. Sur la place publique, une canne à la main qu'il tient de façon fort animée, ayant toujours son chapeau sur la teste, il profère à son encontre de violents propos : « Oh coquin, bougre de malheureux, bougre d'administrateur, scélérat, apostat, profanateur de calice et de vases sacrés, tu t'en souviendras et qu'il le fera connaître. Tout un chacun des personnes massées sur la place parut fort étonné et scandalisé et ne put le radoucir continuant à menacer le sieur Joly de 100 coups de bâton. »

Auparavant, le 1er avril, Claude Antoine Poncelin avait reçu une lettre-paquet dans laquelle on avait mis un peigne de cheval, un bas de femme, de la poudre à poudrer les cheveux et des cartes...dont il soupçonnait le sieur Joly administrateur en estre l'autheur, dans le but d'insulter le sieur François Joseph Poncelin prestre et fils dudit Conseiller garde-scel.

La dernière qui se déroule le dimanche 7 avril 1715. se montre plus sordide que les autres ; elle concerne Guillaume Poisot tissier en toile qui s'en revient de Montagney et rentre à la Résie, et dont la rencontre avec Claude Antoine Poncelin (46 ans), son fils aîné Antoine François Xavier (18 ans) et les couples Oudot tourne à la violence, sans raison particulière, juste par haine.

Coups de bourrache,de fusils, de bâtons et de pieds s'abattent sur le pauvre homme, lui enfonçant le crâne en 2 endroits de la tête, le meurtrirent et le rouèrent de coups sur tout le reste de son corps. Quoique le pauvre fut prêt à expirer, leur rage n'estant pas encore apaisée, ils le traînèrent par les cheveux dans la maison desdits Oudot, le lièrent, le garotèrent par les bras et les jambes et le jetèrent dans une écurie où on le laissa jusqu'au matin puis on le conduisit dans les prisons de Gray où il mourut le soir même de ses blessures suivant le rapport fait par les médecins et chirurgiens jurés qui font voir qu'il n'y a jamais eu un Martin qui ait esté traité plus cruellement.

Voici comment il fut conduit à Gray : Poncelin le père prit sa charrette et son cheval, il y mit le moribond tout engaroté, les pieds en haut, la teste en bas et on l'attacha aux planches de la charrette. Poncelin fils et les Oudot conduisirent le corps en cortège et passant par les villages de Chevigney, Vadans, Trembloy et Champvans, disant qu'ils menaient le loup-garou dans les geôles de Gray.

Poncelin et consorts le firent mettre dans un cachot, sans qu'aucune personne puisse lui parler, il y mourut sans qu'on lui permette de se confesser…

Les exemples concernant la violence de Claude Antoine Poncelin ne manquent pas, même à Chaumercenne où il ne demeure pourtant pas…

Le Conseiller garde-scel gère ses propriétés à Résie, Chevigney. Le 28 janvier 1717, il accense à titre perpétuel à Jean Vagniet de Chevigney 19 journaux de terres en friches.

De son union avec Claude Antoinette Guesle sont nés Antoine François Xavier, Guillemette et François Joseph Poncelin comme on le voit dans le testament qui suit.

Claude Antoine Poncelin fait un testament nuncipatif ouvert le 18 août 1738 après son décès .

Il se dit atteint d'une fluxion de poitrine non encore accompagnée de fièvre qui pourrait néanmoins avoir des suites fâcheuses. Il établit sa sépulture en l'église de Gray, dans le plan où sont inhumés ses prédécesseurs ; il veut que 500 messes basses soient dites pour le repos de son âme et des siens.

Il lègue 10 liv. à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu.

A son épouse Claude Antoine Guelle, il lui donne la propriété de ses meubles et lui confie l'usufruit et la jouissance de ses biens et immeubles.

Il institue héritier particulier sa fille Guillemette Poncelin femme de Simon Georgeon demeurant à Tromarey, lui accorde 200 liv. plus la moitié prévue dans son contrat de mariage.

Héritier universel et véritable ses fils Antoine François Xavier Poncelin Conseiller au Baillage de Pesmes et François Joseph Poncelin prêtre étant à présent à Paris ; le premier suivant son contrat de mariage du 10 août 1729à Gray, le second aura la moitié de ses biens à Chevigney.

 

VII-1 François Joseph Poncelin

Destiné à la prêtrise, il semble moqué par les familiers de l'église de Gray...Est-ce la cause de son lointain lieu d'activité plus tard, il est nommé prêtre-curé de Montaigny de Blaizy en Bourbonnais, puis prêtre à Paris en 1729, il vit encore religieux après 1772.

