H09 GUYOTTE dont Cortot (1)

Claude Généalogie des Guyotte de Chaumercenne (1)

 

Arbre des GUYOTTE dont Cortot

 

Ancienneté de la famille Guyotte et surnoms donnés aux différentes branches

La famille des Guyotte constitue assurément une des plus anciennes familles de Chaumercenne ; On en retrouve des traces dans certains actes du 14è siècle. Elle a engendré des branches dans de nombreux villages environnants : Montagney, Pesmes, Sauvigney, Résie St Martin, de Nantouard près de Velesmes ou de Velloreille les Choye …

Pour différencier toutes ses familles Guyotte, on a eu recours à des surnoms restés très longtemps pendant les siècles, jusqu'à parfois en oublier le nom que c'étaient des Guyotte.

Ainsi les Guyotte de Pesmes descendent des Guyotte dit Mourot de Chaumercenne depuis les années 1540. Certains vieux de Chaumercenne parlaient encore de la venue de leurs cousins Mourotais de Pesmes…

J'ai pu enregistrer ces différents surnoms donnés à ces Guyotte ; d'abord ceux qui sont restés le plus longtemps à Chaumercenne : ce sont les Guyotte dits Milan, dits Morot qui perdurèrent jusqu'à une vingtaine d'années, Guyotte dits Cortot (ou Quingey ou Perrenin) disparus de Chaumercenne peu après la Révolution. D'autres surnoms à des Guyotte ne durèrent au maximum qu'une centaine d'années : c'est le cas des Guyotte dits Jolyjean, Mignot, dits Gariache pour Montagney, Frelet, Bourguignon, Bellican … Voici 3 listes de feux Gutotte de Chaumercenne établies la première en 1545 lors de la reconnaissance de censes dues au sieur Commandeur de Sales-Montseugny, la seconde en 1605 pour celle de censes dues au sieur De Crécy co-seigneur de Chaumercenne, enfin en 1657 pour le règlement de l'ordinaire du sel.

 

Liste de Guyotte en 1545 :

Antoine G. Cortot fils de Jehan G. ; Jehan G. Cortot ; Antoine G. Jolyjehan ; Jehan G. Jolyjehan ; Jehan G. Dagot ; Humbert G. Dagot le cordonnier ; Estienne G. Dagot ; Claude G. Bourguignon et son frère EustacheG. ; Les héritiers de fut Claude G. Bourguignon ; Estienne G. Mignot et son épouse Jeannette Sugny ; Pierre G. Milan et son épouse Jeannette Ganneret ; Estienne G. Milan et son épouse Anne Droz ; Jehan Guyotte Mourot ; Claude G. Mourot et son épouse Anne Berreur ; Claude G. Fardey ; Laurent G. Cortot Groslaurent et Nicole Goguel ; Estienne G. ainsi sont recensés 17 feux Guyotte en cette année 1545.

 

Liste de Guyotte en 1605 :

Antoine G. Fardey et son épouse Antoinette Belpois ; Blaise G. et son épouse Perrenette Baroichet ; Claude G. Mignot et Marguerite Roussot ; Claude G. Cortot notaire et Jeanne Jacquot ; Claude G. Bassand dit Comines et Henriette G. ; Claude G. Dagot et Philiberthe Thomas ; Claude G . Morot et Jeanne G. Cortot ; Estienne G.Milan et Anne Droz ; Estienne G. Morot ; François G. le vieil (Groslaurent) et Jeanne Ganneret ; Hylaire G. Milan ; Jean G. Milan et Henriette Ganneret ; Jean G. Bourguignon ; Toussaint G. et Jeanne G. Cortot ; François G. le jeune et sa mère Anne Clère Haym ; Jean G. Ganillot ; Antouine G. Ganillot ; Antoine G. Gariache. soit 18 feux Guyotte.

 

Liste de Guyotte en 1657 :

Jacques G. Mourot et Anne Roy ; Jacques G.Milan et Catherine Jacquot ; Claude G. Mourotet sa mère Anthoinette Jacquard ; Lazare G.et Guillemette Tissot ; Pierre G. Milan et Jeanne Courboillet. Philibert G. Gariache fils de fut Anthoine G. soit plus que 6 feux Guyotte dans la population de Chaumercenne. La Guerre de 10 Ans en est la triste et cruelle responsable...

 

Comment ces surnoms leurs ont -ils été donnés ?

Cortot fait penser à petite taille…, Morot à Maures ( certains Guyotte sont partis les combattre dans les armées comtoises …), Milan pour d'autres Guyotte incorporées dans les armées du Milanais alliées aux armées de la Comté …, ce ne sont que des suppositions.

 

Arbre généalogique des Guyotte

Cet arbre remonte aux années 1470, date suffisamment ancienne mais le plus proche de la réalité des personnes qui y sont inscrites. Je dois préciser avoir bien été aidé par les seigneurs de Chaumercenne, qu'ils soient laic ou religieux. La raison : la Comté est un pays de mainmorte régi par des édits royaux. Le plus important est le droit d'échutte : les biens d'un propriétaire qui décède sans héritiers en sa communion (pour être héritier il faut vivre au même feu que son parent), deviennent la propriété du seigneur qui s'en empare sans aucune forme de procès. Autant dire que les biens qui dépendent de la justice et seigneurie des Richard (dits de Villers-Vaudey) seigneur de Chaumercenne, ou de celle de l'abbaye et couvent d'Acey sont enregistrés dans leurs terriers et conservés par les notaires chargés de ces seigneuries.

Dès qu'un propriétaire de biens à Chaumercenne meurt ou est en passe de de perdre la vie, les officiers seigneuriaux s'activent à rechercher les héritiers et vérifier s'ils sont dépendent de leur seigneurie. Ainsi se mettent en place des généalogies partielles de mainmortables grâce à ses terriers ou aux reconnaissances exigées par certains seigneurs pour forcer ces mainmortables à payer leurs droits et cens…

Pour les Guyotte, Julien Richard nouveau seigneur de Chaumercenne à la période de la Guerre de 10 Ans (1634-1644) voit sa seigneurie en ruine, nombreux de ses mainmortables sont morts, ses terres et vignes devenues des friches. Il fait rechercher leurs héritiers par ses officiers seigneuriaux et vérifier si leurs biens vont lui tomber en échutte.

Les Guyotte Courtot sont ainsi visés suite aux décès répétitifs de leurs propriétaires successifs... Un procès est en cours dès 1634 au Parlement de Besançon, contre Pierrette Lacenaire veuve de François Guyotte le jeune, François et Pierre Guyotte ses enfants ; ils se sont emparés des biens de feu François Guyotte sans se soucier de leur origine, ces biens concernés sont très importants et le procès va durer encore quelques années. Ils sont revendiqués par l'abbaye d'Acey dont les terriers et reconnaissances soigneusement conservés dans les coffres du seigneur abbé vont lui servir de preuves dans la recherche de la mainmorte des Guyotte Cortot ...

