H06-Les HENRIET de Chaumercenne

Les Henriet de Chaumercenne

 

Arbre généalogique des Henriet

 

 

 

Origine de ces Henriet

 

Cette famille d'Henriet est apparue à Chaumercenne en 1703 par le mariage de Jacques François Henriet maréchal de profession, avec Colombe Jarrot de Chaumercenne dont les ancêtres sont natifs de Champtonnay.

 

Dans le contrat de mariage en date du 17 avril 1703, on apprend que Jacques François est fils de Nicolas Henriet en son vivant chirurgien à Montagney, et de Jeanne Baptiste Morel de Gendrey (Jura).

 

Effectivement, dans le registre paroissial de Montagney, on retrouve la naissance de Jacques François Henriet le 15 octobre 1677, sa marraine est Anne Morel de Lantenne (25). Mais on ne rencontre pas d'autres actes antérieurs sur ce registre de Montagney, les parents de ce Nicolas Henriet chirurgien ne sont alors pas connus.

 

Que dire des renseignements fournis par le premier registre paroissial de Pesmes concernant un certain Estienne Henriet.

 

Estienne Henriet

 

Estienne Henriet, époux de Jeanne Roland, est père de plusieurs enfants : Claude en 1650, Augustin en 53, un autre Claude en 55, puis de sa seconde femme Jeanne Gauthier, il a Françoise en 62, Jacques en 68 et Claude Nicolas en 72.

 

Les 2 contrats de mariage d'Estienne Henriet sont retrouvés dans les minutes de Laurent Lasnier notaire à Pesmes.

 

 

 

Dans son contrat de mariage en date du 18 aoust 1651,Mre Estienne Hanriet de Vallevans(Vellevans au SE de Baumes les Dames, canton de Cerval) est cité charpentier, père de Claude Henriet procréé du corps de son espouse Jeanne Roland, leur mariage aurait déjà été célébré en une église audit Pontarlier. Leurs biens communs sont évalués à 700 frs monnoie ancienne du comté de Bourgongne.

 

Je tiens à remercier mon ami Guy Poinssard de Pesmes pour l'aide qu'il m'a apportée dans cette recherche : il m'a retrouvé dans ses archives cet acte de mariage indispensable pour situer ces Henriet.

 

 

 

Pour son second mariage, Estienne Henriet convole avec Jeanne Gauthier ; le contrat de mariage passé à Pesmes en l'étude de Laurent Lasnier et Claude François Luxeul de Pesmes est daté du 18 septembre 1661, on retrouve Messire Estienne Hanriet dit de Velvans, fils de fut Gérard Hanriet et d'Adrienne Magnenet. Le futur marié promet à sa future épouse des joyaux nuptiaux à hauteur de 125 frs (somme importante pour l'époque…) et même somme comme douhaire en cas que douhaire ayt lieu et pour une fois seulement.

 

Mais la future est riche de ses biens hérités de ses parents décédés  : 55 frs en escus et louys blancs, 40 frs tant escus que demy escus d'argent, crochets et croix aussi d'argent et 105 frs, faisant en tout 200 frs.

 

Le contrat est passé à Pesmes devant Laurent Lasnier notaire en présence de Guillaume Myet docteur es droit, prestre curé audit Pesmes et noble Charles Mairot jadis capitaine pour le service de sa Majesté, de Mre Jean Gaultier frère de ladite future mariée et Jacques Simond de Dampmartin tesmoins resquis.

 

 

 

Estienne Henriet de Pesmes teste le 20 mai 1675 en l'étude de Laurent Lasnier notaire à Pesmes. Il cite les 3 enfants qu'ils a eus de ses 2 épouses : Claude, Françoise et Claude Nicolas déclarés en pupillarité. Il y est fait de plus un inventaire de ses biens qui est très important.