 

VII-2 Guillemette Poncelin

Né à Gray en 1694, elle épouse le 3 septembre 1738 Simon Georgeon seigneur de Jallerange décédé avant 1761.

Une anecdote met en scène son épouse Claude Antoine Guelle et Guillemette Poncelin, pour une question de voisinage et des actes violents qui en découlent entre gens aisés.Les 2 femmes possèdent un meix, maison à la Résie St Martin, dont dépend un jardin acquis des frères Oudot riches agriculteurs du lieu, dont les limites posent problèmes avec leur chènevière. L'affaire se passe en mai 1726

Ces derniers ont enlevé une borne de délimitation et enlevé les meilleures terres du futur jardin Poncelin pour engraisser leur chènevière touchant le jardin des femmes Poncelin, qui ont du l'enfermer dans une barrière sèche que les frères ont continuellement saccagé 2 nuits de suite.

Le lendemain, Etienne Oudot se transporta sur les lieux dès la levée du soleil, pour y labourer sa chènevière avec 2 charrues et y exécuter plus promptement son dessein en s'étendant bien loing de sa nouvelle étendue (au moins 8 pieds dans le jardin sur toute la longueur), puis il fit fouler aux pieds par son bétail et ses chevaux les graines qui avaient été ensemencées dans le jardin des Poncelin...

La demoiselle Guillemette Poncelin se porta auprès de luy pour lui faire remarquer qu'il usait de voyes de faits semblables, de détruire le jardin et renverser les clôtures,

Ce dernier lui répondit d'un ton extrêmement méprisant que les assignations ne coûtent guère à son père.

Elle voulut alors saisir la bride d'un de ses chevaux pour les détourner de son jardin. Alors Etienne Oudot, les 2 servantes, la fille Catherine Oudot, la mère Anne Françoise Brigandet, les 2 valets, son frère Pierre Oudot, animèrent un gros chien noir pour qu'il se jette sur ladite Poncelinet lui déchira la manche de l'habillement. Ledit Etienne la saisit par les 2 bras et mit un bâton entre les mains de sa servante qui lui assèna un coup sur le bras en l'insultant.

Retirée des mains dudit Oudot, elle se représenta devant les chevaux mais ce dernier jurant et blasphémant le Seigneur « Nom de Dieu »,se jeta sur elle comme un furieux, la saisit par son habit voulant lui jeter la main à la gorge pour l'étrangler, engagea ladite demoiselle qui voulait éviter le malheur dont elle était menacée à lui laisser son habit entre les mains en sorte qu'elle resta en chemise avec la juppe…

Non content de ses premiers outrages, il lui dit encore plusieurs fois qu'il ferait passer son cheval sur son corps. La servants Françoise la menaça de la jeter dans un fossé et mère et fille Oudot lui assénèrent des coups de bâton de manière que ladite Poncelin se voyait si indignement outragée, estant décoiffée, toute déshabillée et ses habits déchiré se contenta de recourrir aux formes et protestations par les voyes de la justice pour faire punir ledit Oudot et ses adhérans de toute leur violence et injustes entreprises.

Guillemette Poncelin demeure à Tromarey en 1738 puis à Gray en 1769. Elle décède à Chaumercenne le 11 juillet 1773 à l'âge de 67 ans, et est enterrée en la chapelle du Rosaire (chapelle de droite) le lendemain en présence de Jean Baptiste Poncelin son neveu.

 

VII-3 Charles François Xavier Poncelin

Né sûrement à Chaumercenne où il a été baptisé puis apporté à l'église paroissiale de Gray le 18 novembre 1698 dans laquelle les cérémonies de l'église ont été faites, son parrain est Charles François Xavier Guelle (son oncle) et sa marraine damoiselle Etiennette Françoise Chaudet, qui ont signé le registre. Dans cet acte, Claude Antoine Poncelin est cité docteur en médecine.

Conseiller au baillage et présidial de Gray, il épouse Jeanne Françoise Regnaud par contrat en date du 10 août 1729 signé du notaire Vallet de Gray.

En 1755 Antoine François Xavier Poncelin déclare posséder audit Chaumercenne une maison avec ses 2 tours carrées donnant sur la place du village (les actuels bâtiments communaux), 2 éminottes de terre ainsi que 80 ouvrées de vignes pour un revenu annuel déclaré de 41 liv.

 

Veuve, Jeanne Françoise Renaud s'attaque directement au seigneur de Chaumercenne, Benoist Richard marquis de Villersvaudey, Conseiller honoraire au Parlement de Besançon. Le 10 septembre 1760, elle obtient la permission du juge de Pesmes, de perquisitionner en la maison seigneuriale dudit Richard… , perquisition faite le 14 septembre par Claude Paillard huissier royal à Gray. La réaction du seigneur de Chaumercenne ne s'est pas faite attendre, après la sentence rendue le 19 décembre 1760, Benoist Richard engage un procès non seulement contre ladite dame Renaud mais aussi contre l'huissier Paillard, précisant que la perquisition ne devait pas concerner la maison seigneuriale. Il demande, pour l'injure qu'on lui a faite, la somme de 500 liv . de dommages et intérêts...