Le sieur abbé d'Acey, Messire François de Rye archevêque de Césarée fait ainsi remonter l'ascendance de ces Guyotte jusqu'au 15è siècle, afin de vérifier qu'ils sont bien mainmortables de la seigneurie dudit Acey ; près de deux siècles de généalogie sont ainsi mis à jour grâce à ces actes conservés en leur possession …

Julien Richard le seigneur laic de Chaumercenne va se servir des recherches de l'abbé d'Acey pour ses propres recherches, la plupart mainmortables d'Acey le sont aussi envers sa seigneurie...

L'arbre généalogique des Guyotte serait trop massif et de mauvais usage s'il fallait y inscrire tous les Guyotte sur le même document. J'en ai donc fait un mentionnant la partie la plus ancienne et commune à tous ces Guyotte à laquelle j'ai rajouté la généalogie des Guyotte dit Cortot.

Deux autres arbres généalogiques des Guyotte sont proposés sur le site, l'un concerne les Guyotte dits Milan, l'autre les Guyotte dits Morot (ou Mourot) pour lesquels je n'ai évidemment pas inclus la partie ancienne qu'il suffit de consulter sur l'arbre des Guyotte Cortot.

 

Les Guyotte dits Cortot (ou Courtot)

 

Actes concernant ces Guyotte Cortot

 

1-déclaration de l'an 1494

J'ai pu remonter l'origine de ces Guyotte en 1494 grâce à un acte de reconnaissance établi parClaude Guyotte aux Vénérables et Religieuses personnes du Couvent de Nostre Dame d'Accey.

(en cette année ils ne sont pas encore désignés Guyotte dit Cortot)

Voici un extrait de cette déclaration :

Claude Guyotte fils de fut Jean Guyotte demeurent à Chaulmercennes tant en son nom qu'au nom d'Adelinotte sa mère, et aussi des enfans et héritiers dudit fut Jean Guyotte, ses frères et sœurs desquels il se fait fort en ceste partie, déclare tenir sous le dit abbé et couvent d'Accey, une pièce de pré assise au territoire de Chaulmercennes au lieu-dit en Fourney entre les héritiers dudit Jean Guyotte d'une part, et les hoyrs Guyot Ponssot de Chaulmercennes, contenant la semée d'une émynotte, chargée de 8 engrognes de censes annuellement due chaque an par ledit Claude Guyotte audit abbé d'Accey audit jour des présentes….

Fait à Pesmes le jour deans (avant) la feste de Marie Magdelenne l'an 1494, signé Vayron

 

2-reconnaissance de l'an 1518

Cette pièce présentée devant le Parlement de Besançon est une déclaration de biens censables envers l'abbaye d'Acey, datée le 17 janvier 1518, dite de 7 sols estevenants dehus chaque année au jour de Saint Michel.

Voici celle faite par Claude Guyotte le jeune et Nicolle sa femme qui déclarent tenir et posséder de Messieurs abbé et religieux du couvent et monastère d'Aceyles héritages suivants.

Premièrement un meix et maison estant audit lieu de Chaulmercenne sur la Rue et chemin tirant à Chancey, contenant environ quattre raings, entre le meix d'Huguenin Ponssot d'une part et Girard Ponnssot d'autre part.

Item un autre meix content deux jambées près de ladite maison…

Item la moitié d'une maison de pierre avec un peu de meix…

Item un peu de meix contenant environ deux ouvrées derrière le meix et maison, entre Antoine Guyotte le jeune d'une part et Claude Guyotte le vielz et Jehanotte femme de Girarg Ponssot d'autre part.

Lesdits hértaiges, Claude Guyotte le jeune et Nicolle sa femme confesse les tenir des sieurs abbé et religieux d'Acey, de leur totale justice, seigneurie et mainmorte et portant envers eulz lods, retenue, justice, seigneurie et la mainmorte le cas advenant, et leur debvoir au jour de feste Saint Michel la somme de cinq blancs vaillant quinze engrognes payables audit Acey à peine de l 'amende de trois sols estevenants à fautte de payement non faict audit jour ; signé Campagnot

 

3-déclaration de Jehan Guiotte dict Cortot de1548

Jean Guyotte dict Cortot est fils d'Antoine Guyotte décédé avant 1548. C'est le premier acte dont il est fait mention de Guyotte dit Cortot ; auparavant elle n'était pas nécessaire, les notaires ne risquaient pas de commettre des erreurs de personnes dans la rédaction d'actes concernant les Guyotte. La naissance de Guyotte mâles donnant différentes lignées, il fut indispensable pour les particulariser d'adjoindre au nom de Guyotte un sobriquet de reconnaissance, Cortot, Morot, Milan… qu'il devait se donner entre eux lors de réunions et qu'ils conservèrent dans la rédaction d'actes devant notaires.

Ainsi le 12 apvril 1548, Jehan Guiotte dict Cortot de Chaulmercenne fils et heritier de fut Antoine Guiotte dudit lieu, de son plein gré pour luyet ses hoirs, par son serment donné sur les Saints Evangiles, par devant Pierre Tissot notaire public à Gendrey et juré de la Cour de Mr l'Official de Besançon, et Claude Javely notaire de Pagney et commis enregistreur pour les terriers, rentiers et reconnaissances de Messieurs les très Révérends et Vénérables Abbé et Religieux dAcey, confesse et déclare estre homme bourgeois et de condition mainmortable envers eulx et tenir et posséder les meix, maisons et héritages suivants luy appartenants tant à cause de luy que de ses prédécesseurs, estant mouvants et despendants de la totale justice, seigneurie….., chargés de tailles, censes,courvées et redebuances.

Pour la suite, on retrouve les mêmes héritages cités dans la déclaration de 1518 de Claude Guyotte le jeune, devenu en 1548 Claude Guyotte le vielz.

C'est ce Jehan Guyotte Cortot qui va poser des problèmes à l'abbé d'Acey lors du procès engagé au Parlement en 1634, ce Jehan Guyotte va s'appeler Guyotte Cortot puis pour se distinguer de son fils aussi appelé Jean Guyotte Cortot, va prendre la dénomination de Jean Guyotte Perrenin.

 

4- La chapelle des Guyotte

Antoine Guyotte fils de Jean Guyotte et d'Adelinotte est né vers 1580, on trouve son nom dans des actes dès 1503 ; il est dit le jeune en 1518 et paré de l'adjectif honeste dans un acte daté de 1529.

Il épouse avant 1515 Jehanne Ponssot de Chaumercenne issue d'une très ancienne et importante (socialement) famille du lieu, puisqu'un de ces prédécesseurs, Jean Ponssot est prêtre-curé de Chaumercenne.

