H05 Les FROMONT de Chaumercenne
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- Catégorie : Généalogie des plus anciennes familles de Chaumercenne
- Publié le dimanche 13 octobre 2019 07:09
- Écrit par THIEBAUT Alain
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Généalogie détaillée de la famille Fromont de Chaumercenne (Fromont)
Origine la plus ancienne
On trouve des Fromont dès le 15è siècle à Chaumercenne ; preuve en est donnée dans le long procès engagé dès 1466 par les abbés d'Acey contre noble dame Nicole de Boigne épouse de noble Regnaud de la Baulme seigneur de Chaumercenne. Les abbés revendiquaient leur droit de haute, moyenne et basse justice sur leurs hommes et sujets, sur leurs meix, maisons etr héritages en dépendant, droit confirmé d'ailleurs dans l'arrêt rendu par le Parlement de Dole le 5 mars 1473.
Pour leur défense, les seigneurs et dames de Chaumercenne se disaient de tout temps posséder la justice du lieu. Ainsi Henriette de Say dame de Chaumercenne, sœur aînée de Nicole de Boigne, la faisait en 1440, par son procureur Jehan Fromont.
On retrouve au 16è siècle, des actes concernant ces Fromont tel cette acquisition faite par Claude Bonnet veuf de Cornille Fromont en date du 26 janvier 1538, vente détaillée ci-dessous.
Vente du 26 janvier 1538 (parchemin déposé aux Archives du Jura)
Guillaume et Georges de la Baulme escuyers co-seigneurs de Chaulmercenne vendent à Claude Bonney dudit lieu, 2 journaux de vignes es Chevanny, 1 éminotte de terre maintenant en chènevière entre Claude et Nicolas Fromont de Chaumercenne, et un pénal de meix et maison tant de bois que de pierre partant avec l'achepteur qui vient de la mainmorte du lieu causée par le décez et trépas de Cornille Fromont jadis femme dudit Boney, enfin1journal à Pesmes es Charmes chargé de 8 engrognes de cens dehues chacun an, au jour de feste Saint Martin d'hyver au chappelain de la Chappelle fondée en l'église Notre Dame de Pesmes.
Le tout pour le prix de 42 frs monnoye courant en Bourgougne, versés en 7 escus d'or au soleil de 45 sols par pièce, et le reste en monnoye blanche ayant cours en ce Comté.
Lesdits seigneurs vendeurs n'ayant point de scel, ils ont promis de mettre celui dudit Comté de Bourgougne duquel on use en la ville et tabellionnage de Gray.
Faict et passé audit Chaulmercenne, pardevant Philippe Goguel de Chaulmercenne clerc et coadjuteur ; Jehan Guyotte dit Courtot et Huguenin Clément de Chaulmercenne tesmoins requis et appelés.
Terrier de Chaulmercenne datant de 1578
Ce terrier commencé le 2 mars 1578 par Simon de Carmenille de Germigney notaire et commis par la cour souveraine du parlement de Dole et achevé 7 janvier 1579, recense tous les biens possédés par la Commanderie de Salles-Montseugny sous la justice et seigneurie de religieuse personne , frère Antoine Croissin prieur de Malte et chevalier de Saint Jean de Jérusalem, sieur commandeur de cette commanderie.
Dans la liste de tous les propriétaires de biens dépendant de cette Commanderie, on y trouve les noms de Huguenin Fromont pour une terre de 1/2 journal, de Jeanne Belpoix femme de Jehan Fromont pour une pièce de 2/3 boissel, de Claude Viennot femme de Jehan Fromont pour une 2 éminottes de terre, enfin une dernière de 2/3 d'éminotte.
Pareille situation se retrouve dans le terrier de l'an 1629, cette fois Antoine Guyotte Bassand de Chaumercennes déclare, en son nom et comme et administrateur de Claudine Fromont sa femme, les biens qu'ils possèdent dépendant de la justice et seigneurie de Messire le Commandeur de Montseugny. Leurs biens feront eschutte audit sieur commandeur, comme biens de mainmortables décédés sans hoirs en leur communion. Les biens d'Huguette Fromont épouse d'Aubin Posille feront eux aussi échutte au sieur Commandeur. Retrouvé aussi dans ce terrier Philibert Fromont dit Nourel, ce dernier possédant des biens dépendant de l'abbaye Notre dame d'Acey devait payer au sieur abbé un cens de 2 engrognes au jour de feste Annonciation de Nostre Dame, en mars de l'an 1629.