 

 

 

Pour remonter à Gérard Hanriet de Vellevans, il faut consulter le registre paroissial de la commune, mais le souci, Vellevans n'est pas paroisse, elle n'est qu'une annexe et dépend de Servin, village voisin. La consultation de ses registres paroissiaux ne pose plus aucun doute sur la présence de ces Henriet à Vellevans dès 1550. Le registre qui débute en cette année est couvert d'Henriet et de ses variantes, Henryet, Henriot, Enriet, Enriot, Hanriet enregistrées au fil des années en fonction du prêtre-curé en fonction dans cette paroisse, dont j'ai conservé l'écriture originelle. Mais ce sont ces Henriet qui sont à l'origine des Henriet de Chaumercenne. les Hentiet sont bien originaires de Vellevans, village du canton de Clerval.

 

 

 

Les Henriet de Vellevans

 

Girard Henriot naît à Vellevans le 11 décembre 1597 dans le foyer de Claude Henriot marié le 20 octobre 1579 à Alix Chaisey de Bretignier. Il épouse le 14 mai 1623 Adriaine Magnenet de Vellevans fille d'Hugues, née le 22 avril 1598.

 

De leur mariage naît bien sûr notre fameux Etienne, cité Etienne Enriot né le 21 septembre 1625, charpentier qui vient s'installer à Pesmes comme on l'a vu précédemment.

 

Les parents de Girard Henriet sont Claude Henriot (né vers 1555) marié le 20 octobre 1579 à Alix Chaisey, fille de fut Girard Chaisey de Bretinier.

 

Claude Henriet de Pesmes, fils d'Estienne épouse vers 1678 Huguette Baulard qui a peut-être donné une descendance sur Pesmes…

 

Il existe d'autres famille de Henriet mentionnées dans le registre paroissial de Servin, une seule est citée de Servin, toutes les autres de Vellevans.

 

Etienne Henriet a une sœur prénommée Catherine née en 16224 (écrit Enriot) mariée à Vellevans en 1660 à Pierre Voynet de Lanans un village tout proche (l'acte de mariage la mentionne sous l'écriture Henryet).

 

 

 

Mais qui sont donc les parents de Nicolas Henriet le chirurgien de Montagney ?

 

 

 

Nicolas Henriet le chirurgien

 

C'est par un modeste acte notarial (la constitution d'une rente) que l'on retrouve la trace de ce Nicolas Henriet.

 

Cette rente datée du1er décembre 1684 permet d'orienter l'origine de Nicolas Henriet vers Frotey les Vesoul… Ainsi

 

Nicolas Henryet maître chirurgien demeurant présentement à Montagney et originaire de Froté près de Vesoul, de l'autorité et consentement de Dale Jeanne Baptiste Morel de Gendrey son épouse créé et constitue sur Mre Alexandre Ignace de Santans Conseiller du Roy, Maître en sa Chambre des Comptes à Dole et seigneur de Montagney, une rente annuelle et perpétuelle de 6 frs monnoye de ce pays (monnaie comtoise, pourtant on est devenu français depuis 6 ans…) jusqu'au complet remboursement du principal qui est de 100 frs. On y apprend que cette somme est pour 50 frs consacrée à l'achat d'un cheval de 9 ans d'âge.

 

L'acte est passé par devant Brenot d'Aulmont notaire royal demeurant à Montaney, en présence de Jean Antoine Broudot admodiateur des biens de la seigneurie du lieu, et signé par Nicolas Henriet et Broudot, ladite Morel estant illétérée.

 

La consultation des registres paroissiaux de Frotey n'a rien donné mais celle de Vesoul permet de trouver plusieurs Henriyet ou Henryet et tout particulièrement la naissance d'un Nicolas Henriyet le mercredi 30 mai 1653 fils de Antoine Henriyet et de Claudine Jobard ; les parrain et marraine sont Nicolas Jacquin et Barbe Richard.

 

La transcription de cet acte de naissance et la concordance des dates et des prénoms permettent d'entrevoir raisonnablement la paternité de Nicolas Henriet le futur chirurgien de Montagney à cet Antoine Henriyet époux de Claudine Jobard.

 

 

 

Les Henriet de Noroy le Bourg

 

 

 

Le passage de ces Henriet dans le secteur de Vesoul n'est pas fortuit. Trop nombreux sur le modeste village de Vellevent, Antoine Henriyet l'a peut-être quitté pour Vesoul où il aurait connu son épouse Claudine Jobard ; Vellevent est proche de Baume les Dames et peu éloigné de Vesoul.