Le 28 septembre 1549 le couple Anthoine Guyotte / Girarde Ponssot de riches bourgeois de Chaumercenne décide la fondation d'une chapelle en l'église du lieu, pour le remède salutaire de leurs aînés, celui de leurs antécesseurs et successeurs, leurs hoirs, parents et amis… Ils font dotation et fondation d'une messe basse par semaine en leur chapelle construite et édifiée en l'église paroissiale de Chaumercenne, en l'honneur de la Sainte Trinité et Saint Antoine, avec présentation et nomination d'un chapelain. Cette messe basse doit être dite et célébrée in divinis annuellement et perpétuellement par le chapelain chaque jour de vendredy, et aux semaines que les jours de festes nativité de nostre seigneur, feste Dieu, résurrection nostre seigneur,toussains, , la trinité, le jour des trepassés, purification, annonciation, assomption, nativité et conception, festes solenenelles, de chacune de ces festes pour la semaine qu'elles tomberont, ladite messe ne soit obmis le libéra me et le de profondis après chacune de ces messes.

Pour la fondation et dotation lesdits Guyotte et Ponssot remettent à la chapelle et au chapelain qui sera institué et ses successeurs pardevant le notaire soubsigné, une pièce de vigne assise au vignoble de Montagney au lieu-dit en Sauleney contenant 8 ouvrées,

item une pièce de terre au finage de Pesmes en champs Gallut contenant environ un journal et demi,

item une portion maison et rechotte et scelier assis audit Chaumercenne contenant environ deux mailles, chargée d'un engrogne de cense payable audit seigneur de Pesmes le lendemain de Nœl,

item sept gros de cense annuelle et perpétuelle que lui doit Nantotte Vayron de Pesmes,

Messire Humbert Guyotte prestre fils des des fondateurs fait une augmentation de fondation, en donnant un demi-journal de verger à Chaumercenne chargé envers la Fabrique du lieu de 7 quarterons à payer au jour de feste Annonciation, pour faire dire trois messes basses chacun an scavoir au jour de feste Saint Humbert (Hubert), Saint Antoine et au jour que ledit Humbert Guyotte ira de vie à trépas, et la dote d'un demy journal à Chaumercenne.

Etienne Guyotte dit Mignot en fait de même pour une portion de meix et maison joignant la maison précitée contenant un demy reing, chargée de sept sols envers Mr de Pesmes.

Pour ne pas être en reste, Jean Guyotte dit Jolyjehan cède l'autre portion de meix contenant un demy reing.

Au décès de son épouse Jeanne Ponssot en 1552, Antoine Guyotte fera encore une augmentation de fondation à la chapelle pour le remède et salut de son âme et de celle de feue Jeanne son épouse.

 

Le couple Guyotte / Ponssot a laissé des traces au village ; tout d'abord leur maison au devant de la place ,son pignon sur rue porte une niche contenant la statue de la Sainte Trinité. Mais aussi leur dalle funéraire relevée, sous le clocher porche de l'église de Chaumercenne (côté gauche en entrant).

 

Comme on a pu le voir, cette chapelle est bien dotée par tous ces Guyotte dont les familles sont très proches et très aisées… Ce sont aussi eux qui l'ont doté de superbes statues, d'abord le Saint Antoine. Il est représenté sous les traits d'un vieil homme barbu portant une chasuble de couleur bleue avec un Tau sur l'épaule, cachant une robe mais découvrant ses bras. Il tient une canne en la main droite et un livre ouvert à la main gauche dont on peut ces lignes écrites en rouge qui constituent la devise de Saint Antoine (il faut deviner…)  : Si voulez ettre faits, allez vendez ce que vous avez donne le aux pauvres et vous aurez un trésor suis le ciel puis vene me suive St Antoine.

A ses pieds le traditionnel cochon, et un écu portant calice et hostie avec les initiales H G et P Humbert Guyotte prêtre qui pourrait bien être le donateur de cette statue.

L'autremerveilledécorant cette chapelle est la chasse de Saint Hubert composé d'un bosquet d'où émerge un cerf faisant face à un chasseur qui s'agenouille devant l'animal. On ne voit que le devant du cerf qu'un chien vient de débusquer, il porte entre ses bois un christ crucifié. Le chasseur dispose de ses attributs épée et cor à la ceinture, il se prosterne devant le cerf, le genou gauche sur son chapeau, les mains en prière. La scène de chasse est très simple mais saisissante de réalisme. Ce groupe statuaire pourrait être aussi une donation d'Humbert Guyotte puisque son saint patron Hubert est le patron des chasseurs.

 

5-dalle funéraire d'Antoine Guyotte et de Jeanne Ponssot

Le couple Antoine Guyotte le jeune et Jehanne Ponssot est enterré en leur chapelle, leur pierre tombale fut relevée et dressée sous le porche de l'église ; remarquable par sa décoration, elle mérite d'être détaillée.

Les époux sont représentés allongés, portant des chaussures légères, mains jointes en prière , un chapelet accroché à la ceinture, la tête reposant sur un oreiller dont les coins sont noués, chacun sous une baie ogivale qui porte leur date de décès. Deux anges au-dessus de ces baies portent dans un drap, leurs âmes au ciel. De part et d'autre, bien que non nobles, 2 blasons au motif agricole précisent par les inscriptions A et G de l'époux Antoine Guyotte.

Sur le pourtour on peut y lire :

CY GISSANT ANTHONNE GUIOTTE LE JEUNE DE CHAUMERCENNE ET GIRARDE PONSOT SA FEMME FONDATEUR DE CESTE CHAPELLE LE XXIII D'OCTOBRE 1549 D'EUNE MESSE DE REQUIEM LE VENDREDY ET TOUTES LES FESTES SOLENELLE DU JOUR ET LADITE GIRARDE TRESPASSA LE VENDREDY XX EN MAY 1552 ET LEDIT DE DECEMBRE ANTHONNE TRESPASSA LE 28 DE DECEMBRE et dans un cartouche en bas; REQUIES QUAN IN PACE

A . M. E. N.

 

6-L'échange Guyotte / Ganneret de 1593

Cet acte concerne la veuve de fut Laurent Guyotte Cortot et ses nombreux enfants.

