H14 COURBOILLET de Chaumercenne
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- Catégorie : Généalogie des plus anciennes familles de Chaumercenne
- Publié le dimanche 26 janvier 2020 09:29
- Écrit par THIEBAUT Alain
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Généalogie des Courboillet de Chaumercenne
Arbre des Courboillet photos pdf
Arbre des Courboillet pdf Arbre des Courboillet gifArbre des Courboillet jpg
Origine de ces Courboillet
La famille Courboillet est une très ancienne famille de Chaumercenne, on dispose d’actes les concernant datés des années 1578. D’autres traces plus anciennes gravées dans la pierre montrent que ces Corboillet étaient déjà présents à Chaumercenne vers 1530.
La maison ancienne des Courboillet
Une maison ayant pignon sur rue, route de Bard constitue la maison originelle des Courboillet. Un linteau de fenêtre côté sud porte un écusson aux inscriptions artistiques très particulières. On peut cependant y deviner son propriétaire : Jehan Corboillet dit le Gofu.. Ce Jehan Corboillet est né vers les années 1500, la maison pourrait donc être daté des années 1535 /1540.
Ce Jehan Courboillet résidait avant la construction de cette maison, dans une habitation disposant d’un four ancien, il faisait alors partrie des deux familles de Chaumercenne ne payant pas le droit de four aux seigneurs du lieu, il était même exempté du droit de folon (pressage des grains et du froment au pressoir banal.
Cette maison d’ancien four fut ensuite la propriété d’Hilaire Courboillet puis de ses fils et héritiers, avant d’être contestée par Daniel Sauvageot laboureur de Bonboillon (dont le fils Daniel deviendra Receveur d’Epices au Baillage de Gray), comme ayant droit de Claude Lance, lui-même ayant droit de François Courboillet frère dudit Thomas.Courboillet, les deux derniers fils de fut Jehan Corboillet le vieulx qui habitait le four.
Origine des Courboillet
Dans les actes antérieures à 1500, on ne trouve cependant nulle trace de Courboillet ; les Courboillet ne sont pas originaires de Chaumercenne, mais d’Aubigney. Un acte de 1548 précise Jehan Corboillet dit Pourrouge demeurant à Chaumercenne, et plus tard, il est fait mention de Nicolas Corboillet et de Claude Corboillet d’Aubigney, qualifiés de possesseurs de biens en 1578 dépendant de Mr le Commandeur de Sales-Montseugny, sur le territoire d’Aulthoreille (Sainte Cécile dépendant de Valay).
Reconnaissances de 1578
Jean Simon de Carmenille demeurant à Germigney notaire commis par la Cour souveraine du Parlement de Dole met à jour le terrier de la Commanderie de Sales-Montseugny sous la justice et seigneurie de religieuse personne, frère Antoine Croissia prieur de Malte, chevalier de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, sieur et commandeur des commanderies de Salles et Montseugny consistant en rentes,tailles, bois, paissons d’iceulx (pâturage),terres, vignes, courvées de bras en temps de moisson et fenaison, suiets de mainmorte ( manants ), granges, jardins, vergers, dixmes de graines de froment, d’avoine, poules, fourg, moulin, amendes, terres de patronage …
Commencé le 2 mars 1578, le terrier est achevé le 7 janvier 1579. 40 manants et habitants de Chaumercenne y figurent.
Girarde Corboillet femme de Jean Guyotte de Résie est un des subiet mainmortables de Mr le Commandeur, tout comme Thomas Corboillet. Ce dernier déclare posséder audit Aulthoreille 7 pièces de terres faisant le tout 9 éminottes (3 journaux), et 3 autres de chacune un demy journal.
Thoas Corboillet est donc un laboureur aisé possédant 4 journaux et demi sur le territoire d’Authoreille, sans compter les biens qu’il détient sur le finage de Chaumercenne…
Déclaration de biens vers l’an 1615
Après l’acquistion de la demie seigneurie de la Baume consécutive au décès de Claude de la Baume co-seigneur de Chaumercenne, Guy de Crécy doit en faire le dénombrement auprès de la Chambre des Comptes de Dole.