 

Le couple installé à Frotey a entraîné la venue de nombreux Henriet de Vellevent au village voisin de Noroy le Bourg, les Henriet se répartissent ainsi dans les environs de Vesoul sans vraiment s'éloigner les uns des autres.

 

Ainsi le 15 juin 1688, on relève le mariage à Vellevent de Joseph Henryet fils de fut Sébastien Henryet de Vellevent avec Jeanne Françoise Foissardey de Noroy le Bourg. Mais déjà Charlotte Henryet sa sœur avait des enfants de Jean Demougin de Noroy (la première naissance date de 1583). Cette présence des Henriet de Vellevent à Noroy a sans doute permis le plus jeune frère (Jean Etienne) à épouser en 1694 à Noroy le Bourg une fille du lieu, Jeanne Claude Demougin.

 

Les parents de ces 3 frère et sœurs Henriet sont Sébastien Henriet né en 1636 à Vellevent et Marguerite Bonnefoy de Blamont en Lotharingie, mariés le 26 août 1658 à Vellevent où Sébastien Henriet décède en 1675. Les deux autres enfants du couple, Etienne le plus âgé et sa sœur Madeleine se marieront et resteront vivre à Vellevent.

 

Le registre paroissial de Servin ne commence qu'en 1550, il n'a pas été possible de sortir l'origine de Nicolas Henriet qui a vécu à Frotey, sûrement né à Vellevent.

 

 

 

Qualifié de chirurgien, ce Nicolas Henriet quitte les environs de Vesoul pour s'installer à Montagney.

 

En 1685, Mre Nicolas Henriet y fait l'acquisition d'une petite maison pour la somme de 130 frs (somme bien modique pour une habitation, encoreplus pour un chirurgien, une maison secondaire... ?

 

De nombreuses naissances sont relatées dans le registre paroissial de Montagney concernant le couple Henriet / Morel ; elles débutent par celle de Jacques François en 1677, et cessent avec celle d'Antoine en 1690. Nicolas Henriet serait donc mort peu après. Je n'ai pas trouvé trace de son décès à Montagney.

 

De son mariage avec Jeanne Baptiste Morel, Nicolas Henriet laisse 3 enfants , tous de sexe masculin, d'abord Jacques François l'aîné né en 1677, Hugues en 1680 et Nicolas en 1690. En effet le contrat de mariage de Jacques François Henriet avec Colombe Jarrot mentionne le partage en 3 parts égales des biens échus de fut Nicolas Henriet père du futur, partables avec ses deux autres frères.

 

 

 

Le cas de Sulpis Henriet recteur d'escole à Chaumercenne

 

 

 

Une autre énigme vient embrouiller l'origine probable des Henriet de Chaumercenne : la présence de Sulpice Henriet maître d'école à Chaumercenne en 1700.

 

 

 

Sulpis Henriet n'occupe la fonction de recteur d'école à Chaumercenne que pendant 14 mois entiers comme le précise le certificat donné par le sieur Collinet prêtre-curé de Chaumercenne en date du 14 décembre 1700. Il y aurait donc officié du 1er octobre 1699 au 30 novembre 1700. Curieux qu' il ne termine pas cette année 1700...

 

La communauté paroissiale de Chaumercenne (et de Résie Saint Martin) aurait rompu son contrat, et averti officiellement le prêtre Jean Collinet de son départ puisque le recteur d'école est un assistant indispensable du prêtre dans ses fonctions religieuses. Le motif n'est pas révélé, mais Sulpice Henriet engage un procès contre cette communauté.

 

Pourtant Sulpice Henriet avait bien l'intention de rester à Chaumercenne, l'achat qu'il fait le 2 mars 1700de biens sis à Chaumercenne pour la colossale somme de plus de 1250 liv., en est une preuve flagrante ; on y reviendra plus tard.

 

 

 

Mais d'où vient-il ?