On ne connaît pas le motif qui a provoqué la demande de perquisition, ni l'issue du procès.

 

De son mariage avec Jeanne Françoise Renaud, on lui connaît 6 enfants, grâce au testament qu'il laisse en 1758 : Claude-Yves, Jeanne Claude Marie, Jean Baptiste (1740 / après 1773), Jeanne Françoise (1740) et Claudine Josephe Poncelin (1741 /avant 1818), ces 3 derniers ne semblent pas avoir donné postérité, sont-ils entrés en religion ou restés célibataires ?. C'est une requête faite le 5 mars 1761 par les enfants majeurs et mineurs, afin de pouvoir toucher les 40 Liv. de gages de leur défunt père, mises en souffrance car ceux-ci n'ont pas délivré l'extrait mortuaire du sieur Poncelin, ni l'extrait du testament et pas davantage la curatelle des enfants mineurs et la quittance…

Le 30 mai 1757, Antoine François Xavier Poncelin Conseiller au Baillage de Pesmes teste à Gray, son testament est publié le 18 décembre 1758.

Il veut être inhumé à Gray où sont enterrés ses père et mère, dans le cas où il meurt à Gray, ou alors à Chaumercenne où sont inhumés ses ancêtres s'il meurt à Chaumercenne. Ses obsèques seront célébrées à la discrétion de son épouse Jeanne Françoise Regnaud, désirant que 300 messes basses soient dites.

Il nomme pour curateur à conseil de Claude Yves, Claude Marie, François Joseph Hylaire, Jean Baptiste, Jeanne Françoise et Claudine Josephe Poncelin ses 6 enfants : Charles François Poncelin prêtre familier de Gray mon bien aimé cousin.

Il donne à Jeanne Françoise Regnaud son épouse, la généralité de ses meubles estimés à 800 liv. Et l'usufruit et jouissance sa vis durant, à charge d'élever ses enfants suivant leur condition.

Comme sa défunte mère avait fait don par son testament à Claude Marie sa fille aînée, il lègue par préciput à Claude Yves Poncelin son fils aîné la maison, jardin, verger, aisances à Chaumercenne pour en jouir proprétairement à l'extinction de l'usufruit qu'il a laissé à sa mère.

Ses 3 sœurs Claude Marie, Jeanne Françoise et Claudine auront une partie de l'habitation pour logement.

Il fait héritier universel ses 6 enfants, à parts égales dans le surplus de ses biens.

Dans un codicille formulé le 13 septembre 1758 en la présence de Dominique Doudier recteur d'école à Chaumercenne, il révoque le préciput fait à Claude Yves Poncelin ; il laisse la disposition de la maison à la discrétion de son épouse à qui il lègue la maison et la somme de 2.000 liv. à prendre sur ses biens. Il révoque aussi la jouissance qu'il avait donné à ses filles.

Mr le Conseiller au Baillage et présidial de Gray décède en sa maison de Chaumercenne le 24 novembre 1758 à l'âge de 63 ans et est enterré le lendemain en l'église de Chaumercenne dans la chapelle des Guyotte de Montagney, en la présence de ses enfants.

Le 28 décembre, le sieur Charles François Poncelin prêtre est nommé curateur auxdits enfants, est présent Charles François Poncelin Conseiller à Gray parent du côté paternel.

 

VIII-1 Jeanne Claude Marie Poncelin

Née en 1736, elle est dite l'aînée dans le supplément du vingtième et sol par livre d'iceulx (rôle d'imposition de la communauté de Chaumercenne) en 1771. Elle possède en ce lieu 29 ouvrées de vignes et plusieurs maisons et jardins ; elle est imposée pour la somme de 3 liv. 10 sols. Elle hérite beaucoup de sa tante Guillemette veuve Georgeon en 1769, dont elle est sa filleule. Elle vend en 1770 une petite maison située dans la cour des Poncelin, pour la somme de 100 liv. à Jean Claude Dessans. Elle décède après 1809.

 

VIII-2 Claudine Josephe Poncelin

Née en 1741, elle est dite Poncelin la jeune dans le même rôle que précédemment ; elle dispose de 16 ouvrées 1/2 de vignes et son imposition est de 1 liv.13 sols. Résidant à Gray, elle y décède avant 1808.