On y apprend qu’il possède la moitié de tout ce qui suit : basse et moyenne justice sur tous les sujets de la Communauté de Chaumercenne, du fourg banal, , du droit de follon, des lodzs sur toutes les ventes, des quinze poules, de la grande maison seigneuriale avec ses deux tours quarrées à deux coings (l’actuel vieux château mais les 2 tours ont disparu), de la grosse tour quarrée sur laquelle est establi le colombier.
Il faut y ajouter les 100 ouvrées de vignes et 40 journaux de terre et la moitié des censesspécifiées qui sont de la macule mainmortable du lieu.
Dans la liste de ses censes , on y trouve celles :
-Claude et Anathoille Corboillet frères qui doivent annuellement s’acquitter de 9 engrognes de cense et 7 engrognes pour leur mère Jeanne Gogué
-5 engrognes pour Jacquette Corboillet épouse de François Gogué
-10 engrognes pour Jean Corboillet et 12 engrognes pour son épouse Françoise Gogué
--3 blancs et une demie engrogne pour Perrenette Corboillet épouse de Claude Passard
Les familles Courboillet sont bien représentées dans la communauté de Chaumercenne...
La triple alliance Couirboillet / Malgérard d’avant 1637
Le testament de Philibert Courboillet daté du 15 juin 1637, en pleine guerre de la Comté engagée par les troupes françaises, permet de mieux apprécier la volonté des chefs de famille de conserver leurs biens grâce à des mariages .
Le testament de Philibert Courboillet
Je Philibert Corboillet de Chaulmercennes sain de corps et d’esprit grâce à Dieu, depuis son lict, présentement malade, sachant que la mort est certaine et l’heure d’icelle incertaine, j’ai fait et fait par ceste, ma donation pour parfaite et irrévocable.
Après avoir recommandé son âme à Dieu son souverain créateur et à la Glorieuse Vierge Marie et à St Philibert , et tous les autres saints et saintes du Paradis, les priant d’intercéder afin d’avoir pitié et mercy de son âme.
Il veut et entend que son corps soit inhumé en l’esglise de Chaulmercennes où sont enterrés ses prédécesseurs ; ses chants, obsèques et frais funéraires seront faits pes ses héritiers selon son estat et moyens.
Il fait ensuite des legs ; 10 frs à chacune des 3 châsses principales, idem somme à la Confrérie de la Conception Nostre dame pour une fois seulement.
Il lègue à ses bien aymées sœurs Anne et Jehanne Corboillet femme de François et Claude Malgérard de Venère, la somme de 10 escus, l’escu portant 3 frs pièce.
Et au surplus de tous ses autres biens dont il n’a pas encore disposés, ilen fait donation à Pierre Corboillet son bien aymé frère en considération des bons et agréables services qu’il lui a rendus et qu’il lui rendra jusqu’à sa mort. Et à défaut de luy, il les donne à Anne et Jehanne Corboillet mes sœurs et à Anne Malgérard ma bien aymée belle-sœur et femme dudit Pierre Corboillet.
L’acte est passé au lieu de Chaulmercennes et par devant Jehan Metadieu du lieu notaire, ce 15è jour du mois de juin l’an 1637, suivant les 5 heures après-midi en la maison dudit notaire, en présence de Claude Guyotte, Toussaint Lampinet,Claude Antoine Guoytte Ganillot, Claude Guyotte Dagot, Claude Lance et Hilaire Panssard tous dudit Chaulmercennes tesmoins requis.
Les 3 frère et sœurs Courboillet ont épousé (le même jour, c’est fort douteux) les 3 frères et sœur Malgérard. Ainsi les biens de l’héritage, tant Courboillet que Malgérard ne sortiront pas de ces deux familles…
Mariage Hilaire Courboillet / Jeanne Ponssot
En pleine Guerre de10 Ans, le mariage entre deux personnes de Chaumercenne constitue une petite fenêtre de bonheur…
Pour parvenir au futur mariage qui se fera et accomplira, s’il plaît à notre mère l’Eglise^et selon la loy de Rome, si accorde entre Hilaire Corboillet fils de furent Jehan Corboillet et de Françoise Goguel, et Claude Ponssot fille de feu Claude Ponssot et Marguerite Chauvirey, tous dudit Chaulmercennes, assistés ledit futur de Pierre Corboillet son cousin et de maître Phlibert Chauvirey son beau-frère, ladite future de Claude Chauvirey son oncle.