 

Pas de Frotey les Vesoul, ni de Pesmes ou Montagney, pas plus que de Vellevans . Il est originaire de Lizine, petit village dans le canton d'Avoudrey dans le Haut Doubs…Ce renseignement est donné dans cette fameuse acquisition de mars1700, il y est dit : honeste Sulpis Henriet de Lizine recteur d'escolle à Chaumercenne, de l'autorité de Jacques Henriet son père absent, dont il se fait fort de présenter l'acte de consentement deans Pasques (avant Paques)...

 

La lecture du registre paroissial de Lizine depuis 1604 surprend, il n'y aurait que des Henriet tant leur nombre est excessif… Bien sûr on relève le nom de Sulpice Henriet né le 11 septembre 1668 de Jacques Henriet et Etiennette Hugue mariés le 10 octobre 1653 ( témoin de leur mariage André Monnein de Vesoul...) ;son parrain est Guillaume Droz prêtre-curé de Lizine et sa marraine Antoinette fille de Jean Lestondeau.

 

Cette surpopulation d'Henriet à Lizine a-t-elle poussé Sulpice Henriet à quitter son village pour d'autres lieux ? Il est pourtant encore habitant de Lizine en 1695 puisque témoin de 3 mariages de filles Henriet en cette localité, cette année.

 

Il arrive donc à Chaumercenne dès le 1er octobre 1699 pour y assurer le poste de recteur d'école. Il en profite pour réaliser cette acquisition du 2 mars 1700 dont en voici quelques détails :

 

 

 

Sulpice Henriet acquiert de Humbert Roussel demeurant à Chaumercenne, du consentement de Marie Pleureux sa femme, tout ce que cy après spécifiés, déclarés provenir de l'hoirie de fut Claude Pleureux et Jeanne Boiteux ses père et mère, beau-frère et belle-mère desdits vendeurs ; biens acquis par décret au baillage de Gray, et de fut Mr le Conseiller de Villersvaudey seigneur de Chaumercenne, consistant en maison avec jardin,aysances et dépendances, terres et vignes, et la moitié d'un capital de rentes de la somme de 195 frs sur la communauté de Chaumercenne portant intérets de 5 frs 15 sols annuels.

 

La maison consiste en un scelier situé en la rue haute touchant la charrière commune (rue principale) dénoncée de la franchise de Choye, 2 journaux de terre et 8 ouvrées de vigne chargés envers Jeanne Françoise Devaux veuve du Sr Conseiller de Villersvaudey.

 

Le tout pour le rendage de 1266 liv.13 sols et 4 deniers soit 1900 frs ancienne monnoie de ce pays, payables ainsi : 200 frs dans la quinzaine et les autres 1700 frs déans un an prochain…

 

L'acte est passé à Chaumercenne pardevant Jean Pernot d'Ouge notaire royal audit lieu en présence de Samson Pernot et Jean Claude Jarrot de Chaumercenne tesmoins requis.

 

Rejeté de Chaumercenne, Sulpice Henriet habite désormais Marnay où il épouse en 1701 Jeanne Françoise Voulot du lieu, il a 33 ans...

 

En 1703, il vient conclure la fin du procès qu'il a intenté aux communautés de Chaumercenne et de Résie, sûrement pour rupture abusive de son contrat de recteur d'école.On le retrouve à Chaumercenne le 12 mars devant le notaire Pernot et les 3 échevins de 1702, pour Chaumercenne (Hylaire Oudille et Jean François Jarrot) et pour Résie St Martin (Antoine Auger). Les deux communautés ont perdu ce procès devant le Présidial de Gray. Elles s'engager à verser 46 liv 13 sols et 4 deniers audit Henriet pour frais et dépens (38 liv 13 sols 4 deniers avant Pasques prochain, et les autres 8 liv avant le jour de feste Toussaint) et à lui remettre en mains tous les papiers concernant ledit procès.

 

Cette communauté doit encore 6 frs 15 sols audit Sulpis Henriet (délibération du 13 mars 1704).