Laurent Guyotte est le second des 3 fils de Jean Guyotte Cortot ou Perrenin, né vers 1530 il est affublé du sobriquet de Groslaurent... Marié à Jeanne Ponssot, il décède en mars 1593 et, le 30 juin 1593 Jehanne Ponssot veuve de fut Laurent Guyotte dit Cortot de Chaulmercenne, Jacquette Guyotte femme de Pierre Brun et Bonne Guyotte femme de Estienne Brun avec l'aulthorisation de François Guyotte de Chaumercenne tant en leurs noms qu'en ceux de Jehannette Guyotte et Anthonne Guyotte femme de Jehan et François Pansard d'Avrigney, tous héritiers de dudit fut Laurent Guyotte d'une part, et Jacques Ganneret dudit Chaumercenne d'aultre part, lesquels ont convenu les eschanges et permutations scavoir :

Jehanne Ponssot et consorts cède un meix vuide acquis des Massenet, proche l’Église, entre Jean Guyotte Cortot et François Corboillet, chargé envers les Vénérable abbé et Religieuxd'Acey de ses charges…, Jacques Ganneret en contre eschange cède un demy ouvrée de vigne es Curtil au Louvet et un verger de 2 ouvrées touchant Antoine Guyotte Cortot, chargés envers les héritiers de fut Catherin Mairot à cause de la cense de Mongeot l'escuyer….

Fait en la maison de fut Laurent Guyotte le dernier juing 1593 en présence de Jean Guyotte Cortot, Claude Guyotte Cortot son fils de Chaumercenne tesmoins requis, par devant Claude Goguel notaire demeurant à Chaumercenne.

 

7-Testament de Jean Guyotte Cortot de 1595

Après le décès de son frère Laurent Guyotte dit Groslaurent, ce Jean Guyotte Cortot 3è fils de Jean Guyotte dit Perrenin (ou Cortot) ne lui survivra guère. Né vers 1535, il teste le 12 mars 1595 et meurt 15 mai de la même année. Voici le testament qu'il a laissé.

Il confie à Anne Jacquot sa seconde femme la charge de tous ses enfants Jean, Suzanne et Henriette procrée d'elle et, Claude et Jeanne Guyotte femme de Toussaint Guyotte du corps de sa première femme Anne Claude Guyotte.

Il fait des legs aux fabriciens de l'église paroissiale de Chaumercenne (10 sols), aux quatre châsses principales ayant cours en ce pays et Comté de Bourgougne (à chacune 10 demy-gros).

Il veut que ses funérailles se déroulent selon sa forme et accoutumances des gens de sa qualité.

Il donne à ses enfants mâles du 1er comme du 2è lit ses maisons, vignes et terres ; il fait divers legs à ses filles en sommes d'argent.

Il institue héritiers universels tous ses enfants mâles ou femelles à parts égales pour le reste.

L'acte est passé à Chaulmercenne en sa maison en présence de ClaudeGuyotte Morot, Claude Thomas, Hilaire Bonvalot tous de Chaulmercenne.

Un ajout est donné à ce testament, hormis Jeanne Guyotte, ses aultres enfants sont pupilles. Il nomme Anthoine Guyotte le jeune leur oncle, curateur de ses pupilles charge qu'il a acceptée.

 

8-Claude Guyotte Cortot (1) le notaire

Né vers 1582 du mariage de Jean Guyotte Cortot et de Anne Claude Guyotte sa 1ère épouse, Claude Guyotte Cortot seul mâle de la famille profite des biens de son fut père pour acquérir dès 1608 une charge de notaire à Velesmes. Le 14 février 1609 il épouse Marie Bévalot d'une famille aisée de cultivateurs de Montmirey (ou de Brans).

De leur union naissent 2 fils Jean et Claude Guyotte qui suivent, et 2 filles Anne et Pierrette Guyotte.

Anne Guyotte épouse le 17 janvier 1644 Jean Jacquin auteur de la branche des Jacquin de Chaumercenne dont la généalogie est à voir sur le site., quant à Pierrette elle s'unit à François Boitteux riche famille terrienne de Jouhe (Jura).

Claude Guyotte vient se retirer à Chaumercenne où il meurt le 1er juillet 1627, comme le prouve sa superbe pierre tombale au centre de la nef de l'église. Marie Bévalot lui survivra encore quelques années audit Chaumercenne ; dans les actes, elle y est dite la veuve Claude Guyotte Cortot… c'est elle qui arrangera les mariages de ses 4 enfants en âge de pupillarité.

Mais ce Claude Guyotte Cortot (2) quitte Chaumercenne pour devenir le procureur des terres et seigneurie du Marquis d'Hyenne à Nantouard (près de Velesmes).

Ses successeurs à Nantouard sont promis à un grand avenir puisqu'ils vont devenir eux aussi seigneurs d'un fief, à Velloreille les Choye.

On en fera une étude particulière peu après, même s'ils ne sont plus des habitants de Chaumercenne...

 

9-Mariage de Françoise Guyotte avec Pierre Maréchal en 1617

Pour montrer l'importance prise par ces Guyotte Cortot à Chaumercenne mais aussi dans les environs, il suffit de présenter le contrat de mariage de Françoise Guyotte de Chaumercenne avec Pierre Maréchal de Valay. Françoise Guyotte est une petite-fille d'Antoine Guyotte dit Quingey décédé vers 1600, et fille de fut François Guyotte le jeune dit Quingey qui teste en 1909 laissant la charge de ses 6 enfants à sa femme Pierrette Lacenaire dont Françoise qui suit.

Françoise Guyotte est l'aînée des filles Guyotte, née vers 1595 ; elle épouse par contrat passé le 25 apvril 1617 devant le notaire Pierre Guyenel, honeste fils Pierre Marréchal de Vallay, de l'advis et auctorité pour le futur, de noble Louys Maréchal son père et de Claude Maréchal son frère… et du costé de ladite Françoise d'honorable Gaspard Lacenaire (grand-père maternel), d'Anne Clère Jahin (grand-mère paternelle) et Pierrette Lacenaire sa mère.

La future espouse sera jouhélée par son futur mari pour le jour de ses nopces jusqu'à 30 escus à 3frs pièce et douhée sur les biens dudit Pierre jusqu'à 60 escus.

Sera trousselée par grand-père, grand-mère et mère pour le jour des nopces de :

un lict garny, deux coffres grand et petit fermant à clefs, une roube nuptiale, une couthe (?) avec ses aultres habits servant à sa personne, une douzaine et demie de linceuls de taille, une douzaine et demie de serviettes, 3 nappes , un voille…

En cas de viduité Claude maréchal (son futur beau-frère) lui offre une chambre jusqu'à 10 frs, dans sa maison à Vallay, meublée selon sa qualité.

Fait à Chaulmercennes en la maison deladite Françoise avant midy, en présence de égrège personne Messire Jehan Garnier prebtre-curé de Chaulmercennes, honorable Pierre et Jean Jacquot de Bresilley, François Guyotte le vieulx de Chaulmercennes…

Pierre Maréchal deviendra peu après procureur général de la gruerie puis gruyer de la Comté (officier chargé des délits dans les forêts comtoises). Françoise Guyotte fait une donation à cause de mort à son mari Pierre Maréchal le 20 avril 1632, puis teste, faisant ses héritiers universels ses deux frères François et Pierre Guyotte (au détriment de son mari dont elle vit séparée)et meurt peu après. Pierre Guyotte décède pendant la période de la Guerre de 10 Ans. Quant à François, il fait le 25 mai 1637 des donations à son filleul (200 escus), à son beau-frère Pierre Maréchal (400 frs)…, à sa sœur Claudine et aux enfants de feue Jeanne Guyotte sa sœur, mais son testament n'est publié que le 12 février 1644, peut-être égaré pendant les guerres.