De nombreux actes mentionnant des Fromont prouvent bien la présence de cette famille depuis très longtemps sur le territoire et finage de Chaumercenne. Pourtant cette famille de Fromont va subitement disparaître du lieu.
La Guerre de 10 Ans contre les armées françaises de Louis XIII va décimer la population comtoise. Ceux qui ne sont pas morts de la guerre, nombreux l'ont été de la peste qui a suivi, les autres ont quitté la Comté ou se sont réfugiés dans les bois, laissant les village abandonnés pendant quelques années. Les Fromont survivants de ces malheurs ont quitté Chaumercenne, pas de traces d'eux en 1657 pour le règlement de l'ordinaire du sel demandé par les Etats, ni en 1684 pour la déclaration de biens audit Chaumercenne demandé par l'Intendant de Franche Comté. Où sont-ils partis ?
Leur descendance ne regagnera Chaumercenne (ou les environs) qu'au début du 18è siècle ; le premier acte inscrit dans le registre paroissial de Chaumercenne est la naissance de Jean Fromon, le 8 février 1711, de Benoist Fromon et de son épouse Pierrette Bourgeois.
La disparition des Fromont de Chaumercenne a tout de même duré plus de 70 ans…
Peu d'actes d'achat ou de ventes de terres ou vignes concernent cette famille Fromont avant la Révolution, pour une bonne raison : les hommes sont des tailleurs de pierre. Leurs mains pour travailler la pierre et un lopin de terre pour cultiver un petit jardin, et peut-être encore une demie ouvrée de vigne pour le vin du foyer.
Citons tout de même cette vente réalisée en 1739 par Antoine Jeanguyot vigneron demeurant à Chaumercenne et Pierre Fromont tailleur de pierre audit lieu, au nom de son épouse Anne Jeanguyot, à Jean Claude Bonvallot vigneron audit lieu et Jeanne Bretez son épouse : ce qu'ils possèdent dans une pièce de terre d'environ 4 éminottes siseen la pye devers Laffant, chargées envers Monsieur de Chaumercenne au cas il y en ait, l'ayant même déclaré de franche condition pour n'en avoir jamais rien payé ni cens, ny redevance à personne, pour le prix et somme de 36 liv. Payées comptant…
Fait lu et passé à Pesmes en l'estude de Pierre François Luxeul notaire royal demeurant à Pesmes, le 19 may 1739 , les parties concernées l'ayant tous signé.
Bail de la Midère à Jean Fromont en 1760
Le 17 avril 1760, Philippe Noirot fermier des revenus de la terre de Chaumercenne laisse à titre de bail à ferme pour 8 années consécutives à commencer du 19 mars dernier, à Jean Fromont tailleur de pierre demeurant à Chaumercenne, un terrin situé audit lieu appartenant à Mr le Marquis de Villersvaudey et compris dans sa fermegénérale, appelée la Midère et tous les arbres qui y sont plantés à la réserve des 7 premiers noyers, pour par ledit Fromont user pendant ledit temps, tirer des pierres dans la carrière qui y est ouverte, et du tout faire et disposer à son profit comme bon lui semblera ; à la charge néanmoins de n'endommager aucun desdits arbres à peine d'intérets et depens, et de laisser à la fin du bail ladite carrière en état. Ledit bail est fait et moyennant le prix annuel de 18 liv. Que ledit Fromont s'oblige de payer régulièrement audit Noirot en 2 termes et pour chacun 9 liv. Dont le premier à la saint Jean Baptiste prochaine, et le second à Noël suivant, pour ainsi continuer chaque année du bail.
Ledit Froment s'engage aussi de faire et livrer audit bailleur, dans le cours de cette année, 18 pierres taillées en quarré de 6 à 7 pouces d'épaisseur sur un pied carré en largeur. A défaut desquels payement ou livraison, le présent bail demeurera nul, et le preneur devra quitter la carrière sous peine d'y être contraint par les voyes de droit.
Fait et passé pardevant Claude Pyot notaire royal à Pesmes en présence de Jean Claude Bonvalot et Gabriel Pélicot témoins requis qui ont signé sauf ledit Fromont qui a déclaré ne scavoir écrire ny lire.