 

Sulpice Henriet fera des émules à Marnay parmi ses compagnons de Lizine puisque Louise Henryet née audit Lizine en 1729 épouse le 19 février 1759 Pierre Jurain de Marnay (né en 1732), témoins de cette union Jean Henriet frère de la mariée et son père Jean Antoine tout de même âgé de 61 ans. A cette date, Sulpice Henriet n'était peut-être plus en vie, il aurait 91 ans...

 

 

 

Revenons maintenant aux Henriet de Chaumercenne.

 

 

 

Jacques François Henriet et Colombe Jarrot

 

Jacques François Henriet est l'aîné des enfants de Mre Antoine Henriet chirurgien de Montagney et de Jeanne Baptiste Morel. Né audit lieu le 15 octobre 1677, il épouse par contrat en date du 17 avril 1703, Colombe Jarrot de Chaumercenne fille de Jean Claude Jarrot et de feue Jeanne Bretet. Voici quelques détails de ce contrat

 

 

 

 

 

Jeanne Baptiste Morel a mère du futur fait bon et riche son fils à la tierce partie des biens à elle appartenant et tels qu'ils se trouveront au jour de sa mort, à partager avec ses 2 autres frères (Hugues né en 1680 et Antoine en 1690) ; le couple a donc 3 enfants tous mâles...

 

Le futur promet de joueller ladite future épouse pour le jour de ses nopces, la somme de 50 frs ancienne monnoie (nous sommes en 1703 et l'argent comtois circule encore, malgré le rattachement de la Comté au royaume de France dès 1678...) et pareille somme pour douhaire …

 

Jean Claude Jarrot fait bonne et riche sa fille Collombe pour la troizième part des biens échus de feue Jeanne Bretet sa mère, et de la tierce part pour ses biens qu'il délaissera à son décès, sauf que ledit Jarrot se réserve sa maison pour son fils Jean avec tous ses meubles tant morts ou vifs, et pour même vaillance (pour dédommager les 2 autres héritières), il relache à ses 2 filles 2 ouvrées de vignes au vignoble de Chaumercenne.

 

Ledit Jarrot promet d'entrousseler ladite future épouse pour le jour de ses nopces d'un trousseau scavoir :

 

Un lit avec son traversin, un tour de lit de serge de caen vert, le mesme que sa mère a heu lors de son mariage avec ledit Jarrot, un coffre de bois de chesne ferré fermant à clef, une demie douzaine de draps de lit, une douzaine de serviette moitié lice et moitié ouvrée, 2 nappes l'une lice et l'autre ouvrée, une demie douzaine de chemises et une demie douzaine de tabliers avec trois paires d'abits servant à sa personne et de différentes couleurs, avec un abit neuf que ledit Jarrot a promis de lui offrir le jour de sesdites nopces, comme encore deux mères brebis…

 

Fait et passé audit Chaumercenne au logis dudit Jarrot pardevant Jean Pernot d'Ouge notaire royal rédant à Chaumercenne, assisté ledit futur du sieur Claude François Simonin, Jean François Jarrot et Claude Antoine Carvillot tous parents, en présence de Samson Pernot et de Pierre Beuchey tesmoins requis.

 

Si ce mariage semble moins riche que celui des grands-parents paternels, il rassemble tout de même deux jeunes de revenus aisés qui ne demeureront pas dans la misère…

 

Jacques François Henriet devient maréchal de profession à Chaumercenne. Le couple n'aura que 2 enfants,tous deux deux nés à Chaumercenne : Pierre l'aîné en 1711, le cadet Antoine en 1718.

 

 

 

Une histoire assez cocasse

 

Le 24 avril1720, Jacqes François Henriet maréchal et de l'autorité de Colombe Jarrot son épouse créé et constitue une rente à Bonnaventure Abbé prestre-curé de Vadans de 6 liv monnoye du royaume payable chaque jour 24 avril à commencer l'an 1721, jusqu'à l'entier acquittement de son principal de 99 livres que ledit Abbey à réellement versé audit Henriet et dont il est content. Pour le fait rien d'étonnant mais la raison qui à motivé la constitution de rente est singulière.