Quant à Claudine Guyotte la viele l'unique survivante des enfants de fut François Guyotte son père, elle est d'abord veuve du sieur Gaspard Febvre procureur d'office à Velesmes, puis de Vincent Luxeul scribe en la justice de Pesmes, et n'aura qu'un seul héritier sa fille Pierrette Febvre mariée à Claude Antoine Guelle (leur généalogie est développée sur le site), pour lesquels biens hérités l'abbaye d'Acey poursuivra le procès engagé dès 1634….

Ainsi s'achève la la dernière descendante des Guyotte Cortot de Chaumercenne, mais une autre branche continue à partir de Jean Guyotte Cortot le 3è fils Jean Guyotte Perrenin ou Cortot

 

10-Jean Guyote Cortot et françoise Gagnemaille

Jean Guyotte Cortot et son frère Claude Guyotte (1) reprennent donc la charge de notaire après la mort de leur père survenu en 1627. Ils épousent probablement le même jour à Nantouard paroisse de Velesmes, les sœurs toutes deux appelées Françoise Gagnemaille filles de Claude Gagnemaille et de sa 1ère épouse Guillemette Ponssot (native de Chaumercenne?) pour Jean Guyotte, et de la seconde épouse pour Claude Guyotte. Le 1er couple demeure à Chaumercenne, quant au second il a établit sa résidence à Nantouard.

Mais la maladie va surprendre très tôt le premier foyer (en pleine période de la Guerre de 10 Ans) puisque le 14 octobre 1638, Françoise Gagnemaille fait rédiger son testament devant Jean Méthadieu notaire demeurant audit Chaumercenne :

Je suis présentement détenue dans mon lict malade, grâce à Dieu saine d'esprit, ne désirant passer de ce mortel monde à l'aultre sans que préalablement j'aye disposé des biens qu'il a plut à mon souverain créateur de me confier, et considérant les bons signes d'amitié et agréables services que ledit Jehan Guyotte Cortot mon bien aymé mary m'a toujours porté pendant nostre loyal mariage, je l'ay relevé et relève par ceste.

J'ay faict et faict par ceste, ma donation à cause de mort et ordonnance de dernière volonté en la forme et manière qui suit.

Je lègue à Claude et Grégoire Gagnemaille mes frères du côté père et Françoise Gagnemaille ma sœur du côté mère, à chascun d'eulx la somme de trois gros dont ils s'en contenteront, à payer après mon décès et trépas.

Idem je donne et lègue à la Fabrique de l'église de Chaulmercennes la somme de trois francs et mesme somme à la Confrérie de la Conception Nostre Dame dudit Chaulmercennes qui leur sera payé un après mon décès, pour le salut et repos de mon ame.

Pour le surplus de mes dits biens de franche condition à moy délaissés par Guillemette Ponssot ma mère et en vertu de mon traité de mariage avec Jehan Guyotte mon bien aymé mary, je donne pour luy et les siens à partager entre lesdits Guyotte et ladite Françoise Gagnemaille femme de Claude Gagnemaille, par moytié.

Je nomme Jehan Guyotte mon mary, absent, pour mon vray héritier, qui doibt payer mes debtes et supporter mes frais funériaux.

Faict et passé au lieu de Chaulmercennes pardevant le notaire Jehan Méthadieu le 14è jour du mois d'octobre l'an 1738 ; présents Claude Guyotte dict Dagot, Anthonne Bonvallot, Philibert Panssard, Jacques Guyotte dict Mourot et Pierre Guyotte Milland tous de Chaulmercennes qui ont signé à la réserve dudit Guyotte Milland qui a desclaré ne scavoir escrire.

Jean Guyotte Cortot et Françoise Gagnemaille n'ont pas d'enfants ; absent il pourrait être à la guerre au service de l'armée comtoise. Serait-il revenu de cette guerre puisqu'il n'est plus question de lui apès cette année 1738...

 

11-Claude Guyotte Cortot (2) et Françoise Gagnemaille de Nantouard

Claude Guyotte Cortot (2) naît donc à Chaumercenne vers 1618 au foyer de Claude Guyotte notaire et de Marie Bévalot. Son départ vers 1640 pour Nantouard n'est pas du au hasard ; il retrouve à quelques km de là, un autre membre de la famille des Guyotte Cortot, sa cousine Anne Guyotte l'épouse de Gaspard Febvre le procureur d'offices à Velesmes.

Riche de la charge de notaire héritée de son père ainsi que de tous ses biens et de ceux de son frère jean Guyotte décédé, il arrive à Nantouard comme procureur d'offices des terres et seigneurie du Marquis d'Hyenne seigneur de Velloreille et autres lieux.

Comme on l'a déjà vu, Claude Guyotte épouse avant 1638 à Nantouard, un des plus beaux partis du lieu : Françoise Gagnemaille fille et unique héritière des biens de son père Claude Gagnemaille un des plus gros propriétaires du lieu, après les décès prématurés de ses deux frères Claude et Grégoire et de sa sœurFrançoise. Problème, les biens de son épouse sont mainmortables dont les 4 maisons qu'elle possède audit Nantouard. Grâce à sa position auprès du marquis d'Hyenne mais aussi de la fortune dont il dispose, il obtient d'abord l'affranchissement de certains biens mainmortables, auprès de Messire Joachim de Marmier ancien possesseur du fief dit de Gattey, par traité signé du 19 avril 1647.

Par un autre traité daté du 10 janvier 1659, les autres biens que possède son épouse Françoise Gagnemaille audit Nantouard sont eux aussi affranchis, tout comme les acquisitions qu'il a faites après son mariage, en remplacement de ses propres biens qu'il avait vendus, sis sur le territoire de Chaumercenne, de Bard et Bresilley ; biens qui étaient eux aussi mainmortables mais ceux-là d'une autre abbaye, celle d'Acey.

Cet acharnement à vouloir affranchir tant l'être que ses biens laisse à penser que son départ de Chaumercenne pourrait être motivé par sa condition de mainmortable envers les seigneurs abbé et religieux d'Acey, dont il n'aurait pu obtenir l'affranchissement…

Lui qui avait en aversion la condition de mainmortable est donc maintenant un homme libre et ses possessions sont de franche condition.

Heureusement pour lui qui exécrait cette macule de mainmorte, il ne connaîtra pas les problèmes rencontrés par son petit-fils Gaspard Guyotte dès 1722, puis par son arrière-petit-fils Charles Guyotte en1760, biens contestés par d'autres abbé et religieux, ceux de de Corneux au motif qu'ils auraient été ensuite mainmortables de leur seigneurie…, comme on le verra plus tard.