Un bail de maison, acte si rare en campagne, est cependant à retenir, il concerne Gabriel Fromont (frère de Pierre et d'Anne Fromont) en 1769 ( il est âgé de 54 ans), évidemment tailleur de pierre.
Acte de bail à loyer du 6 mars 1769
Par devant Claude Antoine Guillaume notaire à Pesmes, Gabriel Fromont tailleur de pierre laisse à bail à loyer pour 3 ans, une maison à Chaumercenne avec aisances, commodités et dépendances, avec 2 jardins au joignant, à Hugues Gérard charron demeurant à Aubigney. Ce dernier devra tenir la maison en bon père de famille, rien détériorer au contraire faire les réparations locatives… moyennant le prix et somme de 16 liv. par an à verser audit Fromont chaque 5 mars, sans dédommagement s'il venait à la vendre. L'acte est signé à Pesmes en l'étude dudit notaire Guillaume.
Pourtant la vente d'une maison audit Chaumercenne par ce même Gabriel Fromont mérite d'être citée.
Vente du 25 mars 1772
Gabriel Fromont tailleur de pierre de l'autorité de Marie Oudille son épouse, demeurant à Chaumercenne vend à Henri Oudille laboureur audit lieu, une maison située en la rue haute consistant en un sellier, granges, écurie, grenier à foin, jardin et cour, incluses les cuverie et cave, tel que le vendeur les a acquis de Claude Oudille aussi laboureur audit Chaumercenne par contrat reçu de Barbier notaire le 12 janvier 1768. Lesdits fonds sont déclarés mouvoir de la haute, moyenne et basse justice de Chaumercenne, affectés envers le seigneur du lieu, de leurs charges anciennes, foncières, dues et accoutumées notamment des droits de folon et de fourg, au surplus franches de toutes autres charges, dettes, servitudes et hypothèeques pour la somme de 974 liv. dont 230 liv. réellement versées audit Fromont en espèces, et le reste en 4 termes égaux de chacun 102 liv. 5 sols chaque année, déduction faite de celle de 400 liv. qu'il devait encore à Claude Oudille. L'acte de vente est passé à Chaumercenne en la maison de Gabriel Fraumont, devant Claude Barbier notaire à Montagney, le vendeur n'a pas signé étant illétéré.
Cette maison fut acquise le 29 septembre 1767 par Claude Oudille de Claude Malgérard curé de Saint Hippolyte les Durnes y demeurant qui ne la conserva que 3 mois 1/2 pour la revendre ce 12 janvier 1768 à Gabriel Fromont pour la somme de 1024 liv. dont il paye comptant 206 liv. audit Claude Oudille. Pour les 802 liv. restantes Gabriel Fromont s'engage à lui verser chaque 12 janvier à commencer par celui de 1769 la somme de 102 liv. 5 sols. L'affaire n'étant pas rentable et le remboursement difficile, comme les autres acquéreurs de cette maison, Gabriel Fromont n'a d'autre solution que de la revendre, cette fois à Henri Oudille cousin dudit Claude Oudille.
Cette maison importante dont chacun (parmi les plus riches de Chaumercenne bien sûr...) voudrait posséder, appartenait autrefois à Gaspard Guyotte dit Courtot acquéreur de la seigneurie de Velloreille les Choye en 1708. Ce dernier la vendit alors sa maison à Chaumercenne aux héritiers Malgérard vers 1745,dont Claude Malgérard le prêtre de Saint Hyppolite les Durnes.
Cette grande maison existe encore, c'est l'ex maison Couboillet située entre les rues de Montagney et de Bard, aujourd'hui partagée en 2.
Brevet d'apprentissage pour Claudine Fromont en 1760
Voici un acte rare dans la campagne comtoise, celui d'un brevet d'apprentissage offert à une enfant pour un futur métier de tailleuse d'habits. Il est offert par Gabriel Fromont à sa fille Claudine âgée d'environ 14 ans, avec l'avis favorable de son épouse Marie Oudille, femme très pieuse qui voulait donner à sa fille cadette, un métier reconnu plus tard ; il est dommage que l'on ne connaisse pas la suite de la vie de Claudine Fromont...
Le 18 mai 1760, Marguerite Poisse tailleuse d'habits de Valay, fille majeure de 25 ans, et Gabriel Fromont de Chaumercenne, ont fait par les présentes les marchef et conventions suivantes ci-après désignées.