 

Ledit Henriet précise que la somme doit être employée à faire un retrait de 2 ouvrées de vignes sur le vignoble de Chaumercenne que Jean Jarrot son beau-frère qu'il avait vendu au nommé Sauvageot de Grande Résie. Ledit Henriet s'engage à rembourser l'acquéreur du montant de la vente et payer les frais et taxes qui lui sont adjointes. Quant audit sieur Abbé , il se réserve les 2 ouvrées de vignes pour spéciale hypothèque. L'acte est passé à Pesmes par devant Claude Jeannier notaire royal audit lieu, en présence de Mre Claude Pyot procureur au baillage de Pesmes et de Jean Gauthier didit Pesmes laboureur témoins requis.

 

L'entente entre le frère et la sœur Jarrot ne devait être que de façade pour s' obliger à faire un retrait lignager plus coûteux qu'une simple vente entre eux deux…

 

 

 

Le 27 mars 1732, Jacques François Henryet le maître maréchal doit avoir une nécessité financière particulière puisque conjointement avec ses deux fils Pierre et Antoine Henryet, il vend 1 ouvrée et demi de vignes sises au vignoble de Chaumercenne, à François Joseph Poncelin prêtre résidant à Paris (frère de Antoine François Xavier Poncelin le Conseiller au siège présidial de Gray, qui possède la demeure féodale devant la place de Chaumercenne). Le montant du rendage est minime 21 liv. Préparerait-il le mariage de son fils aîné Pierre qui semble promis à Jeanne Oudille ?

 

 

 

 

 

Pierre Henriet fils de Jacques François

 

Pierre né en 1711, est le fils aîné du couple Jacques François Henriet / Colombe Jarrot. Il épouse en 1734 Jeanne Oudille fille de Daniel et de feue Jeanne Clément décédée avant 1729. Du couple naissent 2 fils Jean en 1739 et Pierre en 1741. Jeanne Oudille meurt en 1746 seulement âgée de 32 ans.

 

 

 

Pierre Henriet le curateur à conseil

 

 

 

Il a été nommé à cette responsabilité et agréé par le conseil de famille suite au décès d'Estienne Nivois deMontagney, demeurant à Chaumercenne, pour gérer les biens de ses enfants, Jacques et Anne et Jacques François Nivois procréés du corps de Jeanne Jarrot sa première épouse décédée elle en 1733. Ce conseil constitué de Jean Polenot oncle des enfants et de Jean Baptiste Guyotte, Claude Oudille, Jacques François et Sébastien Nivois aussi leurs oncles de Montagney, doit statuer sur le sort de ces pupilles qui vivent en compagnie de la seconde épouse de leur défunt père ; il faut régler leurs situations au plus tôt, point de vue matériel mais aussi activité (pour l'époque ils sont en âge de travailler, Anne a 17 ans et Jacques16).

 

Tout d'abord le 8 février 1745, Pierre Henriet signe un marché avec Claudine Jarrot de Chaumercenne leur tante qui s'engage à tenir avec elle les plus jeunes, Jacques et Anne Nivois, les entretenir, nourrir, envoyer à l'école, à payer le recteur d'école pendant un an entier à commencer aujourd'hui, moyennant la somme de 36 liv. payable par ledit Henriet dès demain et l'autre moitié à la fin de l'année.

 

Fait lu et passé en présence de Claude François Juif et Sébastien Juif tesmoins requis.

 

Le plus curieux dans l'affaire, les pupilles ont déjà 16 et 17 ans, donc à un âge où les enfants s'ils ne font d'études particulières travaillent déjà depuis longtemps...