 

De son mariage avec Françoise Gagnemaille, Claude Guyotte Cortot a 4 fils et une fille Anne Claude mariée à Gérard Riduet d'Avrigney. Au décès de leur père Claude Guyotte (2) en 1690, le cadet Jean Baptiste Guyotte (né en 1657) docteur en médecine qui a quitté la communion de ses frères pour épouser en1684 à Marnay Anne Claude Petitot du lieu, meurt prématurément en 1693, Estienne Guyotte Cortot un autre frère devient curé de Venère puis part en mission et décède en 1696.

De la communion des 4 frères dont certains des biens acquis, tant à Saint Loup qu'à Nantouard ou Velesmes, dépendent de la seigneurie de l'abbé de Corneux, il ne reste plus que les deux célibataires Gaspard Guyotte le notaire né en 1645 ,et Claude Guyotte (3) en 1652 le marchand, qui en 1696 se font alors une donation réciproque de tout les biens qu'ils possèdent.

Gaspard Guyotte l'aîné décédé en 1703, il ne reste que Claude l'économe de la famille, dernier des Guyotte Cortot, avec tous les biens hérités de son père et de sa mère et de ses frères, non pour lui-même mais pour son neveu Gaspard Guyotte unique fils de son frère Jean baptiste Guyotte Cortot le docteur. Le petit marchand de Nantouard veut finir sa vie en chef de famille (celle des Guyotte Cortot) et être respecté et reconnu de la population, un peu comme un seigneur et c'est ce qu'il va faire...

 

12-Claude Guyotte Cortot (3) le seigneur

En effet Claude Guyotte décide d'acquérir un fief. Bien que non noble il en obtient l'autorisation pour une somme ne dépassant les 10.000 frs.

Ainsi le14 avril 1708, il achète la moitié de la terre et seigneurie de Velloreille les Choye du sieur Guyard, provenant de Dame Charlotte de la Baume Comtesse de Visconti par contrat reçu du notaire Pautenet de Gray en date du 20 octobre 1696.

Cette seigneurie consiste en haute, moyenne et basse justice et droits en dépendant, dixmes, cens, droit de consentement, lods, retenue, vignes et autres héritages contenu audit premier rendage, pour le prix et somme de 10.000 frs ancienne monnoie, payés ainsi

5.000 frs au sieur Guyard directement devant notaire et témoins ; les autres 5.000 frs, le sieur Guyotte en a fait un billet et promesse de les payer dans le temps qui y est porté.

Comme le sieur Guyotte jouit de l'exemption de la dixme qui est déheue audit Velloreille, en conséquence de l'affranchissement qu'il a eu ou ses auteurs de feu le seigneur Marquis d'Hyenne cy devant seigneur dudit Velloreille. ledit sieur Guyard jouira lui aussi de l'exemption de la dixme pour tous les biens qu'il a audit Velloreille, territoire,vignobles et prairies ainsi que de toutes les terres qui pourraient en être affectés, comme ledit sieur Guyotte jouira pareillement pour tous les biens qui lui appartiennent.

L'acte est passé et signé à Gy le 14 avril 1708.

Claude Guyotte Cortot (3) est maintenant un seigneur, peut-être sans titre de noblesse, mais il est seigneur et peut s'intituler Messire Claude Guyotte de Velloreille voire Mr de Velloreille!…

Curieusement il acquiert ce fief à peine 2 ans après l'épouvantable incendie qui a ravagé toutes ses maisons et hébergeages audit Nantouard ; bien sûr il peut résider à Velesmes, à Velloreille, ou à Saint Loup mais, pour surveiller la reconstruction de son habitation à Nantouard et organiser la gestion journalière de ses terres et vignes avec ses ouvriers, journaliers, domestiques..., il faudra beaucoup de temps, peut-être 4 à 5 ans ou plus.

Alors il se met à transformer la chapelle qu'il à fait édifier avec son frère Gaspard il y a quelques années, en une habitation provisoire avec cheminée, cuisine et poêle (chambre à coucher). Impossible pour lui d'y faire venir la veuve du docteur Guyotte de Marnay et ses enfants qu'ils laissent à Saint Loup sauf le jeune Gaspard. Il leur donne en partage tous ses biens de mainmorte acquis après la mort de son père, scavoir environ 5 journaux de terre par pye à Nantouard, des prels, vignes… se réservant tous les biens de franchise et surtout conservant la garde en sa communion de Gaspard Guyotte son neveu qu'il élève jusqu'à son décès. C'est lui qui doit hériter de tous ses biens francs.

6 à 7 ans après ce terrible incendie, Claude Guyotte (3) revient habiter en sa nouvelle construction enfin achevée tout comme les granges et écuries destinées aux récoltes et au bétail de son exploitation.

Se sentant trop seul avec son neveu, chargé d'années et d'infirmités, il pense à prendre femme sur l'affection de laquelle il puisse compter pour être soigné dans sa vieillesse, il se marie en 1715 malgré son âge avancé (63 ans)… l'élue est Jeanne Roussel une jeunette de 45 à 50 ans à laquelle il fait des avantages capable de se l'attacher et part résider en sa seigneurie de Velloreille.

Ledit seigneur y meurt en 1722 sans postérité évidemment, mais laissant dans son testament publié le 22 avril 1722 pour héritier universel son neveu Gaspard Guyotte âgé maintenant de 37 ans... Claude Guyotte n'assistera donc pas à son mariage le 13 mai de cette même année 1722, mais peut-être lui avait-il conseillé cette union.

 

13-Gaspard Guyotte le seigneur de Velloreille

Gaspard Guyotte ce neveu chéri de Claude Guyotte (3), naît à Marnay le 26 juin de l'an 1685 au foyer de Jean Baptiste Guyotte docteur en médecine et de Anne Claude Petitot, son parrain est Gaspard Guyotte son oncle notaire de Nantouard.

Vivant toujours en communion avec son oncle Claude Guyotte (3) qui veut déjà en faire son héritier universel, il épouse à Gray damoiselle Jeanne Claude Sauvageot, une paroissienne de Gray native de Chaumercenne (le village originel des Guyotte Cortot n'est pas totalement oublié), fille du sieur Daniel Sauvageot de Bonboillon receveur des Consignations et Epices au baillage de Gray et de Claudine Thiébaut de Pesmes. Le mariage a lieu à Gray en présence du sieur Claude Sauvageot ancien vicomte mayeur de cette ville.

Jeanne Claude Sauvageot l'épouse du seigneur de Velloreille est née à Chaumercenne en 1691, sa grand-mère Anne Lance a ses parents et ses biens à Chaumercenne.