On remarque que les parents du futur sont morts ainsi que le père de la future…
Sera entrousselée ladite future espouse de joyaux nuptiaux pour le jour de ses nopces à la somme de 30 frs et pareille somme pour douhaire aussy pour une seule fois, sommes qui luy reviendront en cas de dissolution et qui luy serviront de bien ancien.
Ladite future espouse dit tenir en sa personne de ses parents, un lict de plume garni de ciel et une couverte de thoile, une demye douzaine de serviettes et une demye douzaine couvre-chefs, seize linceuls de thoile de brasière, une aulne de thoile de fillot blanc, d’ une valeur de 2 escus.
Faict et passé au lieu de Pesmes, par devant Jehan Métadieu notaire et scribe , le 9è jiour du mois d’aoust l’an 1637, en présence de Jehan Gillet de Chevigney demeurant à Monrambert et Hilaire Pleuraud Jacquinot de Marpain tesmoins requis ;
De ce mariage naîtront 3 enfants mâles qui vont assurer la descendance de cette branche de Courboillet issue de Jean. Claude dit Cambray, Claude et Etienne Courboillet.
Acquisitions en 1653 de biens déclarés en échutte
Après la Guerre de 10 Ans, le village est ruiné, un tiers des habitants sont morts ou se sont enfuis, les terres et vignes sont en friches faute d’ouvriers pour les cultiver, les maisons en ruine sinon brûlées. Tout est à refaire.
Les seigneurs ne touchent rien de leurs biens laissés à l’abandon. Ne pouvant les cultiver par eux-même, ils vendent tous les biens qui leur sont arrivés en échutte par le décès de leurs mainmortables qui n’ont pas eu d’héritiers en leur communion, que ce soit Julien Richard seigneur principal de Chaumercenne, le sieur Othenin abbé commandataire d’Acey, voire la communauté du village par sa fabrique. Ces ventes aux enchères si nombreuses ont lieu en 1653. Ces biens qu’ils soient maisons, terres ou vignes intéressent les rescapés de cette guerre mais aussi les nouveaux arrivants dans la communauté de Chaumercenne.
Ainsi Pierre Courboillet et son épouse Anne Malgérard acquièrent de l’abbé d’Acey, une pièce de terre d’une éminotte et demye es Costes, pour 12 frs et 10 sols de vins bus ( l’ancêtre du pot de vin)
Hilaire Courboillet quant à lui achète de la Communauté 4 éminottes de terre pour 88 frs et le 6 mars 1653, il fait l’acquisition d’une autre éminotte aux Burottes pour 9 frs. Dans cette dernière, le sieur Richard seigneur du lieu menait lui-même les enchères…
Recensement de 1657
Le 2 février 1657, les échevins de Chaumercenne Claude Lance et Pierre Panssard réunissent tous les manants et habitants de la Communauté, pour déclarer le nombre de personnes dans chaque ménage afin d’établir le rôle de l’ordinaire du sel.
Deux familles de Courboillet sont recensées, Hilaire Courboillet déclare 6 personnes dans son ménage : sa femme et 4 enfants ; la veuve Pierre Courboillet (Anne Malgérard) en déclare 5 dont 4 enfants.
Déclaration de biens de l’an 1684
En suitte de l’ordre de Mgr L’Intendant de la Fond en datte à Bezançon du 22è mars 1684, les habitans de Chaumercenne assemblés en corps le 22 d’avril 1684, par les échevins Jean Malgérard et Claude Beuchey, ont fait leur déclarations de biens en présence de vénérable et discrète personne Messire Jean Collinet prêtre-curé dudit lieu.
Hilaire Courboillet déclare 2 maisons, 13 journaux de terre la moité bon et l’autre moitié médiocre et 37ouvrées de vigne où environ la moitié est bonne et le reste médiocre et de peu de rapport, avec 4 bœufs et un cheval.
Un de ses cousins Gaspard Courboillet déclare posséder audit lieu la moitié d’une maison, 5 journaux et demye de terre tout médiocre, deux journaux de vignes en estat et médiocre, avec 2 chevaux, 2 bœufs et 2 vaches.
Son frère Claude Courboillet possède environ 3 journaux et demy de terre médiocre et environ un journal de vigne aussy médiocre, et la moitié d’une maison.
Les deux frères Gaspard et Claude Courboillet vivent en communion avec leur mère Anne Malgérard, Gaspard l’aîné a plus de biens que son cadet et dispose du bétail pour cultiver ensemble leurs terres et vignes.