 

Pour le paiement des clauses du marché avec ladite Jarrot, il faut de l'argent provenant des biens de fut Estienne Nivois. Ainsi une semaine plus tard, Pierre Henriet le curateur des enfants et Françoise Jacquin la veuve d'Estienne Nivois en qualité de mère tutrice desdits enfants héritiers, font mettre des placards aux portes des églises de Chaumercenne et Montagney pour signaler aux habitants qu'il sera procédé à une monte aux enchères des revenus de champs, prels et vignes délaissés par ledit fut Nivois, situés à Montagney et finalement adjugés à Jean Courbey de Montagney pour 30 liv. 10 sols (le montant annuel du bail de ces biens est important, Estienne Nivois est sûrement un laboureur aisé du lieu). Ce marché n'est simplement qu'une garde temporaire de ces enfants, pas une démarche de recherche d'emploi…

 

Mais le 1er décembre de cette année 1745, Pierre Henriet le curateur trouve pour Jacques François Henriet l'aîné des pupilles une solution très acceptable ; un marché d'apprenti avec un oncle de l'enfant, Jacques François Nivois Maître cordonnier de Montagney (probablement son parrain).

 

Le marché d'apprentissage prévoit que :

 

Ledit Jacques François Nivois oncle promet et s'oblige à tenir avec luy ledit pupille son neveu pendant l'espace de 2 années entières commençant ce jour, de le nourrir, chauffer, coucher, blanchir et faire recoudre ses habits et de l'envoyer à l'école pendant la première année et payer son enseignement au maître d'école ; et la seconde année lui montrer et apprendre sa profession de cordonnier, le tout en son honneur et conscience et autant que sondit neveu pourra être capable d'apprendre, à charge pour ledit apprenti de respecter et obéir ledit Nivois son oncle

 

Pour rétribution de quoy, ledit Henriet curateur promet et s'oblige de payer Audit Jacques François Nivois oncle, la somme de 75 liv. monnaie du royaume scavoir la moitié le jour présent et l'autre moitié le jour de feste St Martin d'hiver de l'an prochain 1746. Il s'engage aussi à lui livrer 2 mesures de froment à celle de Pesmes.

 

Le marchef est passé à Montagney pardevant le notaire Claude Juif en présence de Claude François Juif et Jean Pellot de Montagney tesmoins requis.

 

On ne connaît pas le sort réservé à Anne Henriet, une place de domestique auprès de sa belle-mère Françoise Jacquin, un apprentissage en couture ou alors l'amorce d'un mariage...

 

 

 

Quant à Pierre Henriet manouvrier et veuf depuis 1746, il se remarie en 1747 avec Jeanne Utrot de Valay, fille de Claude Utrot et Françoise Charlin de Valay ; voici quelques éléments de leur contrat de mariage daté du14 janvier 1747 et passé à Valay par devant Claude Juif notaire demeurant à Montagney Besuche.

 

Ledit future s'est fait bon et riche en ses biens maternels échus dont il jouit, et des biens paternels à échoir. Lesdits Utrot et Charlin font bonne et riche leur fille conformément aux traités de mariage de sa sœur Françoise et de son frère Jean Pierre Utrot. Pour le jour de ses noces le père offre à la future le troussel suivant consistant en

 

un lit de plume avec son traversin, des rideaux d'impériale verte, une couverte de toille rayée garnie d'étouppe, une douzaine de serviettes, 3 nappes de toille ouvrée et simple, un habit de serge brun, un autre dont la toille est de drap et la juppe de callamandre, une juppe de petite étamine et une veste de burot, une veste de crapon, un habit de toille de cotton, un habit de droguet commun, un habit de dauphine, 3 tabliers d'étoffe, 3 tabliers de toille dont un de toille fine, douze chemises et une douzaine de coeffes et une douzaine et demie de toille de ménage, et toutes sortes d'habits et linges servant à sa personne, un buffet de bois de noyer ferré et fermant à clef ; lequel troussel le futur en donnera bonne et vaillante quittance.

 

Ledit futur accorde à sa future pour joyaux nuptiaux la somme de 50 liv. et pareille somme pour douhaire. Il veut qu'en cas de décès, la future épouse ait une chambre à feu en sa maison pendant sa viduité seulement, ainsi que la jouissance d'une pièce de vigne à Chaumercenne au lieu-dit Au Désert, sa vie durant.

 

Le 5 janvier 1755, Pierre Henriet prend à bail pour 6 ans, les terres des frères et sœur Guelle, Claude Gabriel, Jean Claude Isidore et Thérèse. Il signe cet important contrat devant Claude Derriey notaire. Le bail concerne 41 journaux de terres et le revenu estimé se monte à 100 liv. / an. Il devra trouver de l'aide pour cultiver ces terres et en récolter les fruits, auprès de ses 3 garçons, malgré leur jeunesse...