 

VIII-3 Jean Baptiste Poncelin

Né en 1738, il est dit Poncelin le jeune, et dispose comme sa jeune sœur Claudine Josephe de 16 ouvrées de vignes 1/2 de vignes pour la même somme imposable. Il décède après 1773.

 

VIII-4 Claude Yves Poncelin

C'est le frère aîné de la famille Poncelin. Né le 20 mai 1734, son parrain est le sieur Claude Antoine Poncelin ancien Conseiller du Présidial de Gray et sa marraine Madame Marguerite Lamy épouse dude Mr Regnaud avocat en Parlement et ancien vicomte de la ville de Gray.

Il devient avocat en Parlement, mais reste domicilié à Chaumercenne. Il épouse le 28 avril 1772 Jeanne Françoise Plusquin de Pesmes, fille mineure de fut Laurent Plusquin et de Claude Marie Pomet remariée au sieur Jean Baptiste Liardeaux. François Joseph Hylaire Poncelin prêtre religieux de Cîteaux est présent au mariage de son cousin.

Claude Yves Poncelin est cité Poncelin l'aîné en 1771, possède comme ses jeunes frère et sœur 16ouvrées 1/2 de vignes audit Chaumercenne pour la même imposition.

 

De ce mariage sont nés Jean Baptiste né en 1774 qui est dans les Armées de la Révolution en 1806, François Marie Joseph devient inspecteur des Contributions Directes à Gray et Claude Marie Françoise née en 1779 l'épouse du sieur Jean Marie Borel, propriétaire à Pesmes.

 

IX- François Marie Joseph Poncelin

C'est lui qui opère la vente de la maison Poncelin à la Commune. Rappelons qu'après la Révolution, la communauté de Chaumercenne n'avait plus de cure pour loger le ministre du culte catholique ( l'ex-cure ayant été vendue comme bien national), ni d'école et aucun bâtiment susceptible d' abriter les nouveaux fonctionnaires communaux (curé et instituteur).

Le 20 septembre 1807 le Conseil Municipal réuni sous la présidence de son maire Jacques Voilly propose la construction d'un presbytère au motif qu'aucune maison n'est à vendre à Chaumercenne, elle a un terrain (notre maison l'occupe actuellement) et la commune de Résie St Martin coopère pour 1/3 des travaux suivant l'accord ancien entre les 2 communes.

Le 25 octobre 1807 Mr François Marie Joseph Poncelin de Gray informé de cette future construction, propose à Mr le Maire de la Commune, la maison dite Poncelin avec jardin et dépendances pour servir de presbytère, pour la somme de 6.500 Frs.

A la séance extraordinaire du 12 novembre 1807, le nouveau maire Jean Baptiste Etienne Oudille signale au conseil municipal que l'acquisition de cette maison Poncelin est plus avantageux car elle offre un double intérêt : celui de loger le succursaliste et l'instituteur d'une manière décente et convenable. Dans la construction du presbytère, le simple logement du succursaliste coûtait la somme de 6.000 Frs sans y inclure le jardin.

Le conseil adopte les conditions de vente du sieur Poncelin pour la somme de 6.500 Frs

-Elle ne pourra en jouir que 3 mois après l'obtention de la somme et lorsque le mobilier sera enlevé.

-Elle doit attendre l'autorisation Impériale pour l'acquisition du bien.

Le 19 décembre 1809, la Commune de Chaumercenne exige de la Commune de Résie sa coopération financière pour 1/3 de l'acquisition projetée (elle traînait les pieds car possède une maison bâtie propre à loger le desservant, mais son église n'est pas paroissiale seulement annexe de celle de Chaumercenne). N'ayant soit disant pas de ressources, la commune de Chaumercenne veut bien lui en faire l'avance, à chrage pour elle de lui en faire le remboursement lors de la vente de son quart en réserve âgé de 28 ans, elle en paiera les intérêts au prix fixé par la loi.

La vente entre la Commune de Chaumercenne et le sieur Poncelin est officialisée. L'ex-maison féodale des Poncelin avec ses deux tours carrées aux extrémités faisant face à la place communale est devenue la maison communale avec mairie, presbytère, école et logements pour le prêtre et l'instituteur.

 

Cette famille Poncelin liée aux Guelle présente des armoiries enregistrées dans l'Armorial d'Hozier : de sable à un lion d'or. Elles sont aussi celle de Jean Baptiste Poncelin avocat à Gray, d'Anne Poncelin veuve de noble François Brusset avocat à Gray, mais aussi celles d'Antoine Poncelin le procureur d'office à Frasne le Château. Ces personnes sont toutes issues de la branche roturière des Poncelin : celle de honorable Anthoine Poncelin orfèvre à Gray.