Claude Courboillet au service de Louis XIV
En 1691, Claude Courboillet décide d’abandonner la culture et par là la communion avec son frère pour entrer dans la carrière militaire en signant un engagement au service de sa Majesté le roi de France Louis XI.
A cette occasion, il fait donation entre les vifs pure et simple et irrévocable de la généralité de tous ses biens, s’en rien s’en réserver, tant vifs que morts meix et maison,jardin,vignes et terres et chenevières, tant sur le territoire de Chaumercenne qu’ailleurs, à Gaspard Courboillet son frère aussy dudit lieu et à Claude Courboillet son filleul et fils dudit Gaspard, son nepveu. Et ce pour les bonnes amitiés et cordialités qu’iceluy a heu et reçu, estant toujours esté en communion avec sondit frère et espère recevoir encore cy après,
à charge pour celui qui aura la portion de maison, jardin et vigne en dépendant, qu’àprès son décès et trépas de faire dire annuellement et perpétuellement 3 messes de réquiem à voix basses qui seront célébrer en l’église de Chaumercenne et par le sieur curé dudit lieu pour le repos de son âme, s’étant réservé ledit donateur sa demeure tant seulement dans la portion de maison pendant sa vie naturelle. Ledit Gaspard Courboillet son frère devra payer toutes les debtes dont sont chargés lesdits biens.
Cette donation est passée audit Chaumercenne en la grande maison seigneuriale du lieu environ les 9 heures du matin pardevan Jean Pernot d’Ouge notaire demeurant audit lieu, en présence de Jean Claude Jarrot et Charles Voisin tous deux vignerons audit lieu, tesmoins requis.
Un acte d’émancipation à 46 ans...
Dans une communion entre un père et son ou ses fils même majeur(s), le père de famille ne laisse pas si facilement les commandes à leur(s) fils. Il veut encore rester le maître le plus longtemps possible, même si le fils est majeur (la majorité à cette époque est à 25 ans révolus). Le cas suivant mérite d’être cité. L’acte d’émancipation est un régal….
Nous sommes en 1691, Claude Courboillet le viel vit en communion avec son père Hilaire Courboillet aujourd’hui âgé de 76 ans, et pour lui c’est le grand jour…
Au lieu de Chaumercenne avant midy du 15è jour de juin 1691 pardevant Estienne Grignet de Pesmes juge et châtelain de la justice dudit Chaumercenne s’est présenté Claude Courboillet le viel dudit lieu âgé d’environ 46 ans ainsy qu’il le déclare,
lequel estant à teste nue, les deux genoux à terre et ayant les mains jointes, a très humblement supplié Hilaire Courboillet son père cy présent, de le vouloir émanciper et mettre hors sa puissance, pour par cy après pouvoir agir sans son autorité en toute affaire que peut faire un père de famille.
A quoy inclinant ledit Hilaire Courboillet père et affin que sondit fils prenne plus de courage à prendre soin de ses affaires, il l’a émancipé et mis hors de la jouissance paternelle ainsy qu’il fait par cet, pour par cy après, faire toute sorte de contrats entre vifs, soit achpt, vente, echange, obligation et autre soit icy spécifié ou non, mesme pour ceux qu’il avait cy devant fait sans son autorité ; comme encore donation à cause de mort, testament ,codicille et autres,
à condition toutefois audit Courboillet de conserver et porter toujours l’honneur et le respect qui est déhu à un père.
Et en signe de ce, ledit Hilaire Courboillet luy a ouvert les mains et la levé de terre luy diant : mon enfant, je t’émancipe. De quoy nous avons octroyé acte, pour que ledit Courboillet puisse avoir recours autant qu’il luy sera nécessaire.
Fait et passé par devant Jean Pernot d’Ouge notaire en présence de Bénigne Andriot recteur d’écolle à Chaumercenne et Claude Davadans de Pesmes maître tanneur retrouvé audit lieu. Hilaire Courboillet ayant déclaré ne pouvoir signer à cause de son haut âge et caducité de sa personne, estant cependant en bonne santé, sain de sens, pensée et entendement dont acte.
On peut voir dans cet acte d’émancipation la difficulté au père de laisser officiellement sa place, même si Claude Courboillet avait réalisé quelques affaires auparavant concernant sa communion.