Tout semble donc bien se présenter pour Gaspard Guyotte le nouveau seigneur de Velloreille, héritier de son oncle qui l'a élevé auprès de lui toute sa vie.

Cependant une irritation commence à poindre dans sa tête : à la publication du testament de son oncle, parmi les gens présents en l'étude du notaire, figure l'abbé de Corneux qui conteste l'héritage du neveu, précisant que ses biens sont de leur seigneurie et mainmorte… Après le moment de surprise vient l'inquiétude et les soucis de procès possible avec les religieux de Corneux qui convoitent cette succession comme une échutte mainmortable de leur seigneurie.

 

Et l'on reparle de mainmorte...

Mais pourquoi ces biens hérités de son oncle seraient-ils mainmortables de Corneux? Ils étaient de franche condition, comment le seraient-ils devenus mainmortables ? Il doit y avoir erreur…

Pourtant non, l'abbey et les religieux de Corneux pourraient bien avoir raison en voulant faire main basse sur l'héritage du jeune seigneur.

Il faut voir dans cet héritage revendiqué par les religieux de Corneux, une lecture personnelle d'un article des règles et édits de mainmorte propres à la Comté.

Un homme franc possesseur de biens francs devient mainmortable pour lui et ses biens s'il vient résider en lieu de mainmorte : la prise d'un meix mainmortable rend l'homme de la condition de son meix.

Mais quand cela est-il arrivé ?

Les jours suivant le fameux incendie qui embrasa toutes ses maisons en 1706. Claude Guyotte (3) et son neveu s'installèrent en la chapelle réaménagée en une modeste et rudimentaire habitation, chapelle érigée du temps où son frère Gaspard Guyotte le notaire était encore en vie, sur un meix dépendant de la seigneurie mainmortable des religieux de Corneux…

Claude Guyotte le seigneur de Velloreille serait donc mort sujet mainmortable de leur seigneurie. Les religieux de Corneux forment en conséquence opposition à l'envoi en possession de l'héritier institué.

Pourtant ces allégations formulées par les religieux ne prévalurent pas et Gaspard Guyotte obtint l'envoi en possession par provision. Quant aux religieux ils furent renvoyés à se pourvoir à l'ordinaire sur leur prétention. Pourquoi ce revirement, cette décision surprenante prise par les juges suite au procès intenté contre Gaspard Guyotte.

La raison qui motiva l'envoi en possession des biens de fut Claude Guyotte(3) le seigneur de Velloreille) consista dans le fait que la prise de meix ne fut pas volontaire. Une autre lecture du droit

y est faite :

La demeure seule de l'homme franc dans un lieu de mainmorte ne le rend pas mainmortable parce que la demeure seule ne fait pas le domicile : il faut qu'il y ait une prise de meix c'est à dire qu'il y fut venu résider volontairement et par choix plutôt que dans un autre lieu dans la seule vue de s'y établir et d'y demeurer toujours.

Ce n'est pas de son plein gré que Claude Guyotte vint y résider mais l'incendie de ses maisons complétée par la charge de gérer et surveiller de près les travaux de sa grande ferme et la reconstruction d'un logis, l'obligea à résider sur place audit Nantouard et la prise de meix en cette chapelle qu'il dut modifier pour y vivre bien simplement, fut donc forcée et nullement volontaire . D'ailleurs son habitation reconstruite ( 6 à 7 ans plus tard), il vint y résider au plus tôt et abandonner le logement en cette chapelle considérée comme une misérable demeure, pire encore pour un seigneur...

 

Les religieux de Corneux durent se pourvoir, ils n'abandonnèrent pas de sitôt une telle galette si opulente et proche. Un autre procès eut encore lieu entre les héritiers puisque le 27 may 1760 (38 ans plus tard…) Charles Guyotte (défendeur), seigneur de Velloreille fils de fut Gaspard Guyotte unique héritier de son oncle Claude Guyotte Cortot (3), doit constituer un mémoire contre les sieurs abbé, prieur et religieux de l'abbaye de Corneux (demandeurs), toujours pour le même motif…

Comme quoi l'appât du gain ne fait pas cesser les procès, même si le nouvel abbé a changé ; les biens revendiqués restent toujours pour l'abbaye.

 

Gaspard Guyotte a 2 sœurs nées évidemment à Marnay, Jeanne Claude Guyotte en 1690 mariée à Jean François Joly de Gray dont la sœur Claude Françoise Joly épousera le sieur avocat Charles Sauvageot qui est aussi le frère de Jeanne Claude Sauvageot l'épouse de Gaspard Guyotte (3 mariages entre 3 familles, on ne peut faire mieux…) , et Claude Françoise Guyotte née en 1692 mariée à Nicolas Cauchy un marchand originaire de Dieppe ; des partis bien modestes voire médiocres que leur frère Gaspard Guyotte leur a trouvés...

De son épouse Jeanne Françoise Sauvageot, Gaspard Guyotte a un enfant mâle qu' il fait son héritier universel Charles Guyotte qui suit, et 3 filles mais dont on ne connaît pas leur sort, nées à Velloreille pour Antoinette en 1723, pour Jeanne Claude en 1726 et pour Claude Françoise en 1730, et une quatrième fille Claude Françoise née en 1724 à Chaumercenne (encore cet attachement à son village originel), sûrement décédée très jeune.

Gaspard Guyotte le seigneur de Velloreille meurt audit lieu le 21 janvier 1749, et son épouse Jeanne Claude Sauvageot le 31 janvier 1778.

 

14-Charles Guyotte seigneur de Velloreille

Il est né à Velloreille le 7 mai 1728, son parrain est Charles Sauvageot (son oncle), et sa marraine Jeanne Françoise Sauvageot (sa tante, épouse du sieur Jean Baptiste Panssard le greffier des terres et justice de Pesmes).

Il épouse à Vesoul le 10 juin 1775 (il a tout de même 47 ans) Claude Victoire Françoise Madroux de Vesoul, une damoiselle de 19 ans fille de Messire François Louis Madroux écuyer, capitaine de cavalerie, chevalier de l'ordre royal de Saint Louis, commissaire des guerres et lieutenant de la maréchaussée générale du Comté de Bourgogne, et de feue Pierrette Charles son épouse.

 

Il possède audit Chaumercenne des biens dont une grande maison et des vignes qu'il désire vendre pour acheter d'autres mais sur le secteur de Velesmes et Velloreille. Affaire est faite avec Daniel Courboillet riche laboureur du village, le 8 avril 1777

Cette énorme vente mérite d'être racontée en détail

 

Vente des biens du seigneur de Velloreille à Chaumercenne

Charles Guyotte seigneur de Velloreille comparait ce 8 avril 1777 après-midy, pardevant de Claude Bard notaire, il cède et vend à Daniel Courboillet laboureur demeurant à Chaumercenne, un scelier couvert en laves consistant en une cuisine, deux chambres et un grenier au-dessus, la cave à voûte sous les deux chambres, et une cuverie, avec 3 journaux tant en terres qu'en verger joignant icelle, avec aisances, commodités et dépendances, confiné de levant par la rue commune de couchant le chemin tirant à Bard, et le verger de Pierre Courboillet.