 

Pierre Henriet décède en 1763 à l'âge de 51 ans, laissant ses 5 enfants à la charge de sa seconde épouse Jeanne Claude Utrot ; aucun d'entre eux n'est encore marié…

 

 

 

Imposition royale du second vingtième de l'année 1772

 

Un rôle d'imposition pour la communauté de Chaumercenne en cette année 1772 permet d'en connaître les biens de chaque feu la composant (un feu peut abriter plusieurs ménages déclarés en communion). En excluant les 75 liv. d'impositions des seigneurs de Chaumercenne ainsi que les 32 liv. pour les 44 non résidents du lieu, les 79 contribuables du village se répartissent les 190 liv. restantes du rôle.

 

Ainsi on peut constater les biens des 3 feux Henriet :

 

-Antoine Henriet possède maison avec jardin, 1 journal de terre et 11 ouvrées de vigne pour une imposition de 1 liv. 16 sols.

 

-La veuve (et héritiers) de Pierre Henriet déclare maison avec jardin, 4 éminottes (1journal 1/3) de terre et 8 ouvrées pour 1liv.12 sols 1/2.

 

-Jean Henriet n'est pas propriétaire de la maison où il réside mais possède 3 ouvrées 1/2 de vigne pour une imposition de13 sols 1/2.

 

 

 

Acquisition de biens nationaux à la Révolution

 

La Révolution s'étant emparé des biens des Emigrés et les a vendu comme biens nationaux. A Chaumercenne, la vente aux enchères publiques de ceux de François Marie Richard ex seigneur du lieu a eu lieu à Gray le 4 vendémiaire an 3 (25 septembre 1794), elle concernait 188 journaux de terre et 242 ouvrées de vigne, répartis en 58 lots contenant chacun terre et vigne.

 

Pierre Henriet fit l'acquisition du lot n° 3 constitué de 3 j 1/2 de terre et 4 o de vigne, estimé 930 liv. et acheté 1.500 liv. ; Claude Henriet le 36è lot, estimé 840 liv. et acquis pour 1.500 liv.

 

 

 

Le choléra de 1854

 

Le choléra qui s'est propagé en France en l'été1854 a diversement touché les populations de la Haute Saône et du canton de Pesmes. Si certains villages ont épargnés, ce n'est pas le cas de Chaumercenne, Pesmes ou Malans. Deux familles de Chaumercenne ont été tout particulièrement atteintes par cette épidémie qui commencée fin juillet, s'est enfin achevée à la mi-septembre 1854. : les Henriet et les Jacquin.

 

Le couple de Claude Pierre Henriet et Claire Poisse a été complètement anéanti, on relève les morts cholériques des 2 membres du couple, des parents de Pierre, des 2 jeunes enfants, de la tante Jeanne Claude Henriet et de son fils André Loigerot, cad 8 personnes, enfants comme adultes, hommes comme femmes, une autre est morte du choléra, l'épouse de Pierre Henriet, un cousin du couple…

 

 

 

Le phylloxéra de 1885

 

Un autre fléau s'est abattu sur le village pendant ce 19è siècle : le phylloxéra arrivé en 1885 et qui a ravagé quasiment le vignoble de Chaumercenne. Le vin constituant pour chaque foyer un moyen de subsistance mais aussi un revenu pour les vignerons, le village s'est dépeuplé en moins de 10 ans, de nombreuses familles ont quitté Chaumercenne, laissant seulement les personnes âgées dans les maisons, pour gagner la région parisienne.

 

Parmi celles-ci, on découvre les mariages à Paris vers les années1900 /1910, d'au moins 3 Henriet. Une chose positive pourtant, celle de leurs correspondances avec ceux restés au village, correspondances manifestées par l'échange de cartes postales nombreuses, très recherchées par les collectionneurs… Leurs descendances ont-elles éprouvé le besoin de retrouver leurs ancêtres à Chaumercenne ?.