On comprend aussi la volonté du fils de donner un nouvel élan à cetlle-ci ; ce passage de relais devant cependant dans le respect et l’honneur qu’un fils doit à son père, ce lien qui fait vivre une réelle communion entre générations.
Gaspard Courboillet / Jeanne Jarrot
Gaspard Courboillet a reçu l’héritage de ses parents décédés avant 1690. Il a obtenu tout ce qu’un mâle peut espérer dans la ferme de son père, puisque son frère Claude engagé au service du Roi, lui a fait donation de ses biens. C’est donc un homme riche marié depuis 1675 à Jeanne Jarrot une fille de cultivateurs aisés venus depuis peu de Chamtonnay.
Il marie le même jour de 1695, 2 de ses fils Henri et Médard Courboillet à 2 sœurs Poisse de Valay, respectivement Denise et Jeanne, puis deux filles aînées Françoise et Anne à 2 membres ses plus importantes familles de Chaumercenne, Simon Guyotte et Gaspard Jacquin. Son dernier fils Claude Courboillet dit La France qui a déjà reçu des biens de son oncle et parrain Claude Courboillet en 1691 est le dernier à marier. Son père lui a-t-il préparé son mariage avant de décéder en 1708 ? Claude La France a déjà 31 années…
Le partage des biens de fut Gaspard Courboillet n’est pas une affaire simple pour sa veuve Jeanne Jarrot, surtout pour les deux maisons , une de mainmorte venant de ses parents et l’autre de franchise acquise par le couple. De plus 3 de ses 7 héritiers sont déjà morts et les juristes ne sont pas d’accord entre eux pour savoir en combien il faut partager les biens dont certains ont une législation vague…Pour éviter un long procès qui risquerait de faire éclater ses héritiers, une vente de certains biens est d’abord conseillée, pour les maisons on verra plus tard.
Vente de grande ampleur en 1714
Le 16 mars 1714, les héritiers de Gaspard Courboillet vendent toutes les terres et prés lui appartenant sur le territoire de Valay. Sont ainsi présents à cette vente : Henri et Claude Couboillet les deux fils restants encore en vie, Gaspard Jacquin au nom de son épouse Marie Guyotte, Jeanne Poisse pour son défunt mari Médard Courboillet, Françoise Courboillet, Jeanne Jarrot au nom des héritiers de ses autres enfants décédés.
Les acquéreurs sont Jean Claude Volliot et son épouse Françoise Duranton de Valay. La vente concerne 20 pièces de terres à la pye de Champtonnay et à celle de Pesmes pour une contance totale de et 3 pièces de prels au total une faulx et un quartier.
Les vendeurs reconnaissent ces biens estre mouvans de la seigneurie mainmortable du seigneur Commandeur de Sales-Montseugny et Sainte Cécille, de condition portant lods, justice, seigneurie, consentement, commise et la mainmorte le cas échéant, chargées de leurs charges anciennes, foncières et accoutumées.
Le présent et perpétuel rendage ainsy fait pour et moyennant le prix et somme de 960 frs ancienne monnoye du pays ( La Comté est cependant française depuis plus de 36 ans…) et revenant à 640 liv. monnoie de France, payée ainsy
-500 frs comptant en 3 louis d’or et 30 écus et le reste en autres monnoies, qu’ils ont tirés à eux et dont ils sont contents.
-et pour les 460 frs parfaisant l’entier payement, les dits Volliot et Duranton ont constitué une rente annuelle et perpétuelle de 23 frs susdite monnoie ancienne (rente au taux de 5%) payable chaque 16 mars de chaque année auxdits Courboillet, Jarrot, Poisse en leur domicile rière (situé) dans le baillage de Gray, jusqu’au complet remboursement de ladite somme de 460 frs.
Fait,leu et passé à Chaumercenne avant midy du 16è mars 1714 par devant Jean Vuillemot notaire royal à Venère en préence de Jean Guyotte et Pierre Gondret témoins requis.
Le partage de l’argent de la vente et de la rente n’est pas précisé dans l’acte, il devrait donné lieu à quelques discussions…
Quelques mois plus tard, Claude Courboillet se marie ; le contrat de mariage d’avec sa future épouse Marie Guyotte est signé le 24 novembre 1714.