Item, une vigne de la contenance d'un journal au vignoble du lieu, es Chevanny.

Les 4 ouvrées de vignes et le vergersituéd dans le clos du scellier sont déclarés mouvants de la justice et seigneurie de Mr le Marquis de Villers-Vaudey, seigneur de Chaumercenne chargées de toutes ses charges seigneuriales et autres , même dess droits de lods, cens, amendes, justice et seigneurie, commise et la mainmorte, et autres charges contenues aux titres et terrier dudit seigneur auxquelles ledit achepteur devra se conformer.

La vente ainsi faite pour la somme de 2.200 liv que ledit acquéreur a payé comptant et réellement passé audit vendeur qui a touiché et embourcé cette somme tant en louis d'or qu'écus et autres bonnes monnoies ayant cours en ce pays.

Fait passé et lu audit Vallay pardevant Jacques Bard notaire royal audit lieu, en présence d'Antoine praticien et d'Estienne Chavanne compagnon mareschal, les deux demeurant à Vallay et qui ont signé avec les parties.

Ce cellier n'existe plus actuellement, il avait été acquis peu avant la Révolution par la famille Pierrecy juge de paix à Pesmes. Quant à son ultime propriétaire une rentière dénommée Victorine Gabiot, les anciens disaient qu'elle était la dernière personne de Chaumercenne morte de faim, malgré le soutien apportée par la population qui lui donnait volontiers des gaudes...

De cette superbe maison à la cave qui occupait toute sa longueur, il ne reste que quelques murs entre les maisons d'Angélique et l'ex-maison d'Honoré Priolet.

 

Après cette vente, on ne parlera plus des Guyotte Cortot, ni de ce dernier seigneur Charles Guyotte qui avait donc vendu ses derniers biens mainmortables audit Chaumercenne, pas même à la Révolution.

On a retrouvé cependant des P.V d'arrestation le concernant en date des 14, 15 et 18 brumaire an 2. Il est désigné de Gray. Son nom figure dans la 1ère classe de l'article 2 de la loi des suspects du 17 septembre 1793, pour propos et conduite inciviques. Ses biens à Nantouard, Velloreille ou Velesmes ont-ils été saisis comme ceux des nobles qui ont émigré ; à priori non, il n'a sûrement pas moisi longtemps dans les geôles grayloises. Sa tête est bien restée sur ses épaules puisqu'il a continué de vivre à Velloreille.

De son mariage avec Claude Victoire Madroux, Charles Guyotte aura 3 filles Claude Françoise (1785), Anne Baptiste (1787) et Joséphine (1790) toutes mariées après la Révolution à Velloreille, à des capitaines de cavalerie ou de la garde impériale présentement quand ils étaient en repos, au dépôt de Gray (grande cité de garnison pour des chasseurs à cheval) , et un garçon Charles Antoine (1780) que l'on évoquera après.

 

Charles Guyotte ex-seigneur de Velloreille les Choye décède en son domicile audit lieu le 7 février 1812 à 8 heures du matin, âgé de 85 ans, aucune autre mention ne figure sur le registre d'état civil du lieu, pas même le nom de ses parents…

Son épouse Claude Victoire Madroux meurt 2 ans plus tard, le 2 février 1814 ; l'enregistrement de son décès est plus éloquent que celui de son époux Son fils Charles Antoine Guyotte 34 ans propriétaire en fait la déclaration : décédée à 2 heures du matin à l'âge de 58 ans, propriétaire à Velloreille et veuve de Charles Guyotte, fille de fut Louis Madroux décédé à Vesoul mais on ignore le nom et lieu de décès de sa mère….

 

Charles Antoine Guyotte

C'est le fils de Charles Guyotte seigneur de Chaumercenne. La Révolution est passée et ce fils n'a plus aucun titre aristocratique. Né le 22 avril 1780 à Velloreille, il est maire de Velloreille quand il épouse à Cresancey le 21 novembre 1808, Claude Françoise Mélanie Viard de Cresancey âgée de 19 ans, née le 29 janvier 1790 fille de fut Nicolas Viard décédé à Valay, en son vivant régisseur du fourneau de Valay et dame Jeanne Anatoile Dupoirier, Est présent à ce mariage, pour le futur Claude Louis Madroux ancien officier d'infanterie (49 ans) de Vaîte son oncle maternel et pour la future, Jacques Viard propriétaire à Vaîte son oncle et curateur.

Charles Antoine Guyotte décède à Cresancey le 10 juillet 1842 à l'âge de 69 ans, son épouse Françoise le 10 août 1854, en pleine période de choléra qui sévit dans la région, âgée de 64 ans. Ce sont ses fils Nicolas Guyotte et Charles Antoine des jumeaux, cultivateurs audit Cresancey qui en font la déclaration au maire de la commune du village.

De leur union, on leur connaît donc ces deux fils jumeaux Charles Antoine et Nicolas Guyotte nés à Cresancey le 27 février 1825.

 

Ces jumeaux Guyotte savaient-ils qu'ils étaient issus de la grande famille des Guyotte de Chaumercenne appelée Guyotte dit Cortot dont certains sont devenus plus tard seigneurs de Velloreille avant de devenir ce qu'ils sont eux maintenant, de modestes cultivateurs de Cresancey...

 

 

Conception de l'arbre généalogique des premiers Guyotte de Chaumercenne

La difficulté pour l'établir au mieux, réside dans le nombre important de branches qui se sont formées dès le milieu du 16è siècle ; on compte ainsi des Guyottes surnommés Cortot, Morot, Milan qui ne posent pas trop de difficultés, mais d'autres comme les Guyotte dits Jolyjean, Mignot, Dagot, Frelet, Ganillot... pour Chaumercenne qui n'ont duré qu'une cinquantaine d'années ne se sont pas suffisamment implanté pour voir leur progression dans des actes notariés. Plus délicates, les branches qui se sont expatriées par mariage le plus souvent dans les villages avoisinants avec eux aussi des surnoms comme les Guyotte dits Bellican à Montagney, Lallemand à Pesmes, Pautot à la Résie St Martin.

Pour ces derniers, chacun pourra ainsi prolonger la généalogie des Guyotte comme il le pourra.

Dans cette arbre manque beaucoup de femmes Guyotte qu'on ne peut rattacher à telle branche de ces Guyotte, les renseignements manquent...il faut dire que les actes notariés d'avant 1650 sont rares ou se sont perdus à la période des guerres comtoises, tout comme certains registres paroissiaux , hélas...