-Ladite Poisse s'oblige de loger, nourrir, blanchir Claudine Fromont fille dudit Fromont, de lui montrer et enseigner généralement tout ce qui concerne la profession de tailleuse, à charge pour ladite Claudine de lui obeir en ce qu'elle lui commandera de licite touchant sa profession de tailleuse, de lui fournir son travail pendant l'espace d'un an seulement qui commence au 1er avril dernier et finira à pareil jour de l'an prochain 1761.
-Ledit Fromont s'oblige de payer à ladite Poisse en son domicile à Valay la somme de 39 liv. Payable en 2 termes, le 1er pour le 1er septembre 1760, le second au 1er avril 1761, en bonnes espèces sonnantes d'or ou d'argent ayant cours en ce pays.
Le marchef est fait devant Jacques Bard notaire royal à Valay.
Remarque : Le contrat est signé après un essai d'un mois et demi.
Quittance de Gabriel Fromont envers la Communauté
Une curieuse quittance concerne Gabriel Fraumont en l'année 1770. Tous les habitants et résidents audit Chaumercenne ont droit à la vente de pieds de chesnesabattus lors de la ventede l'assiette de bois en usance chaque année, les plus beaux destinés à la construction etles mauvais distribués au marc de la cotte sur les manoœuvres qui n'ont point de maison en leur propre. Jean Couboillet échevin de la communauté a fait marché au nom de celle-ci, avec Gabriel Fromont entrepreneur de bâtiment pour la reconstruction d'un édifice communal (peut-être l'ancien four banal servant de logement au pâtre). Ce 18 mars 1770, il reconnaît avoir reçu, avant celle des habitants de la communauté de chaumercenne, la quantité de 100 pieds de chesnes promis dans le marchef passé entre ledit Fromont et les habitants, pardevant Terrey notaire royal à Motey le 29 janvier 1770 ; l'exécution du présent marché se faisant dès demain avec les autres habitants. Le prix des chesnes est estimé à 75 liv.
Contrat de mariage du 19 juillet 1756 entre Jean Fromont et Catherine Belgy
Voici la teneur de ce contrat signé au château de Chaumercenne après midi ; sont comparus Jean Fromont manouvrier fils de Pierre Fromont aussi manouvrier du lieu présent et l'autorisant, et de feue Anne Jeanguyoyt sa mère d'une part ,et Catherine Belgy de Vaux (les Besançon) fille de Jean Belgy manouvrier icy présent et l'autorisant, et de feue Marie Sitot.
Après les traditionnelles promesses de s'épouser le plus tôt possible et de faire riches les futurs en leurs parts respectives de leurs héritages paternels et maternels, arrivent les détails concernant le trousseau de la future.
Les meubles de Catherine Belgy qu'elle a acquis de ses gages et épargnes dont ledit père ne prétend aucun droit, consistent en un lit de plume,garni de son traversin, paillasse et rideaux d'impériale, un buffet de sapin, un habit assorti d'étamines du Mans, un autre de crépon, une juppe de calamandre avec la camisole de drap, un habit complet de dauphine, 2 tabliers de toile de coton et 2 d'étoffes, 8 draps de lit de toile commune, une douzaine de chemises, une douzaine de coeffes de toile fine, une douzaine de coeffes communes, une demie douzaine de mouchoirs coton ou mousseline, 2 nappes, une demie douzaine de serviettes de toile unie, avec ses autres nippes et habillements servant à son usage. Le tout estimé à 100 liv., trousseau tout de même important pour une simple manouvrière.
Ledit Pierre Fromont promet de loger les futurs ainsi que ses propres enfants en sa maison, cependant ils feront leurs profits particuliers de leurs travaux et épargnes dans lesquels ni leditFromont père ou ses autres enfants ne peuvent prétendre (communion non totale entre père et enfants).
Ledit futur promet de donner à sa future épouse, le jour de la célébration de leurs noces, des joyaux nuptiaux en valeur de 15 liv. et pareille somme pour douhaire au cas il ait lieu et une habitation dans sa maison pendant sa viduité et l'usage des dépendances d'icelles.
L'acte est passé ce 19 juillet 1756 pardevant Claude Pyot notaire royal demeurant à Pesmes en présence de Claude Voilly et Pierre Millaud de Chaumercenne témoins requis et signé seulement par Pierre Fraumont et Claude Voilly, les autres ont déclaré ne scavoir écrire.