La pension de Jeanne Jarrot
Jeanne Jarrot veuve de fut Gaspard Courboillet, née vers 1638 à environ 85 ans en 1723, ce qui est un âge remarquable à cette époque. Très saine d’esprit et le corps usé par le travail, elle songe à se retirer des travaux de la communion, surtout qu’elle a perdu successivement ses 4 fils, Pierre en 1706, Jean et Médard en 1710 et tout dernièrement cette année le plus jeune Claude dit La France. Elle ne peut être aidée que par ses filles et des gendres, ou belles-filles et l’entente est loin d’être parfaite.
Alors Jeanne Jarrot veut bien cesser ses activités et quitter la communion à l’unique condition que ses héritiers lui versent une pension digne de sa condition et ce n’est pas gagné…
Alors le 24 février 1723, elle les invite devant le notaire Claude Jeannier à signer un contrat pour traiter cette pension ; les clauses sont dures :
Considérant son héritage et sa caducité ne pouvant plus faire valloir ses biens, ny ceux de son fut mari, elle a requis
- Gaspard Jacquin comme mary d’Anne Courboillet
-Jeanne Poisse veuve de Médard Courboillet
-Marie Guyotte veuve de feu Claude Courboillet La France
de vouloir luy donner une pension viagère convenable à son état et condition moyennant la relache qu’elle leur veut faire des biens, faute de quoy elle les admodierait, ce que voyant lesdits Jacquin, Poisse et Guyotte auraient tous unanimement consentis aux offres que leur faisait ladite Jarrot.
Les héritiers ont vite réagit, ils auraient eu tout à perdre en refusant cette pension. Joli coup de la veuve Courboillet, elle avait bien sa tête...
Ainsy, Jeanne Jarrot a relaissé et abandonné pour toujours à Anne Courboillet sa fille, Jeanne Poisse en qualité de mère tutrice de Jacques,Jean Claude,Henry, et Daniel Courboillet ses enfants héritiers de fut Médard Courboillet fils de ladite Jarrot, et Marie Guyotte femme de fut Claude Courboillet fils de Jeanne Jarrot et mère tutrice de Jeanne et Françoise, les 3 présents et acceptant, s’obligent de délivrer annuellement et pendant la vie durant de ladite Jarrot :
40 mesures de froment à celle de Pesmes, 40 liv. monnoye du royaume, et deux queues de vin rouge léal, à charge par icelle Jarrot de fournir les tonneaux, le tout au jour de feste St Martin d’hiver de chaque année, à commencer dès cette présente.
Bien entendu ladite Jarrot paiera toutes les impositions. Elle leur abandonne encore dès à présent, généralement tous ses meubles sauf deux vaches, le foin et la paille qu’elle a à présent, un viu coffre , un lit de plume avec son traversin, 6 draps de lin, une couverte, une marmite,, les grains et vin et le bois qui sont dans sa résidence.
Bien entendu que par sa mort tous ses dits reviendront à ses enfants sauf son lit et les draps qu’elle donne par ces présentes à sa petite-fille Jeanne Courboillet fille de Claude.
Fait lu et passé audit Chaumercenne en présence de Claude Jeannier de Pesmes notaire et de Joseph Lambertet Jean Duserre la lémon tous de Chaumercenne, témoins requis.
Jeanne Jarrot profitera de sa pension pendant 2 ans, puisqu’elle ne décédera que le 8 juin 1725 à l’âge de 87 ans.
Pierre Courboillet / Anne Oudot
Pierre Courboillet est un petit-fils d’Hilaire Oudille et de Claude Ponssot, et fils de Claude Courboillet dit Cambray et d’Anne Poisse. Cette dernière est la 3è fille Poisse de Valay à épouser un Courboillet de Chaumercenne en ces années 1694-1695…
Pierre est un laboureur aisé de Chaumercenne, il épouse le 15 mai 1741 Anne Oudot de Résie fille de Jean Oudot et de Claudine Damongeot.
Le couple aura 4 garçons Pierre né en 1743, Henri en 1750 qui deviendra prêtre, Antoine en 1755 et Claude Pierre en 1756.
Claude Pierre Courboillet / Jeanne Guyotte
Claude Pierre naît en 1756, deux de ses frères Pierre et Antoine sont déjà mariés, l’autre frère a embrassé la carrière ecclésiastique, il est le prêtre-curé d’une paroisse du Haut-Doubs. Il obtient de sa mère l’autorisation de se marier, la promise est une jeune fille de Sauvigney le Pesmes, Jeanne Guyotte.
Dans le contrat de mariage signé le 27 janvier 1783 à Sauvigney, en la maison dudit Martin Guyotte par devant Claude Chauveroyche notaire royal à Pesmes, Claude Pierre est dit manouvrier, Jeanne Pierre est fille de Martin Guyotte maréchal de Sauvigney et de feue Magdeleine Boussard.
En avance de succession, ledit Guyotte père à sa fille, livre pour le jour de ses noces, un trousseau composé de bons effets servant tant à son usage qu’àceluy du mariage, jusqu’à concurrence de 300 liv. dont le futur assigne et hypothèque ladite somme sur la généralité de ses biens présents et futurs pour que la future épouse puisse en faire le prélèvement sur iceux,en cas de dissolution du mariage, lesdits effets en l’état qu’ils se trouveront alors.
Ledit Guyotte père promet de payer chaque année aux futurs époux la somme de 24 liv. et ce jusqu’au partage de ses biens comme il l’a déjà fait pour son autre fille Marie Guyotte.
Le trousseau non détaillé est pourtant estimé à un prix élevé, c’est un mariage entre familles aisées.
Ledit Courboillet futur époux promet et assure à ladite Guyotte 50 liv. pour joyaux nuptiaux et pareille somme pour douhaire au cas où il ait lieu et dans le cas où il précède ladite future, il luy assure son habitation dans la maison qu’il délaissera ainsi que dans les aisances et les dépendances.
Ladite Oudot promet et s’oblige de nourrir et entretenir en sa communion les futurs époux ainsi que les enfants qui naîtront de leur mariage, à charge pour eux de conférer leurs peuines et travaux au bien et à l’avantage de la communauté et de porter le respect dû à un mère.
Pour aider à supporter les charges du mariage, ledit Guyotte a offert la somme de 100 liv. à ladite future , somme perçue par ledit Courboillet qui en a fait quittance et assignat à sa future.
Le contrat de mariage traité entre les deux parties est donc traditionnel, sauf qu’en émargement dudit acte figure une clause concernant la condition de mainmortable : le reprêt.
Le reprêt
Moins d’un mois plus tard, comme l’exige la coutume comtoise, ici le 11 février 1783, Jeanne Guyotte se présente en la maison de son père à Sauvigney.
Jeanne Guyotte vient de recevoir la bénédiction nuptiale avec Claude Pierre Courboillet de Chaumercenne, en l’église de Sauvigney. Accompagnée de plusieurs parents et amis, elle déclare à sondit père que pour conserver la communion avec lui et participer à sa succession, conformément à son contrat de mariage, elle est venue pour satisfaire au presrit de la coutume de cette province concernant les gens mainmortables : faire le reprêt.
Son père l’a reçue, ensuite s’étant mise à table, elle a bû et mangé avec sondit père et leurs autres parents. De quoy elle a requis acte, de l’autorité dudit Courboillet son mari, ce qui luy a été octroyé pour luy valoir et servir ce que de raison.
Ce reprêt est fait, lu et passé en présence d’Antoine Guillemot et François Duvernos de Sauvigney témoins qui ont signé.
Jeanne Guyotte est maintenant rassurée. Quittant la communion d’avec son père à Sauvigney, pour venir résider à Chaumercenne en la communion de sa belle-mère, elle ne perd pas les droits à la succession des biens de son père Martin Guyotte.
Cet acte de reprêt est rarement vu dans des actes notariés. Pourquoi fut-il nécessaire ici pour Jeanne Guyotte ?Il est cependant bien précisé dans son contrat de mariage avec ledit Courboillet que ladite Guyotte future épouse se marie en ses biens maternels échus et son père luy assure une même portion des siens qu’à Marie Guyotte sa sœur conformément à son traité de mariage en date du 4 janvier 1779.Problèmes familiaux…
Les frères Courboillet et la Révolution
Pierre Courboillet l’aîné et Claude Pierre Courboillet le cadet vont se distinguer à la Révolution. Ils sont d’abord des gens de la campagne aisés comme le témoignent la contribution foncière de l’an 1791.
Pierre Courboillet le laboureur doit être imposé pour un revenu de 113 liv.
Claude Pierre le cadet vigneron a déclaré un revenu annuel estimé à 132 liv.
Quant à leur frère Antoine Courboillet laboureur, ses revenus sont supérieurs, 206 liv. ce qui semblent moyens par rapport aux revenus des 2 bourgeois de Chaumercenne Claude Oudille (834 liv.) ou le sieur Piercey(324 liv.), ou leur cousin Daniel Courboillet (447 liv.) ou bien évidemment du sieur Richard de Besançon, il n’est pas mentionné seigneur de Chaumercenne, avec ses 1953 liv. de revenus...
Pourtant ces deux frères vont être les plus importants acquéreurs de biens nationaux.
Lorsque l’Assemblée Nationale décrète la saisie des biens des nobles émigrés, au profit de la Nation, Chaumercenne est en première ligne. Pierre François Marie Richard marquis de Villersvaudey seigneur de Chaumercenne a quitté la France et s’est réfugié en Suisse à Soleure puis à Constance, enfin à Frankfeld. Ses biens sont vendus le 4 vendémiaire an 3 (25 septembre 1794),
63 lots sont constitués dont le château, et offerts à la vente aux enchères publiques, il a encore une autre maison, 188 journaux de terres ( 63 ha) et 142 ouvrées de vignes (5 ha).
Claude Pierre Courboillet achètera 4 lots dont le château pour un montant de 23.250 liv., son frère Pierre Courboillet 3 pour une somme de 6.850 liv.
Pour indication le total des biens vendus appartenant à l’ex-seigneur de Chaumercenne rapportera à la Nation la somme de 115.625 liv. dont plus du quart pour les deux frères Courboillet…
Pour tous ces frères Courboillet la vente des biens nationaux aura été une aubaine pour leur trésorerie, ils se seront bien enrichi, plus de terres et plus de vignes et plus de revenus malgé le plus de travail.
Dans le rôle établi le 12 brumaire an 7 (2 novembre 1798), Antoine Courboillet déclare 314 liv. de revenus, Pierre Courboillet 250 liv et le cadet Claude Pierre Courboillet 347 liv., en hausse pour Claude Pierre de plus de 150 %...Et vive la Révolution !
Claude Pierre Courboillet va nous intéresser maintenant pour deux de ses petit-fils. Mais il faut évoquer Jeanne Marie Chaiget.
Et Jeanne Marie Chaiget ?
Evoquons la descendance de Claude Pierre Courboillet et de Jeanne Pierre Guyotte sa femme de Sauvigney.
Deux de ses petits-fils Pierre Auguste Courboillet fils de Jean Antoine Courboillet et son cousin Pierre Augustin Courboillet fils de Jean Baptiste Courboillet frère de Jean Antoine, vont avoir une alliance particulière.
-Pierre Auguste né en 1823 va épouser Jeanne Marie Chaiget de Montmirey la Ville dont ils n’auront que 3 enfants : Claude Maxime, Marie Joséphine et Jean Baptiste Auguste, car Pierre Auguste Courboillet décède en 1851 à l’âge de 28 ans.
- Pierre Augustin Courboillet le cousin épouse quant à lui Thérèse Petit dont il n’a que 2 enfants Jean Baptiste Isidore et Charles Augustin, car Thérèse Petit décède en 1859 âgée de 32 ans.
Pierre Augustin Courboillet va dond se remarie et épouse devinez qui ? Hé bien … Jeanne Marie Chaiget sa cousine par alliance dont il aura 4 enfants : Marie Thérèse, Antoine Maurice, Charles Louis et Marie Louise Courboillet.
Ainsi Jeanne Marie Chaiget sera mère de 9 enfants Courboillet, à l’origine de nombreuses familles de Chaumercenne dans les années 1950.
Chacun de ses 6 fils sera affublé d’un surnom pour pouvoir les reconnaître parmi tous ces Courboillet de Chaumercenne : le Marquis, Python, le Carabinier, l’Ami, Lavosse et le Préfet…
Quand j’ai établi l’arbre généalogique des Courboillet en l’an 1986, il me fut difficile de retrouver leurs prénoms que ne connaissaient plus les vieux du village... S’ils savaient où ils habitaient dans Chaumercenne, ils avaient oublié que ces Courboillet avaient un prénom…
Aujourd’hui, il n’y a plus de résidents Courboillet à Chaumercenne.